Extrait de l'édito du Numéro 2: BORDEAUX: LE CHARME DISCRET DE LA LAÏCITÉ
S'il est constant que la France est la fille aînée de l’Église, je me demande si Bordeaux ne serait pas l'immaculée et discrète pucelle tapie dans les superbes cathédrale et les hôtels particuliers qu'offre Bordeaux à ses touristes.
    En tant que magazine qui promeut la laïcité, L'Altermag, en effet, n'est que toléré car ce qui prime, à Bordeaux, c'est l'œcuménisme, une espèce d'union sacrée de tous les chefs religieux protégés par notre maire, Alain Juppé, qui ne semble pas avoir compris que ce rassemblement de religieux de haut niveau qui refusent la participation des libres penseurs ou penseurs libres s'unissent dans le seul but de se protéger de la laïcité.
    Pourquoi tant de remous ? Il y a, dans le catholicisme surtout, une sorte de nostalgie de la monarchie de droit divin. Cela se vérifie dans le rituel : « Monseigneur, Le Seigneur, Notre Reine Marie, le Primat des Gaules, » etc.
    Chez les juifs et les musulmans, il y a la crainte de la stigmatisation et des violences qu'elle engendrerait. Quant aux protestants, qui ont essuyé la Saint-Barthélémy, ils se taisent : ils n'ont pas de Pape qui navigue entre son statut de chef d'Etat et de chef religieux pour gérer un énorme patrimoine dispersé aux quatre coins du  monde et qui essaie de nous  faire confondre visite d'Etat, visite officielle, visite religieuse, jonglant ainsi entre pouvoir spirituel et pouvoir politique.
    Pour revenir aux musulmans, victimes de stigmatisation et de délit de faciès, ne peut-on pas imaginer chez certains d'entre eux une sorte de nostalgie de retourner à un califat pour refuge ?  Les Juifs, nous le savons, vivent encore dans le cruel souvenir de la shoah, ce qui pousse certains d'entre eux à défendre bec et ongles l'Etat hébreu au sein duquel les orthodoxes ont des pouvoirs aussi incommensurables que difficiles à définir.
    C'est ainsi que la nostalgie d'une monarchie religieuse est présente dans les trois religions. Que peut faire la République pour que ce climat de défiance des religieux s'atténue?