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Lundi 23 Février 2015
Cette année se tient 22ème congrès du Parti Communiste d'Inde (CPI) les 25-29 mars à Pondichéry et le 21ème congrès du Parti Communiste d'Inde Marxiste (CPIM) du 14 au 19 avril à Visakhapatnam (Andhra Pradesh). Face à des résultats électoraux guère réjouissant les communistes indiens auront de nombreuses questions à se poser, notamment celle de l'avenir du mouvement communiste en Inde
Quelle est la place des partis communistes dans la première démocratie du monde ? Quelle originalité apportent-ils dans une société indienne à la fois moderne et archaïque ? Comment se comporte les partis communistes face aux enjeux économique et sociaux en Inde ? Comment réagissent les partis communistes entre les deux géants que sont l'indian Congress et le BJP ? La place des dalits et des adivasis dans la réflexion communiste et dans le soutien aux communistes ? Quel est l'avenir pour le mouvement communiste en Inde ?
Voilà le genre de questions que se posent les communistes indiens dans le cadre de leurs congrès. Pour tenter de comprendre le "modèle communiste indien" il faut analyser les partis qui représentent le communisme : le CPI et le CPIM. Pour commencer, nous étudierons les postions du CPIM puisque ces textes de congrès sont disponibles sur internet (et en anglais). Disparition du mouvement communiste ? Lors des dernières élections générales (mai 2014) les partis communistes (qui se rassemblent dans le Left front) subissaient une sévère défaite électorale. Le Parti communiste (CPIM) recueillait 17.986.772 voix dans les circonscriptions ou il se présentait (98), soit 3,3% des suffrages. Il perd plus de 5 millions de voix par rapport à 2009 (5,33%).
D'un point de vu national le Left front remportait ses meilleurs score en 2004 avec 7,7% des voix (et plus de 30 millions de suffrages) et 59 députés, le CPIM est le principal parti de cette coalition avec 5,7% des voix et 22 millions de suffrages. Le CPIM remportait entre 2004 et 2009 des soutiens électoraux renforcés autour de 22 millions de voix.
Il faut analyser le déclin des communistes au travers de plusieurs aspects : Le premier est le système électoral profondément injuste et favorable aux partis nationaux (INC et BJP). Les élections se tiennent au scrutin uninominal majoritaire à un tour : les députés sont élus par circonscriptions, à raison d'un député par circonscription. Dans chacune d'entre elles, le candidat ayant rassemblé le plus grand nombre de voix, quel que soit son score, est déclaré élu. Le bastion du Bengale-occidental est attaqué par le Trinamool Congress (allié au nationalistes du BJP), si bien que des millions de voix ont été récupéré par le TMC (39,3% des voix) au détriment des communistes (22,7% pour le CPIM). Au Kerala, autre bastion du communisme, c'est l'Indian Congress qui mène la lutte contre les communistes, cependant la résistance du CPIM et du left democratic front est bien meilleurs à celle du Bengale-occidental. Dans le reste du pays, le CPIM se retrouve en concurrence avec des partis régionaux comme l'AIADMK au Tamil Nadu, le Biju Janata Dal en Odisha, ou en concurrence avec des partis dalits (intouchables) comme le Samajwadi Party (implanté en Uttar Pradesh). Classes contre castes ? Les partis communistes connaissent de vrais difficultés à s'adresser aux indiens issues généralement des basses castes (Other backwar castes ou OBC) ou des castes intermédiaires (kshatriya). Ce déficit est renforcé par le fait que le système électoral indien réserve 84 circonscriptions à des candidats dalits (intouchables) issues des « castes répertoriées » (Scheduled castes) et 42 à des candidats issues des « tribus répertoriées » (Scheduled tribes, Adivasis/Aborigènes). L'influence de Bhimrao Ramji Ambedkar, principal rédacteur de la constitution de l'Inde, un leader des intouchables, donne de nouvelles aspirations aux partis dalits et adivasis pour abolir le système des castes. Les communistes doivent donc se poser des questions sur la manière de renouer avec les basses castes du pays et d'adapter l'idéologie marxiste-léniniste aux réalités de l'Inde. Si au Tripura, le "Ganamukti Parishad" (front de lutte pour les droits des tribus qui rassemble 70.000 personnes) permet au CPIM de contrôler l’État (64% des voix aux dernières élections), le CPIM rencontre des difficultés dans le reste du pays.
Les scores électoraux du CPIM
2014 : 17.986.772 voix, 3,3% 2009 : 22.219.111 voix, 5,33% 2004 : 22.061.677 voix, 5,7% 1999 : 19.695.767 voix, 5,4% 1998 : 18.991.867 voix, 5,4% 1996 : 20.496.810 voix, 6,12% 1991 : 16.954.797 voix, 6,14% 1989 : 19.691.309 voix, 6,55% 1984 : 13.809.950 voix, 5,87% 1980 : 12.352.331 voix, 6,24% 1977 : 8.113.659 voix 4,29% 1971 : 5,13% 1967 : 4,28% (premières élections après la scission CPI/CPIM) Les effectifs du CPIM 2013 : 1.065.406 adhérents 2011 : 1.044.833 adhérents 2009 : 1.042.287 adhérents 2004 : 867.763 adhérents 2003 : 843.896 adhérents 2002 : 835.239 adhérents 2001 : 796. 073 adhérents 1964 : 118.683 adhérents Pour ce 21ème congrès, le CPIM veut définir une ligne tactique qui doit répondre à plusieurs enjeux : 1- Revoir l'organisation du parti, son fonctionnement, et des "organisations de masses". L'objectif étant de re-dynamiser les structures du parti. 2- Réexaminer la ligne électorale (Political-Tactical Line) du Comité central du CPIM. 3- Examen critique de la ligne électorale et de son échec à rassembler les indiens, là ou les partis régionaux et de castes progressent. Revoir et analyser toute la ligne du CPIM depuis 1990 (13ème congrès). Comment établir une Révolution démocratique et populaire ? Comment dynamiser un rassemblement autour d'un Front gauche et démocratique.
