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Dimanche 13 Avril 2008

Le carmel n’est pas seulement un centre aéré nîmois. Ses locaux
du chemin de l’Alouette abritent la dernière école de Plein Air en
France : une école publique et gratuite où les enfants malades ou
convalescents suivent l’enseignement primaire du CP au CM2.


Ecole des enfants malades
"La marche, la capacité de s'exprimer, d'évoquer, de poser des
questions : elle a tout perdu". Ce 20 juin 2001, Elise Larguier est
victime d’une meningo-encéphalite herpétique, une inflammation
aigue du tissu cérébral. Elle n’a alors que 4 ans.
Les séquelles obligent les parents à scolariser leur fille à
l'école de "Plein Air", au Carmel, dans le quartier du chemin des
Alouettes après avoir quitté l'école publique Marcel-Pagnol à
Bouillargues. Elle n’est pas déficiente mentale mais ne peut pas
faire ses devoirs ni lire, ni écrire toute seule.
L'école de « Plein Air » est "la seule institution de ce type qui
reste en France", précise Yannick Martin, l'infirmière de l'école.
Les autres écoles du même type ont fermé leurs portes les unes
après les autres car elles avaient été fondées pour les
tuberculeux. Elise, qui a aujourd'hui 11 ans, fréquente cette école
depuis trois ans.

"C'est la seule institution scolaire où il y a une infirmière à
plein temps et une cuisinière", précise Catherine Charavel-Gibert,
directrice de l'école.
Comme dans la plupart des écoles, les enfants prennent une collation
à 10h et un goûter à 16h30 préparés pour chaque enfant en
respectant les exigences médicales. Elise, qui est en CM1, fait
partie d'une des quatre classes de douze élèves, dirigées par une
maîtresse et une éducatrice (ATSEM- Agent territorial spécialisé d’école maternelle). L'éducation est personnalisée, chacun
des élèves bénéficiant d’un enseignement adapté à son niveau
et à ses besoins jusqu’au CM2. Les enfants sont tous malades physiques et la plupart seulement momentanément. Quelques uns suivent
le cursus complet. L’école, publique, est gratuite. Elle compte
quatre instituteurs spécialisés et quatre éducatrices.

L’école du Plein air ressemble à toutes les écoles si ce n’est que des différents
médecins spécialistes intervenant et une infirmière travaillent sur place et qu’une salle de repos est mise à disposition des enfants qui en ont besoin.
Elise est la seule enfant pour l’instant qui bénéfice d'un auxiliaire de vie
scolaire (AVS), une personne qui l'assiste durant douze heures pas semaine en
classe. "Le conseil Général de Gard nous a accordé aussi un taxi
pour ramener et récupérer notre fille et un autre enfant, précise avec gratitude la mère d'Elise. Tous les élèves bénéficient du ramassage scolaire assuré par la Ville
de Nîmes, et d'une surveillance spécialisée de la part de
l'infirmière. Des équipes de suivi de scolarisation réunissent régulièrement toutes les personnes qui travaillent autour de l’enfant)
Pour Catherine Larguier, l'inscription d’Elise dans cette école a
tout changé : "C'est un grand soulagement parce que je sais ma fille
en sécurité. En fait, c'est une école normale qui respecte les
programmes d'enseignement nationaux mais s'appuie sur une pédagogie
différenciée".

