Le Parti de gauche a progressé de manière significative, atteignant 8,8 % des voix au scrutin de liste (+3,9) et 7,9% au scrutin de circonscriptions (+3).

Die Linke remporte six mandats directs : quatre à Berlin, un à Erfurt et un à Leipzig. Un résultat plus qu'honorable, vu que le parti était depuis longtemps considéré dans les sondages comme étant bien en dessous de la barre des 5 %.

Le Parti de gauche, qui était déclaré mort pendant presque toute l’année 2024, tournait autour de 3 % dans les sondages. "La gauche est vivante", a déclaré le coprésident Jan van Aken dans son discours de victoire. "Et Friedrich Merz peut se préparer", le chef de file de la CDU avait déclaré la veille au soir la fin de la politique de Die Linke.

Gregor Gysi, dirigeant historique du PDS (successeur du Parti socialiste unifié d'Allemagne), et fondateur de Die Linke est réélu à Treptow-Köpenick (41,8%), la nouvelle cheffe du parti, Ines Schwerdtner, remporte la circonscription de Lichtenberg (34%). Pascal Meiser et Ferat Koçak ont ​​également remporté une victoire dans les circonscriptions respectives de Friedrichshain-Kreuzberg (34,7%) et de Neukölln (30%). D'autres candidats du Parti de gauche ont raté de peu la victoire, comme l'infirmière Stella Merendino dans Berlin-Mitte (24%).

L'ancien ministre-président de Thuringe, Bodo Ramelow, remporte l'importante circonscription 192 (Erfurt – Weimar – Weimarer Land II) avec 36,8% des voix. Sören Pellmann est réélu dans sa circonscription de Leipzig II avec 36,8%.

Mais une campagne dynamique, politiquement orienté sur des valeurs de gauche, permet à l'ancien Parti Socialiste Unifié d'Allemagne (SED) de réaliser un score en forte progression et prendre la tête du scrutin à Berlin, et regagne sa position historique à Berlin-Est.

Die Linke s'est imposé sur Berlin avec 21,8% des voix (+7,6), un résultat historique. Die Linke devance la CDU (21,3 %), Les Grünen (17,4 %), le SPD (16,8 %) et l'AfD (15,2 %).

Die Linke s'impose dans les districts de Berlin-Mitte (27,1%), Berlin-Pankow (21,8%), Berlin-Neukölln (25,3%), Berlin-Friedrichshain-Kreuzberg – Prenzlauer Berg Ost (31,7%), Berlin-Treptow-Köpenick (21,7%) et Berlin-Lichtenberg (23,5%).

Dans l'ancienne RDA, Die Linke regagne des forces sans pour autant réussir à regagner les positions perdues. Ainsi, Die Linke prend la troisième place en Saxe (11,3%), en Thuringe (15,2%), en Mecklenburg-Vorpommern (14,2%) et la quatrième place dans les Lands de Saxe-Anhalt (10,8%), et du Brandenburg (10,7%).

Die Linke réalise des scores à deux chiffres à Brême (14,8%) et Hambourg (14,4%). Sans surprise, c'est en Bavière que Die Linke réalise son plus mauvais score (5,7%).

Parler de la vie des gens, se démarquer des débats sur l'immigration

Cette percée massive repose sur l'utilisation habile des réseaux sociaux qui ont certainement eu un impact sur le résultat des élections, en particulier parmi les jeunes. Mais utiliser cela comme seule explication du succès électoral de la gauche serait une simplification grossière.

Ces résultats s'expliquent par les choix idéologiques du SPD et des Verts sur les questions sociales. De nombreux électeurs ne voient plus le SPD et les Verts comme une alternative de gauche crédible à Merz et la CDU.

Ces résultats s'expliquent par les choix idéologiques de Die Linke, qui a mis l’accent mis sur la politique des loyers et des prix, qui s'inspire du KPÖ autrichien. Alors que les autres partis du centre ne parlaient que de l'immigration, cette stratégie s’est avérée particulièrement fructueuse. La gauche a ainsi pu se profiler comme le seul parti qui se soucie des questions que beaucoup de gens considèrent simplement comme les préoccupations les plus importantes dans leur vie.

La campagne électorale sur les loyers a été soutenue matériellement par des outils numériques spécifiquement développés par le Parti de gauche. Avec le site Internet mietwucher.app, les locataires de Berlin, Dortmund, Erfurt, Fribourg, Hambourg, Hanovre, Leipzig et Munich peuvent agir contre les prix de loyer excessifs. Le contrôle des frais de chauffage, où les locataires peuvent télécharger leurs factures de chauffage et les faire vérifier automatiquement pour détecter d'éventuelles erreurs de facturation, a conduit à l'organisation de réunions de locataires pour des immeubles entiers à Berlin afin d'agir ensemble contre les prix excessifs. Aux yeux de beaucoup, le Parti de gauche semble avoir réussi à regagner son image de parti solidaire.

Depuis le début de l'année, le Parti de gauche a gagné 28.000 nouveaux membres, grâce à une base active, formée à la communication militante et au battage médiatique autour du Tiktok d'Heidi Reichinnek, ainsi qu'au travail globalement considérablement amélioré du parti sur les réseaux sociaux. Soutenir la gauche est soudainement redevenu à la mode chez les jeunes. Ces dernières semaines, ils étaient présents en masse lors des événements de la campagne électorale.

Des campagnes de porte-à-porte massives ont été menées dans de nombreux endroits. Die Linke estime que 100.000 conversations de porte-à-porte ont été menées avant la campagne et 550 000 portes frappées à travers l'Allemagne durant la campagne. Dans certaines circonscriptions, les militants du Parti de gauche ont frappé à plus d'une porte sur deux.

Grosse déception pour l'alliance Sahra Wagenknecht

Avec 4,972% des voix, le BSW ne sera pas présent au Bundestag.

Après avoir atteint un sommet suite à la fondation du parti, la cote de popularité du BSW a chuté de manière significative ces dernières semaines et a récemment fluctué entre quatre et six pour cent, avec une tendance à la baisse.

Lors des élections européennes de juin 2024, premier test après sa fondation, le BSW a d'emblée recueilli 6,2 % des voix. Le parti a obtenu des résultats impressionnants lors des élections régionales en Allemagne de l'Est : en Thuringe, le 1ᵉʳ septembre, il est devenu la troisième force la plus forte après la CDU et l'AfD avec 15,8 %. En Saxe, il a recueilli 11,8 % des voix le même jour et dans le Brandebourg, le 22 septembre, 13,5 %.

En Thuringe et dans le Brandebourg, le BSW fait désormais partie des gouvernements des Länder avec la CDU et le SPD d'une part et avec le SPD du ministre-président Dietmar Woidke à Potsdam d'autre part. Mais ce sont précisément les compromis sur la politique de paix auxquels le BSW a fait face à Brandebourg qui explique le déclin dans les sondages.

Le BSW paie le prix de son absence de position politique forte, du moins d'une ligne idéologique cohérente, et paie le prix de ses sorties polémiques de ces derniers jours. Le populisme de gauche, et les théories du complot portées par le BSW, auront eu raison du BSW.