Le rôle défini, dans les textes, de ce Front gauche et démocratique vise plusieurs objectifs :
- Lutter contre les politiques anti-populaires et construction d'une résistance unie aux politiques néo-libérales - Lutter contre les forces nationalistes et non-laïques (BJP) - Lutter contre le séparatisme, le chauvinisme régional et la pénétration impérialiste - Mettre à bas l'oppression sociale contre les femmes, les dalits et les adivasis Cependant le CPIM souligne les limites du Front gauche et démocratique, malgré l'unité permanente de 4 partis de gauche (CPI, CPIM, RSP, AIFB), il y a une véritable incapacité à faire progresser ce front dans le pays, notamment du fait des forces réactionnaires et féodales qui s'imposent toujours dans certaines régions et d'une certaine faiblesse des forces politiques qui composent ce front. Depuis la mise en place des Fronts de gauche, le CPIM essaye de faire monter dans le pays un 3ème pôle politique qui s'opposerait à la fois à l'Indian Congress et aux nationalistes du BJP. Or cet objectif a échoué puisque le CPIM ne progresse pas électoralement dans le pays même si les adhésions progressent d'année en année. Au niveau de l'adhésion. Lors du 14ème congrès, le CPIM revendiquait 580.000 adhérents, lors du 20ème congrès ses effectifs dépassent les 1.045.000 adhérents. Lors du 14ème congrès 28.8000.000 de personnes étaient adhérentes à une organisation de masse du CPIM (syndicat, jeunesse...) et lors du 20ème congrès se sont 61.000.0000 personnes qui sont adhérentes à une organisation de masse du CPIM. Mais cette augmentation est principalement concentrée dans trois États : le Bengale, le Kerala et le Tripura, ils représentent 73% des effectifs du CPIM (et 76% pour les organisations de masse). Dans les deux autres bastions du CPIM, le Tamil Nadu et l'Andhra Pradesh on constate une stagnation du développement du parti qui correspond aussi à une érosion électorale de ce dernier. La croissance des effectifs fut inégale dans les états, se sont les bastions qui ont bénéficié d'un afflux de soutiens cachant une réalité inquiétante : un affaiblissement dans certaines régions où le CPIM est faible et une érosion au Bengale
Dans les résolutions que propose le Comité central du CPIM on peut noter plusieurs qui découlent de la révision de la ligne électorale du CPIM. Il y a une volonté de prendre en compte les facteurs qui font que les communistes ne s'implantent pas dans les castes intouchables (dalits) et chez les adivasis (tribus).
Cette ambition se retrouve dans certaines dispositions : 1- Mobiliser le CPIM dans sa lutte pour la classe ouvrière et paysanne. 2- Renforcer l'unité de la gauche indienne au sein d'une plate-forme démocratique de gauche. 3- Lutter contre les inégalités sociales et salariales dans un pays marqué par des inégalités salariales très importantes. 4- Défendre les ouvriers face au libéralisme et au renforcement des inégalités régionales et productives. 5- Abattre la corruption au sein des services publics et de l'administration 6- Promouvoir une démocratie "séculaire" (laïcité spécifique à l'Inde) pour s'opposer au "communalisme" (communautarisme ethnique, religieux et féodal). Cela passe par une mobilisation des forces "laïques" et "démocratiques", une éducation populaire et sociale renforcée et qui mobilise les intellectuels, et le renforcement des organisations de masse du CPIM. 7- La défense des droits des minorités et notamment des musulmans. 8- Une réforme électorale qui introduit une part de proportionnelle dans un système extrêmement inégalitaire. Sur les partis régionaux l'analyse du CPIM est cinglante, il s'agit ni plus ni moins que de partis représentant les intérêts des bourgeoisies locales et qui ne remettent pas en cause les politiques néolibérales de l'Indian Congress et du BJP. Ces partis régionaux établissent eux aussi des politiques de régressions sociales. La seule nouveauté venant de la création de l'AAP, un parti anti-corruption, qui se veut proche des hommes. Sur le problème des adivasis (tribus), le CPIM a souhaité séparer son organisation de masse rurale en deux branches : Une branche paysanne en tant que telle et une branche adivasis. Le but est de répondre concrètement aux problèmes spécifiques des populations aborigènes d'inde. Le Tripura étant en pointe dans ce domaine. Jusqu'au 20ème congrès du CPIM le problème des intouchables était secondaire dans l'analyse de la société indienne. Avec la montée des partis dalits le mouvement communiste se devait d'actualiser la réflexion marxiste des classes et intégrer la problématique des castes. Le CPIM réaffirme que les castes créent de l'inégalité et qu'il faut les abolir. Mais pour mener cette lutte, le CPIM propose de créer, enfin, une plate forme organisationnelle spécifiquement dalit, avec des revendications tournées vers les dalits chrétiens et leurs promotions dans la société. Le reste du programme politique étant celui de la promotion d'une société indienne égalitaire, démocratique, laïque, pacifiée. |
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