Pour Catherine Larguier, comme pour toutes les autres familles
nîmoises, cette école est souvent la fin d’une vie d’enfer.
Grâce à elle, les parents peuvent reprendre une vie plus normale.
"Et puis les enfants ne se regardent pas avec un regard différent et
ne se moquent pas, constate Véronique Parra, la mère de Julien, 11
ans, qui a quitté l'école de Plein Air en 2002 après y avoir passé
quatre ans alors qu’il souffrait notamment d’un bec de lièvre.
J'ai vu mon fils sourire enfin car on lui a redonné confiance. Avant
d'entrer dans cette école, il était scolarisé à Charles-Martel,
près de la rue de la République. Une école qui n’a pas réussi le
faire progresser ni à participer à sa guérison. Quatre ans passés
au Plein Air, c'était le bonheur pour nous et pour mon fils parce
qu'ils ont lui donné la chance de vivre, ainsi qu'à nous".
Et la chance aussi de ne pas décrocher dans le cursus scolaire. Ainsi
pour Maureen Cissé, 10 ans, inscrite dans cette école depuis
plusieurs années. Son arthrite chronique juvénile exclut la
fréquentation des écoles classique car tout contacte avec son corps
rend sa douleur plus aiguë. Le soulagement pour sa famille est
énorme car Maureen a besoin d'un suivi médical strict. "A Plein Air
elle trouve tout ce dont elle a besoin : infirmière, attention
individuelle, enseignement personnalisé et même ascenseur pour
monter et descendre de la cour à la salle de classe", dit son père
Abrahima Cissé. Le seul inconvénient de Plein Air, c’est que
l’enseignement s’arrête brutalement à la fin du primaire, mais le départ des élèves est longtemps préparé en concertation avec la famille. Les
parents doivent alors se tourner vers un collège privé, Samuel-
Vincent ou bien vers les instituts médico-éducatifs (IME) ou des
unités pédagogiques d’intégration. Mais les établissements sont
souvent spécialisés dans les déficients mentaux exclusivement. Ce
qui n’est pas le cas de Plein air. En outre, deux philosophies
s’affrontent: l’une défend l’idée de l’école spécialisée, l’autre de l’intégration dans une école classique.

"Les enfants se sentent vraiment mieux ici que dans une école
normale, estime pour sa part Catherine Charavel-Gibert, directrice de
l'école de Plein Air, parce qu'ils sont égaux et solidaires. Ils
éviteraient les sarcasmes des autres enfants. En outre "il y a une
énorme solidarité entre les enfants". Enfin "ils apprennent comment
prendre leurs médicaments et réagir dans des situations dangereuses
pour leur santé. Dans les écoles ordinaires, l'éducation est
généralisée, tandis qu'à Plein Air elle est personnalisée".
Un avis que ne partage pas Anne Bouzy, institutrice à l’hôpital de
Nîmes : "Les enfants se sentent mieux dans une école normale.
L'intégration, c'est un des buts de l'éducation. Les placer dans une
institution spécialisée soulignerait la différence et
"désintégrerait" les enfants, placés en position permanente de
patients.
Pour la mère de la petite Elise, l'école spécialisée donne la
possibilité aux enfants d'avancer dans l'éducation et dans la vie
petit à petit. Une école ordinaire va continuer à accroître la
différence et les difficultés". Intégrée ou spécialisée,
l’école possède en tout cas une vertu reconnue par tous : elle
raccourcit le chemin vers la guérison.






A l’hôpital, les enfants oublient leur maladie

Anne Bouzy, 44 ans, est enseignante, fonctionnaire, à mi-temps au
service "pédiatrie" de l’hôpital de CHU de Nîmes. Sa classe
compte en permanences quatre ou cinq élèves en moyenne. Ce groupe
scolaire est très hétérogène "parce qu’en cinq ans de travail
ici, je n'ai jamais eu la même classe. En même temps, il m'arrive
que j'enseigne aux enfants de 7, 9 et 12 ans en même temps". Cette
école est ouverte aux enfants qui restent plusieurs jours à
l’hôpital.
Certains séjournent quelques jours, d'autres restent plusieurs mois.
Tels sont les cas des infirmités oncogéniques (liées aux cancers)
ainsi que les maladies génétiques et cérébrales. Chaque enfant est
libre de participer ou non à la classe et peut rester dans sa chambre
s’il est trop fatigué : "Mais la plupart du temps, ils reviennent
et suivent les cours régulièrement", note stipule Anne Bouzy "parce
qu'ils oublient ainsi qu’ils sont des patients et deviennent de
nouveau des élèves ordinaires".
L'éducation est très personnalisée et, pour l'assurer, il faut
évaluer le niveau de chacun. Tout est fait pour rappeler une vraie
école : l'enseignante, la salle de classe, le tableau noir... Anne
n’assure pas seulement les cours, elle assure une coordination entre
l'enfant, la famille et le médecin traitant. Ainsi, le rituel de
l'institution scolaire se voit rétablit et remplace celui de
l'hôpital. L'école devient une partie intégrante de la thérapie
médicale. "Les enfants oublient véritablement la maladie et sortent
symboliquement d'elle. Cela fait partie de la guérison".






