Au Liban, la fête du travail a été célébrée, mardi 1er mai, dans un contexte de tension sociale grandissante.

Si cette fête n'a pas donné lieu à des rassemblements d'ampleur, les travailleurs libanais se proposent, par contre, de descendre dans les rues jeudi, dans le cadre d'une grève générale confirmée par le président de la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL), Ghassan Ghosn.

Les Libanais "flirtent avec la pauvreté en raison de la hausse des prix des biens de consommation, a declaré M. Ghosn. Leurs salaires sont rognés par l’augmentation des prix des carburants". Le leader syndicaliste a également accusé le gouvernement de négliger ses responsabilités sur le scandale des produits alimentaires avariés écoulés sur le marché.

"Les politiques injustes du gouvernement ont eu un impact sévère sur plusieurs secteurs, dont les secteurs industriel, agricole, financier et le secteur de l'immobilier", a-t-il poursuivi, dénonçant des politiques qui ont accru le chômage au Liban.

"Nous ne garderons plus le silence face à un gouvernement qui veut appauvrir le peuple, a mis en garde M. Ghosn. Cette année, la Journée du travail va au delà d'une simple célébration. Elle est l'occasion de se battre pour la dignité humaine et la justice sociale".

Parmi les principales revendications de la CGTL, figurent la possibilité d’importer de l’essence entre 87 et 90 octanes, la suppression des taxes sur le mazout et l’essence, le plafonnement des prix des carburants - dont le prix du bidon frôle toujours les 40.000 livres - l’utilisation des voitures au gaz et au mazout, et surtout l’exécution du plan global pour le transport.

Le Parti communiste libanais a, quant à lui, célébré le 1er mai en organisant une manifestation de la place Barbir vers la place Riad el-Solh, en face du Grand Sérail. Prenant la parole lors de ce rassemblement, le secrétaire général du parti, Khaled Hedadé, s'en est pris à la CGTL ainsi qu'au Premier ministre Nagib Mikati et à son prédécesseur Saad Hariri. Selon lui, seuls les travailleurs peuvent prendre leur destin en main et seul un soulèvement populaire démocratique mènerait au changement.

Le 1er mai a aussi été marqué par des discours et des promesses politiques. Le chef de l'Etat Michel Sleiman a ainsi appelé responsables et citoyens à unir leurs efforts pour faire avancer un pays dont l'intérêt doit être placé au-dessus de tout.

L'ancien Premier ministre Saad Hariri a de son côté appelé les Libanais à hausser le ton face au gouvernement. "Malheureusement, les travailleurs libanais célèbrent cette année (la fête du Travail) sur fond de hausse des prix, d'aliments avariés, de réduction du poids du paquet de pain, de manque de sécurité...", a relevé Saad Hariri dans un communiqué de presse. Appelant les travailleurs à "mettre un terme à cette farce", l'ancien Premier ministre a ajouté qu'"il n'y a rien de plus difficile que de travailler jour et nuit sans être capable de s'assurer une vie décente en présence d'un gouvernement opposé au pays et au travail."

Par ailleurs, soutenant les revendications des travailleurs, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï a appelé les responsables à assumer leurs responsabilités. Selon lui, "le Liban est dans une situation critique qui suppose des mesures radicales et responsables."