Présidentielles : 2017, uni-e-s pour l'Humain d'abord avec Jean Luc Mélenchon
Mercredi 22 Février 2017
Le chiffrage du programme de Jean-Luc Mélenchon, l'Avenir en Commun, exposé dans une émission de plus de 5 heures (voir sur YouTube), montre l'influence idéologique choisie : La relance économique par la demande, le choix du Keynésianisme
Quelques remarques sarcastiques en direction des renégats (je parle pas du trio Parny/Buffet.Dionnet, ces trois là ne sont pas plus communiste que Robert Hue) et des idolâtres opportunistes du Marxisme-léninisme "franchement insoumis", vous devez vous sentir bien mal après cet exposé programmatique qui montre que la France insoumise n'est pas une organisation révolutionnaire (dans le sens marxiste du terme), mais bien une force politique Social-démocrate de gauche.
Le choix fait par Jean-Luc Mélenchon et Jacques Généreux est cohérent et je vais expliquer pourquoi. Les économistes du PCF n'étant pas intégrés dans la France Insoumise, on ressent l'absence de propositions révolutionnaires/radicales dans le chiffrage. Jean-Luc Mélenchon et Jacques Généreux restant des sociaux-démocrates, il ne fallait pas s'attendre a avoir une révolution bolchevique. Le Front de gauche est mort (même si il restait qu'une coalition "radicale").
John Maynard Keynes
I- Aspects idéologiques, économiques et historiques
Les remarques idéologiques, pour ceux qui ne comprennent pas ce qu'est le Keynésianisme. C'est une école de pensée économique fondée par l'économiste britannique John Maynard Keynes. 1- Le capitalisme reste le cadre de l'action. Il ne saurait être question de dépasser ce dernier pour le Socialisme. 2- Le marché ne peut pas s'autoréguler, les acteurs économiques ne sont pas des "individus rationnels" (cf auteurs classiques Adams Smith, David Ricardo ...). 3- L'offre (le capital) ne crée pas sa propre demande (le travail) et Keynes se place en opposition à la Loi de Jean-Baptiste Say. 4- L'action de Keynes se place dans le champ de la "macro-économie" (théorique qui étudie l'économie à travers les relations existantes entre les grands agrégats économiques, le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc. en opposition à la micro-économie). 5- Le salaire n'est pas un coût mais le levier de la demande, donc à la relance économique par la consommation. 6- La demande a un effet multiplicateur sur la consommation et ainsi se crée un cercle "vertueux" de croissance, de hausse des salaire, de hausse de la consommation, de hausse de la production etc. etc . etc. Cette école économique va s'imposer dans les politiques à partir des années 30, comme la réponse à la crise de 1929. Cela va s'incarner par un retour de l'Etat dans la régulation du marché. Certains nommeront cela "l'Etat providence", les économistes marxistes parleront de "Capitalisme monopolistique d'Etat". C'est à la sortie de la Seconde guerre mondiale que le système Keynésien prend le visage qu'on lui connait, avec les accords de Bretton Woods (22 juillet 1944). Et on lui attribue la période faste des "Trentes Glorieuses" (1945-1975).