Repères


La première école de Plein Air (EPA) a été crée à Lyon, en 1907,
par le maire de la ville Edouard Herriot

Les EPA ont été crées pour soigner des enfants chétifs ou
prétuberculeux et pour les soigner par une cure de soleil et de
nourriture

La dernière EPA est celle de Nîmes

Le ramassage scolaire est assuré par la Ville de Nîmes

L’école de Plein Air fait l’objet d’un partenariat étroit avec la commune de Nîmes et l’inspection ASH.

La commission d'acceptation se réunit en juin. Accueil en urgence est aussi possible toute au long de l’année.
Le médecin scolaire,
le médecin du pôle santé de la ville de Nîmes, la directrice,
l'infirmière et l'enseignant référent font partie de la commission.
Elle est présidée par Claude Cannac, inspectrice ASH du département
du Gard

L’E.P.A. de la première génération est un internat destiné non pas à prévenir le mal mais à le guérir. Elle s’adresse à des enfants issus de milieux défavorisés dont la maladie n’a pas atteint un stade irréversible et n’est pas contagieuse
Ivan Ivanov
Rédigé par Ivan Ivanov le Dimanche 13 Avril 2008 à 21:59

Publications

Vendredi 16 Novembre 2007

Il n'était pas nécessaire de les chercher longtemps avec la traductrice Cristina Haiduc pour les trouver dans les rue de Nîmes. Devant la gare centrale ils nous découvrent leur histoire humaine car ils ont envie de parler et de nous faire comprendre ce que parler veut dire


