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Actualités et informations

Témoignages bouleversants sur les conditions de travail Les 400 sidérurgistes grecs en grève s’apprêtent à passer les fêtes de fin d’année à l’usine. Ils ont arrêté le travail le 1er novembre. Ils protestent contre leur patron qui a déjà licencié 50 d’entre eux et qui veut imposer une réduction du temps de travail à 5h par jour, pour un salaire de 500 euros. Ils racontent leur travail à l’usine aux reporters de Rizospastis, le quotidien du Parti communiste de Grèce - Cécile Chams


Aciéries grecques : « Nous n’irons pas à la mort pour une bouchée de pain ! »
« Nous vivons avec le feu. Nous jouons avec le feu. Nous portons le feu. Jamais nous ne tournons le dos au feu, parce qu’il peut nous brûler. » Quand on demande aux ouvriers des « Aciéries grecques » (Elliniki Halivourgia) d’Aspropyrgos, près d’Athènes, de parler de leur travail, c’est le mot « feu » qui revient le plus souvent. Ils luttent pour ne pas y retourner pour une bouchée de pain. « Nous n’irons pas à la mort pour 500 euros », disent-ils. Quand ils parlent entre eux de l’aciérie, ils l’appellent la « mort ». Avec la force de leurs mains, ils ont rapporté 227 millions d’euros à la société en 2010. Cette année, ils ont produit 266 000 tonnes d’acier jusqu’au déclenchement de la grève.

Au pont roulant…

Panagiotis Papanikolaou fait partie des travailleurs les plus âgés, avec vingt-huit ans dans l’usine. Il est opérateur de la grue qui apporte la mitraille vers le four. C’est le premier qui a rapporté l’accident survenu le 20 juillet 2010, quand la barre de soutènement s’est abaissée et qu’il s’est vu dans la cabine du pont roulant, suspendu dans le vide. « La concentration, c’est ça qui m’a sauvé », dit-il. Nous lui demandons en quoi consiste son travail. « Je vais chaque jour dans la cabine à une hauteur de 30 mètres. La température là-haut est de 70 degrés. Si la climatisation de la cabine lâche, je fonds littéralement. Je transporte 50 tonnes de fer dans un panier, soit 600 tonnes par shift. Je n’ai pas droit à l’erreur, car les ouvriers sont en dessous. Quand la grue mobile s’est effondrée l’an dernier, j’ai vu comme une bête tomber d’une hauteur de 30 mètres. » Dix jours après l’accident, explique-t-il, il est retourné au travail malgré qu’il ait demandé pour des raisons psychologiques de changer de poste. « J’ai accepté, parce que je savais que ce serait alors mon fils qui devrait travailler à l’aciérie et je ne voulais en aucun cas qu’il aille à la “mort”. Aujourd’hui, leur remerciement, ce sera quand mon fils aura 50 ans. Ils ne m’accordent pas la pension, parce que je suis un ancien et que cela leur coûterait trop cher », dit-il, désabusé. Résultat : Panagiotis continue à travailler à 58 ans, pour un salaire de 1 600 euros. Ce qui voudrait dire que si les plans du patron, Manesis passaient [réduction du temps de travail à cinq heures par jour avec réduction de salaire], il perdrait 60 % de son salaire, parce qu’il travaille actuellement en pause, y compris les samedis et les nuits. « Pour 500 ou 600 euros, je ne remonterai pas dans la grue, comme je l’ai fait tant de fois. Ce serait inconscient ! »

Avec les mains dans le feu

Stavros Floros travaille depuis près de vingt ans à l’aciérie, à divers postes et en pauses, ce qui veut dire qu’il a tout fait dans l’usine. « Nous veillons à corriger toute erreur pour éviter de mettre nos mains dans le feu. Parce quand la poche avec l’acier en fusion ne s’ouvre pas ou lorsqu’il faut arrêter la coulée, nous affrontons littéralement le feu. Nous prenons littéralement le feu avec nos mains. Lorsque la ferraille est jetée dans le four, le feu est ravivé et il y a des explosions très dangereuses. » Il tente d’expliquer comment cela se passe : « C’est comme si vous allez dans un canon en feu en y mettant dedans vos mains et votre tête. Nous sommes donc brûlés tous les jours au visage et aux mains et je dois souvent sortir des ouvriers qui s’évanouissent. » Stavros Floros doit se battre avec le feu pour un salaire de 1 600 euros, sans être sûr, comme il le dit, qu’il pourra rentrer à la maison, dans sa famille. « Les trois dernières années surtout, la situation a tellement empiré que nous devons réellement risquer nos vies pour notre salaire. »

