Samedi dernier, un vent nouveau soufflait au pied du mur romain: l'opéra exotique du début du XXe siècle entrait au répertoire du festival lyrique dans une production associant deux artistes inconnus ici, la metteure en scène française Mireille Larroche et le chef d'orchestre japonais Yutaka Sado.
Mais trois jours plus tard, la fête a bien failli être gâchée par la pluie, qui a retardé d'un quart d'heure le début de la seconde représentation de l'ouvrage.
Les mots projetés sur le mur de scène avant même l'ouverture se télescopent drôlement avec les aléas du temps: "Il peut pleuvoir des graines d'or, au ciel je dis alors, nul besoin de cette pluie".
Mais les rires du public s'évanouissent aussi vite que ces vers d'un poème de la jeune Afghane Latifa prennent leur signification dans la mise en scène sensible de Mireille Larroche, pour qui "monter +Madame Butterfly+ aujourd'hui, pour une femme metteur en scène, est particulièrement émouvant".
L'intéressée avait d'ailleurs souhaité dédier le drame de la geisha Cio-Cio San - surnommée "Madame Butterfly" -, bafouée par un officier américain au point de se faire hara-kiri, "aux femmes qui partout dans le monde sont d'un côté dans des sociétés archaïques et de l'autre en proie aux impérialismes".
"Impérialisme": le mot est lâché, et justifie parfaitement que l'on orne le centre de l'imposant mur de scène - signe de l'antique puissance romaine - du cercle du drapeau nippon, qui rougeoie superbement parfois, alors que la bannière étoilée - symbole de l'empire moderne - flotte non loin de là.... Lire la suite en ouvrant la pièce jointe ci dessous: