1. Power 8 est inacceptable. Nous demandons le retrait.
Il est inacceptable de remettre en cause des emplois, des sites, des compétences avec en ‘plan de sauvetage’ d’Airbus qui n’apportera aucune solution aux problèmes posés. Il n’est pas acceptable que les actionnaires privés se dérobent de leur responsabilité au moment où il faut engager des moyens pour les investissements d’avenir après avoir tiré d’énormes dividendes de l’immense succès de l’A320. Il n’est pas acceptable que les Etats actionnaires de désaisissent depuis 2000 de leur responsabilité de gestionnaires au profit de ces mêmes actionnaires privés. La Constitution allemande est à prendre au sérieux : « Propriété oblige. Son usage doit contribuer en même temps au bien de la collectivité ».
Il doit être retiré parce qu’il n’apporte aucune solution aux problèmes posés qu’ils soient d’ordre financier ou d’ordre industriel. Si actionnaires et directions ont laissé se créer ces problèmes à travers une gestion privilégiant la rentabilité financière, les solutions ne peuvent venir aujourd’hui d’une pression accrue sur les salariés et d’une restructuration fragilisant l’entreprise, les sous-traitants et l’ensemble des salariés. Le plan Power 8, en cherchant par-dessus tout à satisfaire aux exigences de rentabilité des actionnaires, est une menace pour Airbus, pour l’aéronautique européenne.
Il doit être rejeté d’autant que les carnets de commandes du groupe assurent aujourd’hui 7 années de travail pour tous, le recours aux heures supplémentaires est courant, les besoins mondiaux en avions croissent de façon significative, les défis technologiques et écologiques à relever sont majeurs et demandent des investissements en faveur d’un nouveau type de développement.
2. Nous nous prononçons pour la démocratie économique, pour une responsabilité publique, pour une solution européenne
Il faudra réorganiser, à partir d’un projet industriel et non financier, d’une logique d’efficacité sociale et d’intérêt général la gestion d’Airbus et d’EADS selon les critères : maîtrise publique, démocratie économique, engagement des instances européennes Les Etats doivent prendre leur responsabilité. Les actionnaires ayant bénéficié des excellents résultats de ces dernières années sont à mettre à contribution. De nouveaux droits et pouvoirs d’interventions conséquents sont à accorder aux salariés de toute la chaîne
Nous demandons aux Etats concernés de cesser de plaider l’impuissance. Il faut mettre au cœur des solutions, avec le financement, la question d’une maîtrise publique dans un domaine aussi important que l’aéronautique. Une remontée en charge importante du poids du public doit être opérée, sous des formes diversifiées (Etats, organismes financiers publics…) pour aller vers une entité publique européenne dont le but est le développement de l’emploi, la pérennité des différents sites, le développement de l’outil industriel, la recherche de solutions nouvelles en matière de développement.
L’Europe doit s’engager vigoureusement en faveur d’Airbus. Ce projet européen de l’aéronautique connaissant un grand succès doit pouvoir être financé par des prêts à très faibles taux de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour favoriser l’emploi, la formation, la recherche-développement. Pour cela la BEI doit pouvoir compter sur l’appui de la Banque centrale européenne, qui doit servir à cela au lieu de favoriser la finance et la spéculation.
Dans l’immédiat, la BCE doit s’impliquer en faveur de cette entreprise symbole pour une Europe de coopération, elle peut créer de la monnaie pour financer, sans dépendance des marchés financiers, ce type de grandes réalisations européennes. Une partie des intérêts des crédits nécessaires peuvent être prises en charge par des acteurs publics, en contrepartie d’engagements chiffrés d’emplois et de formations et de pouvoirs de contrôle par les salariés et les élus.
Cette option ne correspond pas, en effet, aux règles actuelles ni du marché européen, ni de l’OMC : c’est la preuve que les deux doivent être transformés.
3. Notre soutien à la lutte, notre contribution au débat sur les solutions
Nous soutenons dans nos pays, localement, à l’échelle européenne les luttes des salariés, de leurs syndicats. Nous soutenons la journée d’action européenne du 16 mars. Nous mettons nos propositions en débat, dans les institutions, dans la cité, parmi les salariés pour contribuer à la nécessaire discussion publique sur les enjeux et les alternatives.
Nous sommes convaincus qu’une nouvelle fois, un projet européen néolibéral, POWER 8, peut être mis en échec.