Fotis Christakos est électricien à l’aciérie, il a la bonne cinquantaine. Son travail depuis sept ans va de la relance du four jusqu’au changement d’une ampoule à l’intérieur de l’usine ou de l’aciérie. « Je travaille sous les températures élevées de l’aciérie. Quand, par exemple, la climatisation de la cabine du pont roulant est cassée, je dois monter les trente mètres pour la réparer. La fonderie est alors en activité et les températures sont très élevées, jusqu’à plus de 100 degrés. Là, tu vois le feu qui passe devant tes yeux et qui va te passer dessus. » Il se souvient de l’accident il y a un an avec l’effondrement de la grue et le renversement de l’entonnoir avec l’acier en fusion : « C’était un malheur, nous avons vu des ouvriers brûlés courir et les directeurs qui criaient et nous demandaient d’aller préserver le four (donc d’aller à l’intérieur de la fonderie) en le commandant manuellement, car l’électricité était coupée, de peur que le four ne soit endommagé. Ils ne se souciaient que des machines mais pas de sauver les gens. » Lorsque nous lui demandons son salaire, il rit : « Seulement 1 050 euros. »

Manolis Makris travaille à la coulée depuis maintenant cinq ans, pour un salaire de… 1 000 euros. « Je vérifie le débit du dispositif de coulée afin qu’il n’y ait pas de dégâts. Nous avons au-dessus de nous l’entonnoir avec le métal en fusion qui se déverse dans un baquet par quatre trous à partir desquels il ressort et ça recommence ainsi. Le métal chaud en fusion se répand partout. Nous devons alors aller dans le feu si nécessaire, pour arrêter une coulée ou pour empêcher des fuites et cela même avec nos mains afin de préserver la production. Des dizaines se sont brûlé les doigts ou ont suffoqué dans la fumée. »

Avec des tonnes d’acier au-dessus de leurs têtes

Thanasis Drapaniotis travaille depuis six ans à la chaîne de production, à la gestion des machines qui transportent l’acier qui sera laminé. Et cela pour 1 000 euros. « Là, cela n’a rien à voir avec le feu, mais avec du métal très dur. Pour travailler, nous utilisons des grues sur des rails roulants. Cela signifie que la grue doit être en bon état et le conducteur très prudent. La grue est accrochée à des rails tortueux et parfois il y a des chutes soudaines de vis et de barres alors que nous travaillons en dessous. La seule chose que prévoient nos patrons, c’est le port du casque, mais que faire quand des tonnes d’acier tombent de là-haut. J’insiste, je parle de la grue et de la nécessité qu’elle soit en bon état. Imaginez qu’elle est défectueuse et ce sont des tonnes d’acier qui nous tombent sur la tête. Cela m’est arrivé une fois, quand le conducteur a vu une barre d’acier énorme qui me tombait dessus. Moi je n’avais rien vu, heureusement il a crié à temps. Pour tout cela, pour gagner de quoi remplir notre assiette, nous sommes depuis 43 jours dans la rue. »

Nous terminons cette conversation en mentionnant la loi inviolable non écrite de l’acier, que tout le monde doit respecter s’il veut pouvoir rentrer à la maison : « Quand l’acier en fusion passe en face de toi, il ne faut jamais lui tourner le dos. Car on ne sait jamais ce qu’il va faire et ce qui va se passer. »

Source : Rizospastis, 11 décembre 2011.

Solidarité des communistes de 58 pays

Herwig Lerouge représentait le PTB lors de la rencontre communiste internationale à Athènes du 9 au 11 décembre. Des représentants de partis communistes et ouvriers de 58 pays du monde étaient présents. Ceux-ci ont visité les sidérurgistes en grève. Au nom des communistes d’Europe, Herwig Lerouge a pris la parole.

« J'ai eu l'honneur de témoigner de notre solidarité envers les sidérurgistes en grève depuis plus de six semaines. Je leur ai aussi parlé du combat des sidérurgistes de Liège, de la manifestation du 7 décembre à Liège et de la nécessité de l'unité du monde du travail face à des patrons comme Mittal, présent en Belgique, France, Allemagne, Afrique du Sud, Algérie, Inde et dans de nombreux autres pays.

Les travailleurs grecs ne perçoivent aucune indemnité de grève. Ils vivent de la solidarité, qui est immense. Nous avons vu, par exemple, le Père Noël distribuer des jouets et des friandises aux enfants des grévistes. Des fruits et des légumes ont été apportés par des travailleurs solidaires. Pourtant eux-mêmes subissent des pertes de salaires de 20 à 30 % depuis deux ans. S'ils ont encore la chance d'avoir du boulot.

Les sidérurgistes étaient particulièrement reconnaissants envers les délégations syndicales de Mittal Liège qui leur ont envoyé un message de solidarité au-delà des frontières. »

Votre soutien aux sidérurgistes est le bienvenu !

Les sidérurgistes grecs et leurs familles ne perçoivent aucune indemnité de grève. Ils tiennent le coup grâce à la solidarité nationale et internationale.

Vous pouvez leur verser directement votre soutien.
Référence de leur compte :
IBAN : GR 40 0110 2000 0000 2006 2330 152
Code BIC : ETHNGRAA

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