Sabina et Maruis devant la gare de Nîmes
Sabina et Maruis devant la gare de Nîmes
Ils sont une petite vingtaine qui viennent de tous les coins de la Roumanie, la plupart d'Alba, un judet (département) de Roumanie en Transylvanie.
On les voit tous les jours faire la manche un peu partout aux grands carrefours de Nîmes ou dans les rues de l’Ecusson. Roumains, donc Européens, les Rroms peuvent légalement séjourner ici. Nous les avons rencontrés, moi et Cristina Haiduc, une amie roumaine qui a assuré la traduction.
Le plus âgé, Sibian, 41 ans, dont la sagesse lui a fait gagner la confiance de la minorité roumaine à Nîmes, est convaincu qu’un jour il ne devra plus faire la manche parce qu'il y aura de travail pour lui et tous les autres.
En Roumanie, il a travaillé longtemps dans le bâtiment mais la pauvreté l'a poussé à venir à Nîmes pour y chercher une meilleure vie, au moins un salaire sûr "parce que là-bas, dit Sibian, on n'est pas bien payés, souvent même pas du tout. Ici, les patrons ne nous embauchent pas parce qu'on ne parle pas français", explique Sibian.
Qui assure être néanmoins capable de créer les mêmes bâtiments qu'on retrouve à Nîmes et ailleurs. Malgré son allure de SDF, il connaît bien l'histoire et la géographie, il s'intéresse à la politique et à tout ce qui se passe en Europe et en Roumanie. Sibian aurait sûrement pu travailler ailleurs que dans le bâtiment mais en Roumanie les Rroms ne peuvent pas exercer n’importe quel métier car beaucoup sont réservés aux "vrais" Roumains.
Lutter contre cet a priori est l'enjeu de leur vie en Roumanie mais aussi dans l'Europe entière : souvent traités de "voleurs de poules", les Rroms sont laissés en marge de la société et doivent accepter les boulots les plus durs et les moins bien payés.
Ils viennent à Nîmes car cette ville est l’un des carrefours importants sud-européens et tout transport provenant de l'est du continent y passe inévitablement. Certais connaissent d'autres Rroms qui se sont installés ici et arrivent à survivre mieux qu’en Roumanie. Leur seul but est de trouver un travail pour pouvoir vivre comme tout le monde. Même si c’est une illusion.
A 19 ans, Marius est le plus jeune du groupe. Il n'a aucune expérience professionnelle mais il a quitté la Roumanie après la fin du lycée car il rêvait d’une autre vie. Il passe le plus clair de son temps devant la gare de Nîmes. Il connaît par cœur les trains partant et arrivant mais, dit-il, "le train que j’ai attrapé pour venir en France ne s'est jamais arrêté au bon endroit". Son seul désir est de pouvoir trouver un travail et "d'être bien, enfin comme tout le monde". Pour l'instant son rêve est loin d'être réalisé : il fait la manche tous les jours devant la gare et dort toujours dans la rue.
Téodor, 24 ans, est arrivé il y a quatre ans à Nîmes avec sa petite copine Adriana. Il fait souvent des aller-retours en Roumanie car son père est resté là-bas et "il a besoin de mon aide", confie Téodor avec un regard baissé. Avec son dernier argent bien caché dans sa poche il a acheté à Nîmes une vieille voiture qui reste depuis garée dans une petite rue.
Il a perdu son permis de conduire en arrivant à Nîmes et, dit-il, il a dormi dans les rues et sous les arches de la gare. Il aimerait avoir un nouveau permis et ramener la voiture en Roumanie chez son père. De tous les Roumains rencontrés, il est le seul des vingt-cinq qui a aujourd'hui un toit au-dessus de la tête : "Un vieux Marocain m'a hébergé, moi et ma copine, parce qu'il est très croyant et il veut aider tout le monde. Tous les matins avant sortir il retire de l'argent du distributeur à côté pour qu'on puisse manger tous les deux", souligne Téodor. C'est un bon début pour le couple mais il reste à faire le plus difficile : trouver du travail.
Parce qu’elle est la cousine de Téodor, Sabina l’a rejoint à Nîmes avec son beau-frère Angel qui n'a que 21 ans. Elle n'a pas pu être hébergé par le généreux Marocain mais elle ne se plaint pas : "Heureusement, les Nîmois sont généreux et ont toujours une petite pièce à me donner. Ça ne me dérange pas de dormir dans les rues, j'’y suis habituée. La différence avec ma cabane en Roumanie, c'est qu‘ici il fait chaud". C’est d’ailleurs pourquoi elle est venue dans le sud de la France. Ses cheveux sont soigneusement coiffés et avec son T. Shirt sur lequel on lit « Only girl », elle ne se distingue guère des autres adultes qui fréquentent les bars de Nîmes. Sauf qu'elle n'a jamais été dans un endroit pareil car en Roumanie l'accès dans les lieux de loisirs est interdit aux Rroms. Ici, on appelle ça "discrimination raciale" mais pour elle c'est un simple fait de la vie quotidienne. Dormir, mendier et manger sont ses seules activités mais Sabina se sent heureuse d’avoir retrouvé enfin sa liberté dans les rues de Nîmes.
Car contrairement à une idée répandue, les filles ne se prostituent pas. Sibian explique : "Il y a bien une quinzaine de prostituées roumaines à Nîmes. Mais elles ne dorment pas dans la rue. Nous, on est venu pour chercher du vrai travail". Et Sibian sait qu’il ne cherchera pas toute sa vie. Son vrai trésor se trouve dans sa sacoche : il a gardé un téléphone portable dont le forfait est épuisé. Il ne s’en sert plus que comme réveil et, surtout, comme répertoire : il y conserve précieusement tous les numéros des ces amis restés en Roumanie : "Je ne resterai pas à Nîmes pour toujours. Si je ne trouve pas de travail, je repartirai. J'ai un bon métier et je pense que je gâche ma vie". Quelques jours après ce reportage, Sibian nous a appelé de son portable : il venait de revenir en Roumanie.