Les limites structurelles de cette théorie économique sont assez importantes :
1- L'Etat s'impose comme le moteur de la croissance économique. Les penseurs libéraux et néolibéraux y voient un frein au développement économique (cf Friedrich Hayek et l'École autrichienne d'économie, Milton Friedman et l'Ecole monétariste de Chicago) et la monnaie perd son rôle. 2- Les politiques en faveur de la demande, dans le système capitaliste, se heurtent à une "stagflation" ( inflation croissante sans réduction du chômage). Cette situation (que l'on rencontre à la fin des années 60) 3- La critique Marxiste à cette école de pensée. Le Capitalisme monopoliste d'Etat est une forme d'économie capitaliste caractérisée par l'intervention, sur une large échelle, de l'Etat dans la vie économique du pays. A l'époque de l'impérialisme, l'Etat accentue considérablement son intervention dans la vie économique et sociale à la faveur de la concentration et de la socialisation accrues de la production, de la centralisation du capital, qui permettent aux monopoles de contrôler l'économie par l'intermédiaire de l'appareil d'Etat. Le Capitalisme monopoliste d' Etat est caractérisé par la fusion, l'interpénétration des monopoles les plus puissants, du capital financier, d'une part, et de l'appareil d'Etat bourgeois, d'autre part, afin de réaliser des profits de monopole et de combattre les crises. La régulation de l'économie capitaliste par l'Etat s'exerce sous les formes les plus variées : propriété d'Etat, entreprises d'Etat, activité d'entreprises mixtes, programmes économiques finalisés, régulation des investissements, stimulation de la demande, financement de la recherche scientifique et de mesures de protection de la nature, etc. Le secteur d'Etat ne cesse de s'étendre dans l'économie (notamment la nationalisation de certaines industries tant en raison de la faible rentabilité des entreprises que des pressions de la lutte de classe). L'accentuation du caractère social de la production dans le cadre du système capitaliste mondial a entraîné la formation d'organisations économiques internationales telles que le Marché commun, l'Euratom, les sociétés transnationales, etc. Avec le Capitalisme monopoliste d' Etat, le rôle de l'appareil de gestion (des managers) augmente considérablement. Les formes d'exploitation sont alors telles que la classe ouvrière doit souvent affronter dans son combat à la fois l'ensemble de la classe capitaliste et son Etat. La lutte des travailleurs pour la défense de leurs droits et de leurs intérêts revêt un caractère de plus en plus politique. A son tour le Capitalisme monopoliste d'Etat met en œuvre contre les travailleurs tout un système de répression en même temps que différentes méthodes de division. Il recourt sur une vaste échelle à la propagande idéologique en vue d'entretenir les illusions sur un Etat qui serait au-dessus des classes. Dans ce but est également utilisée l'intégration politique des principaux Etats (Parlement européen). L'intervention de l'Etat dans la vie économique et sociale s'effectue avant tout dans l'intérêt du capital financier et aux dépens de la classe ouvrière (sans exclure pour autant l'existence de conflits entre l'Etat et les monopoles privés). La crise générale du capitalisme va s'approfondissant. Le Capitalisme monopoliste d'Etat a aussi pour caractéristiques une inflation chronique, le chômage, les crises économiques, énergétiques, monétaires, etc. Il accélère la concentration de la production, aggrave à l'extrême la contradiction fondamentale du capitalisme entre les forces productives et les rapports de production, entre le travail et le capital, et de la sorte rapproche l'heure de sa fin inévitable. Pour plus d'informations, reportez vous sur "L'Impérialisme stade suprême du capitalisme" de Lénine et le "Capitalisme monopolistique d'Etat" de Paul Boccara.
II- Les principales mesures de relance de Jean-Luc Mélenchon
5 heures de vidéos c'est long, mais il y a un travail sérieux de réalisé qui permet de tirer des grands traits (et des limites). 1- Injecter 102 milliards d’euros dans l’économie française. Les 102 milliards a trouver par un emprunt au début du quinquennat (banques ? Epargne ? Impôts ? Souscription populaire ?). La première difficulté que rencontre Jean-Luc Mélenchon repose sur sa capacité à "emprunter" cette somme. Avec le traité de Maastricht et la création de l'Euro, la Banque de France a perdu sa capacité à créer de la monnaie au profit de la BCE. Une fois la somme disponible, Jean-Luc Mélenchon investirait dans "l’urgence sociale" (45 milliards dont 18 milliards pour le logement), "l’urgence écologique" (50 milliards dont 25 milliards pour le développement des énergies renouvelables) et 7 milliards pour les services publics. Il s’agit d’"injecter une masse suffisante qui remette en route l’activité" avec un effet multiplicateur de l’investissement escompté, qu’il estime entre 2 et 3. Pour résumer, l'Etat injecte 102 milliards d'euros et cela permet de créer 204 à 306 milliards d'euros de richesse sur ce cycle économique. Les limites de cette action reposent sur le temps, notamment pour obtenir les premiers résultats économiques dans les énergies renouvelables, et sur la capacité à mobiliser 102 milliards d'euros rapidement.
