Le Maire de Martigues était en terrain conquis pour son deuxième meeting de la campagne des législatives. Dans la ville de Port-de-Bouc, "ce paradis terrestre", comme il l'avait qualifiée, où Jean-Luc Mélenchon a réalisé l'un de ses meilleurs scores nationaux (36,47%), le candidat du Front de Gauche sur la 13e circonscription a fait un rêve, sous forme de pronostic : "Pourquoi ne~pas espérer un score beaucoup plus important de notre candidature avec Patricia Fernande-Pédinielli, le 10 juin prochain" a-t-il lancé en ouverture de son discours. Quelques minutes plus tôt, le Député sortant Michel Vaxès n'avait pas employé le conditionnel mais le futur : "Gaby Charroux prendra ma place au Palais Bourbon".

Dans la salle Gagarine, pleine, le Martégal a rendu hommage à l'élu de Port-de-Bouc en prenant sa défense : "N'en déplaise à ceux qui essaient de dévaloriser son activité, Michel Vaxès a été notre porte-parole, dans un contexte national particulièrement difficile, dans un Groupe minoritaire qui a essayé de répondre à tous les coups et qui a, fait front jusque dans les dernières semaines pour s'opposer aux directives nuisibles européennes, comme le vote contre le mécanisme européen de stabilité. A ceux-là, les plus belles réponses étaient ses brillantes réélections", a-t-il déclaré avant d'appeler le public à faire une standing-ovation au Député communiste.

Patricia Fernandez-Pedinielli, la Maire de Port-de-Bouc et suppléante de Gaby Charroux a également eu droit à quelques minutes de gloire. Le temps d'un hommage appuyé prononcé par son voisin martégal : "Ton engagement, j'en suis persuadé, sera une pierre à l'édifice de ton parcours politique. Je te remercie et je sais que j'aurai encore l'occasion de le faire quand nous prendrons le train pour monter à Paris, à l'Assemblée Nationale".

Si Gaby Charroux décroche son billet d'entrée au Palais Bourbon, il a annoncé qu'il laisserait son siège de Conseiller Général à sa suppléante Isabelle Ehlé, et qu'il quitterait la Présidence de la Communauté d'Agglomération du Pays de Martigues (Capm).

Le candidat du Front de Gauche a ensuite longuement détaillé ses dossiers prioritaires. En évoquant le projet de prolongement de l'A55 ("qui doit contourner Port-de-Bouc comme il faut qu'elle contourne Martigues et Fos-sur-Mer", a-t-il bien précisé), il a appelé de ses voeux la mise en place d'une "politique du fer" de Marseille au Golfe de Fos pour diminuer les circulations routières et permettre le développement du Grand Port Maritime. "Tant que l'État ne s'engagera pas pour développer le fer et notamment le fret, les querelles de tracé (de l'A55) continueront d'alimenter les querelles de voisinages", a-t-il plaidé.

Après les transports, la santé. Regrettant de ne plus faire que de la "figuration" en tant que "Président d'un vague conseil de surveillance de l'Hôpital de Martigues", alors que le Maire en était, de droit, le Président du Conseil d'Administration, Gaby Charroux demande "l'abrogation totale" de la Loi HPST, dite Bachelot, responsable selon lui de "la casse de l'Hôpital public".

Le Maire de Martigues a conclu son intervention avec l'habit d'un candidat portant le programme national du Parti de Jean-Luc Mélenchon dont un extrait du grand meeting de La Bastille a été diffusé sur écran géant. "Nous avons cassé Nicolas Sarkozy, pas l'homme mais son Gouvernement et sa majorité à l'Assemblée Nationale qui ont installé un climat de tension, de division et racisme. Il faut demain une majorité de Gauche à l'Assemblée. Il faudra des députés qui portent ces valeurs et qui placent l'humain d'abord au cœur des décisions", a-t-il plaidé en listant les grandes lignes du programme du Front de Gauche comme le Smic à 1.700€, un grand Service Public de l'eau et de l'énergie, le référendum sur le nucléaire…

Le meeting s'est terminé en musique avec La Marseillaise, puis L'Internationale, et, enfin, la chanson "On lâche rien", qui est devenu l'hymne du Front de Gauche. A Port-de-Bouc, comme ailleurs.

Laurent Alexandre (La Provence, le 3 juin 2012)

"Je n'ai pas la mémoire courte, je ne change pas de positions"

A la fin de son discours, Gaby Charroux a répondu aux attaques personnelles dont il a fait l'objet au cours de la campagne. Sans jamais les nommer -une façon de se placer ati-dessus de la mêlée ?-, il s'est adressé à ses adversaires du camp de la Gauche. "Vous savez, malgré ce qu'on peut dire çà et là, je n'ai pas la mémoire courte. je ne change pas de positions", a-t-il déclaré en faisant référence aux propos qu'avait tenus René Raimondi, le candidat du Parti Socialiste, lors de son premier meeting, à Fos. Et le représentant du Front de Gauche de détailler lesdites positions, comme le fait d'être "resté opposé à la réforme des collectivités territoriales", d'être pour la "réinstauration d'un véritable impôt sur les grandes entreprises" ou encore "la création d'un pôle public de l'énergie". "Non, je ne change pas de positions, parce que je ne veux en rien renier mes valeurs, nos valeurs", a-t-il martelé.

"A celui, tout seul, qui me traite de chef de clan"

Avant de se lancer dans une tirade qui a provoqué un tonnerre d'applaudissements : "Je veux dire à ceux qui nous insultent que notre cible est le libéralisme, la droite et l'extrême Droite. A ceux qui scandent la France et les trois couleurs du drapeau à bout de slogans, à ceux-là mêmes qui disent choisir la France, je veux leur dire que la France est aussi notre France, cette belle et rebelle, celle qui tend la main, celle qui se mélange, celle dont nous sommes à la fois les enfants et les serviteurs", a-t-il déclamé. "Aussi à ceux, ou peut-être à celui tout seul, qui me traite de chef de clan, je veux dire que le clan, c'est vous, c'est nous, que le clan c'est le peuple de France". Attaque à peine voilée contre Paul Lombard.