Repères

- On en comptabilise de 7 à 10 millions de Rroms en Europe dont près 4 millions en Roumanie.


- Les Rroms, c’est le nom officiel donné par les Nations Unies aux romanichels, bohémiens et autres tsiganes, manouches, venus d’Europe de l’Est et, à l’origine, de l’Inde. Les gitans refusent d’être assimilés aux Rroms.





La manche, de l’aube au crépuscule

Mendier est l'activité principale des Rroms à Nîmes. Comme pour un travail classique, ils quittent leur "foyer" principal -la rue, les arches de la gare ou dans des squats du côté de la route d’Arles- tôt le matin et se rendent sur les places de travail. Les endroits fréquentés par les mendiants sont nombreux : les centres commerciaux, devant le parking des Arènes, à la gare mais aussi devant le théâtre, la cathédrale Notre-Dame et le musée du Vieux Nîmes car il y à plus de touristes et des visiteurs.
Chacun occupe une place précise et aucune rivalité n'est possible parce qu'il n'est pas accepté de quitter une place et de prendre la place de quelqu'un d'autre. Il n'existe pas non plus une hiérarchisation des rôles dans le groupe, ni une supériorité homme-femme : tout le monde doit travailler de la même manière.
Faire la manche du l'aube au crépuscule, est vécu comme une activité honteuse mais inévitable : "Les gens ont toujours de la petite monnaie pour nous donner mais souvent on part avec les mains vides", dit Adriana.
Les poubelles sont une autre source principale "d’enrichissement" : les Rroms y trouvent souvent des vestes, des chaussures et des objet utiles pour mener une vie presque normale.
Ils sont rarement sales, la plupart des hommes sont rasés, les femmes propres et souvent maquillées. Chacun possède une petite sacoche dans laquelle on peut trouver une pièce d'identité roumaine, quelques centimes gagnés pendant la journée et, plus rarement, des pièces de 1 ou 2 euros.
Mendier n’est pas punissable. Les policiers ne les dérangent jamais car les Rroms appartiennent à l'Union Européenne et ne sont pas expulsés.


Des SDF sans « couverture sociale »


La pauvreté en Roumanie les a fait se disperser après l'adhésion du pays à l'Union Européenne. Aujourd'hui, les Rroms parcourent toute l’Europe, surtout l’Italie, le sud de la France et l’Espagne. Ils préfèrent les endroits plus chauds où la chance de survivre dans la rue est plus forte.
La France les attire surtout pour son système social développé et unique : ils mangent gratuitement tous les jours à 21h à la gare de Nîmes et sont accueillis dans les centres d'hébergement.
Ils refusent néanmoins d’entrer dans les structures : "On ne refuse personne à l'Espélido, un centre d'hébergement d’urgence nîmois. Mais pour être pris en charge il faut se présenter sur place". Ce que les Rroms ne font pas. Aucune demande d'aide n'a pas été enregistrée dans les centres spécialisés d'alimentation, comme l’Adejo. Quand le SAMU Social de Nîmes leur a proposé son service d'hébergement pendant les vagues de froid, il ont toujours refusé. "Nous ne parlons pas français et donc on ne peut pas se comprendre avec les gens qui travaillent dans ces centres", justifie Sibian. Et puis, on a peur. Tous le monde nous pose des questions pour savoir d'où l’on vient, où on vit, où on va";
Il y a quelques mois, ils squattaient les arches de la gare, sous l'avant-dernière arche de la gare, mais après ils ont choisi un autre abri beaucoup plus calme sur la route vers Arles. Pour eux vivre en liberté, ce qui signifie dormir dans la rue, est primordial et toute intervention de l'extérieure est vécue comme hostile.