2- Relancer l'investissement public avec une augmentation de la dépense publique de 173 milliards d’euros
L'objectif de ces dépenses : le plein emploi (et donc un taux de chômage faible, ou "volontaire"). Pour se faire, Jean-Luc Mélenchon prévoit 33 milliards à la lutte contre la pauvreté, 32 milliards à la réforme des retraites (retraite à 60 ans à taux plein), 24 milliards à l'éducation, la culture et la jeunesse, 22 milliards à la revalorisation des salaires, ou encore 17 milliards à la jeunesse. Un plan de 18 milliards d'euros est également prévu en vue de la construction d'un million de logements publics en cinq ans, à raison de 200.000 par an.
3- Faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat pour financer l'investissement public
- Par la réduction du chômage et la création de 3,5 millions d'emplois durant le prochain quinquennat (dont deux millions dans le secteur marchand). - Par une croissance économique supérieure à 2%. - Avec l'augmentation des salaires et du SMIC. Ces trois leviers permettraient de faire rentrer dans les caisses de l'Etat, via l'impôt et les cotisations, des sommes très importantes. Car moins de chômeurs c'est moins d'allocations, mais plus de consommations, donc plus d'impôts, plus de cotisations perçues. Une croissance économique supérieure à 2% c'est plus d'emploi, donc moins de chômeurs et enfin de bons salaires, c'est plus de consommation etc. etc. avec un effet multiplicateur que Jean-Luc Mélenchon estime entre 2 et 3. En parallèle, il prévoit 190 milliards d'euros de recettes fiscales, avec notamment la suppression du CICE et le redéploiement du pacte de responsabilité (21 milliards), la lutte contre l'évasion fiscale (33 milliards) et la suppression de niches fiscales à hauteur de 38 milliards d'euros. Le taux de prélèvements obligatoires passerait de 45% du produit intérieur brut aujourd'hui à 49,2% en 2022. Il fixe aussi un taux marginal de 90 % sur la dernière tranche de l’impôt sur le revenu au-delà de 400.000 euros par an (pour info, en 2012 c'était 100% au delà de 360.000 euros annuels). Cette politique économique aurait un effet vertueux sur les déficits. Ainsi le déficit public serait réduit à 2,5 % du PIB en 2022, après une incartade à 4,8 % du PIB en 2018, qui pourrait faire pâlir Bruxelles. Et la dette publique passerait à 87 % du PIB en 2022. Le taux d'inflation s'élèverait à plus de 4% au terme du quinquennat (contre 0,5% en novembre 2016).
III- Les avantages et les limites structurelles
Le programme économique de Jean-Luc Mélenchon est cohérent, réaliste, mais sur le court terme et à condition que toutes les clefs économiques soient entre ses mains. Les avantages : 1- On aura des salaires meilleurs. 2- On aura un accès à l'emploi et la formation meilleurs. 3- On aura de nouveau la possibilité de croire en l'avenir. Les limites : 1- La première limite vient de la BCE et des traités européens, notamment sur la création monétaire. 2- La seconde limite vient de l'intégration de l'espace économique français au niveau mondial. Avec un marché de libre-échange, des millions d'euros investi dans la demande (salaire/consommation des ménages) partiront à l'étranger, et cet argent fera défaut. 3- La troisième limite repose sur le système capitaliste lui même et sur la menace réelle de la stagflation (cf crise au Venezuela). 4- La possession des moyens de productions et d'échanges n'étant pas remis en cause, on reste dans le schéma décrit par Lénine et Paul Boccara. |
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