Ivan Ivanov
Rédigé par Ivan Ivanov le Vendredi 16 Novembre 2007 à 17:29

La France a rêvé de cette Union. Robert Schuman, ministre des affaires étrangères en 1950, a voulu ériger, en partant d'une Europe dévastée par la guerre et polarisée par l'histoire, une communauté unie et cohérente qui sera plus qu'une simple Communauté européenne du charbon et de l'acier. Et son rêve fut réalisé. Cinquante-cinq ans plus tard, Jacques Chirac n'a pas pu réaliser un autre rêve


La Constitution européenne et le bras de fer entre l'Union européenne et la Russie
Il est impossible de s'imaginer le futur de l'Europe sans l'Union Européenne, ni la paix durable sans le principe primordial de solidarité et de coopération entre États souverains et indépendants. Mais il faut continuer imaginer pour pouvoir esquisser les contours de cette Union dans un cadre contemporain du monde démocratique car sans une idée préliminaire de l'imaginaire, nulle finalité n'est possible. L'histoire de l'Europe est une histoire romantique qui a trouvé dans le désir mimétique des peuples le grain de la prospérité et de la cohésion humaine. Tout à fait comme dans le romantisme classique, le sentiment domine la raison, la passion remplace la pensée et le commun anéantit le personnel. Continuer à imaginer l'Europe aujourd'hui, c'est arrêter de penser au singulier et comprendre que le succès n'est pas donné, mais acquis et qu'il exige une continuité irrévocable.

La France a rêvé de cette Union. Robert Schuman, ministre des affaires étrangères en 1950, a voulu ériger, en partant d'une Europe dévastée par la guerre et polarisée par l'histoire, une communauté unie et cohérente qui sera plus qu'une simple Communauté européenne du charbon et de l'acier. Et son rêve fut réalisé. Cinquante-cinq ans plus tard, Jacques Chirac n'a pas pu réaliser un autre rêve - voir la Constitution européenne acceptée par les Français - malgré son attachement fidèle à la philosophie européenne. Il n'a pas réussi à expliquer aux Français que la Constitution commune n'est pas un document qui abolira la Constitution française et qui ne la remplacera pas. Elle ne porte ce nom que pour s'inscrire dans le cadre communautaire étymologique de la libre circulation, de l'espace sans frontières, de la monnaie unique, de l'intégration des citoyens dans la politique commune et de l'Union Européenne. C'est au tour de la France de jouer. Constituer ou séparer? Imaginer ou réaliser? Expliquer ou agir?


La Constitution européenne et la paralysie communautaire
Beaucoup d'événements concernant l'Europe, séparés et indépendants à premier regard, sont en fait impliqués dans une chaîne causale de nature politique et historique qui à présent escamote beaucoup de maillons faibles. La Constitution européenne (j'utilise ce nom car c'est le nom populaire de ce texte qui n'est pas tout à fait une vraie constitution) a été freinée par les Français parce que le nom même «constitution» renvoie directement à une unité nationale, gardée par les peuples tout au long de leur histoire, qui est dotée d'abord d'une signification «intime» et nationale. La Constitution, grosso modo, est le texte «sacré» sur lequel repose le fondement même du pays. Est-il possible de demander à 27 pays d'abolir leurs vingt-sept Constitutions et perdre son visage identitaire?

Cependant, les points-clés de la Constitution européenne n'abolissent pas, au sens direct et implicite, les Constitutions nationales. Valéry Giscard d'Estaing, président de l'UE à l'époque, a effectué des travaux sur la Constitution mais ils ne représentent pas du tout un effort d'ériger une vraie Constitution de l'Europe, mais d'esquisser l'avenir de l'Europe dans un nouveau texte. Son travail sur la Convention est basé sur l'avenir de l'Union. Aujourd'hui, des années plus tard, elle vise quelques points importants:

-l'élection du président du Conseil européen, à la majorité qualifiée, pour un mandat de 2,5 ans renouvelables

-l'élection à la majorité simple par le Parlement européen, du président de la Commission, sur proposition du Conseil, « compte tenu des élections au Parlement »

-l'intégration de la Charte des droits fondamentaux

-la création d'un poste du ministre des affaires étrangères de l'UE, à la fois vice-président de la Commission et rattaché au Conseil

-une présentation plus claire de la représentation des compétences entre l'UE et les États membres

-les Parlements nationaux joueront un rôle plus important dans le contrôle des propositions de la Commission

Pourtant, il n'y a pas que Giscard d'Estaing qui ait travaillé sur cette réforme. En 2001, 105 personnalités politiques, issues des États membres et des pays candidats d'adhésion, ont collaboré et élaboré une version simplifiée du traité sur l'Union. Les points cités ci-dessus démontrent que la Constitution veut mettre en scène les citoyens et les Parlements nationaux, ce qui signifie autre chose que l'abolition du "national". L'élargissement de L'UE dans les dix ou vingt prochaines années portera à plus de 30 ou 35 pays. Il faut se poser la question du fonctionnement du Conseil et de l'unanimité au sein du Conseil car beaucoup de pays peuvent paralyser totalement l'Union européenne.



L'Histoire et son bras de fer
L'échec du sommet à Samara entre l'Union Européenne et la Russie n'a étonné personne. Ce moment historique a été largement occasionné par l'embargo de la viande polonaise et par le déplacement, par les autorité estioneinnes, du monument à la gloire de l'Armée rouge à Tallinn. Mais son image s'inscrit aussi dans un contexte beaucoup plus large et complexe, tel que l'histoire commune du «Vieux continent» et de l'Union Européenne. L'élargissement de l'UE en 2004 - cette fois sans précédent, car des pays-satellites de l'ex-URSS de l'Europe centrale et orientale ont rejoint l'Union - a été possible parce qu'il existait encore un projet, celui de la Constitution, qui devait venir après l'élargissement. Outre les nombreuses rectifications et modernisations du fonctionnement de l'UE, elle devait introduire une chose très importante: l'extension du vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil européen. Autrement dit, l'Union Européenne a été créée, au départ, pour réunir seulement six pays qui devaient adopter des décisions importantes quant aux décisions à l'unanimité du Conseil, l'organe suprême de législation européenne qui travaille de concert avec le Parlement. Aujourd'hui, la crise énergétique est issue de cette procédure institutionnalisée: avoir le droit de veto au sein du Conseil. La Pologne l'a utilisé tout en respectant ses intérêts nationaux. Si la Consitution avait été ratifiée, ce veto aurait été anéanti et subordonné à la volonté générale, celle du vote à la majorité qualifiée.


A l'heure actuelle, l'histoire européenne ne détend jamais son bras de fer et étouffe les relations intraeuropéennes. L'exemple de la Russie et de la Pologne nous en fournit une image parfaite. Si vous enquêtez auprès des polonais sur la raison du veto sur le nouvel accord de partenariat sur l'exportation du gaz et pétrole russes, ils exprimeront le refus de la Pologne de «danser pour l'éternité la danse russe». Le ministre des affaires étrangères russe réplique que le Russie a déjà prévenu l'Union européenne sur les conséquences de l'adhésion des pays de l'ex-URSS. L'histoire «noire» de la Pologne et de la Russie ne fait que renforcer les sentiments de mépris qui parcourent les relations de ces deux pays depuis l'enferment de la Pologne dans le champ d'influence de la Russie après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, la force des ex-pays satellites de l'URSS est renforcée par leur adhésion à l'UE et il semble que nul côté n'infléchira sa position «diplomatique». Il reste à comprendre pour quelle raison la diplomatie est confondue avec l'histoire et l'intérêt commun avec la dignité nationale.
Le bilan actuel est plus qu'inquiétant: la Polognle, mais aussi l'Estonie et la Lituanie, se voient des pays de «seconde catégorie» face à la Russie. Il me semblait qu'au départ l'idée de l'Europe communautaire était dans le principe de l'unification européenne et de la suppression des différences au profit de l'intérêt commun...




Sarkozy et Barroso en quête d'un nouveau traité
José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, nous l'a dit clairement en présence du Président français Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Bruxelles le 23 mai, et il ne reste que de le comprendre: le futur de l'Europe n'est plus possible sans une modernisation des institutions et du fonctionnement de l'Union. Imaginons que le «retour de la France en Europe» et du son poids politique se réaliseront avec l'aide de notre nouveau Président dans une nouvelle direction. Il ne convient plus d'interdire et de s'opposer au sein de l'UE, mais de constituer et de continuer à imaginer notre demain sans avoir peur du rêve romantique européen.

Une Constitution simplifiée ne défera pas le «noeud européen». Une décision pragmatique est aussi possible: rebaptiser la Constitution en «simple» traité. Mais dans tous les cas, même si l'extension du vote à la majorité qualifiée passe et un gouvernement économique européen voit le jour, il reste à expliquer comment ce traité remontera les passions historiques à l'Est et au centre de l'Europe.
Ivan Ivanov
Rédigé par Ivan Ivanov le Lundi 28 Mai 2007 à 15:24
Dernier article publié, le 24 mars: Horlogerie Bergamote sur Montpellier
Ivan Ivanov
Rédigé par Ivan Ivanov le Lundi 26 Mars 2007 à 17:05

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Dimanche 25 Mars 2007
Dans mon blog vous pouvez trouver tous les publications apparues récemment sur les pages de EDITOWEB
Ivan Ivanov
Rédigé par Ivan Ivanov le Dimanche 25 Mars 2007 à 15:01

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Dimanche 25 Mars 2007
LE CHEMIN PARCOURU
Ivan IVANOV
tel.06.74.54.50.48
27 ans
Journaliste
DIPLOMES ET FORMATIONS

2006 Fin d'études à l'Université Paul-Valéry, Montpellier III, BAC+4,
Master Recherche de Sociologie

2002 Diplôme de fin d'études supérieures, BAC+5 Journalisme et communications de
masse, l' Université de Sofia, option: journalisme audiovisuel et relations publiques

2002 Deuxième certificat de formation et qualification en journalisme, Ecole Supérieure de
Journalisme à Lille (ESJ)

2001 Premier certificat de formation et qualification en journalisme, Ecole Supérieure de
Journalisme à Lille (ESJ)

2000 Formation: Civilisation française au Campus international, Toulon

1998 Diplôme de fin d'études secondaires, à Pazardzhjik, Bulgarie

EXPERIENCE PROFESSIONNELLE

2007 Pigiste dans les journaux régionaux La Gazette de Nîmes et La Gazette de Montpellier

2007 Correspondant à Montpellier de EDITOWEB Magazine Provence Méditerranée, Istre

2002 Reporter à la rédaction « Actualité », BNT, Télévision nationale:
rédacteur et reporter des actualités politiques, internationales et économique

2001 Reporter à la rédaction « Journal télévisé » à télévision EUROPE, en qualité de responsable
des activités parlementaires du Parti Socialiste (PS)
travail basé exclusivement dans le Parlement pendant les sessions parlementaires

2000-2001 Reporter à la rédaction « Partis Politiques », le journal « 168 heures »
responsable de l'activité internationale de la Bulgarie en tant que pays-membre à OTAN (deux fois envoyés spéciale aux Réunions du Sommet)
reportages quotidiens de l'activité parlementaire du Parti Socialiste

1999-2001 Reporter à la télévision Nationale par Câble EUROCOM
rédacteur et reporter de l'actualité économique, politique et sociale
plus de 1500 reportages télévisés
rédacteur responsable de la médiatisation des élections présidentielles et municipales

1997-1998 Animateur, Radio Almatéya-97
collaborateur
animateur

LANGUES
Bulgare (Langue maternelle)
Français (Lu, écrit, parlé)
Anglais (Lu, écrit, parlé)
Russe (Lu, écrit, parlé)
Polonais (parlé)
Ivan Ivanov
Rédigé par Ivan Ivanov le Dimanche 25 Mars 2007 à 14:34