Les rideaux sont tombés sur la Conférence nationale de la filière boulangerie portant sur « Diagnostics et perspectives de la profession et de l’activité de la boulangerie au Sénégal », depuis 3 jours. Le décorum a mis en exergue une filière agonisante qui nécessite des changements radicaux. « L’observation empirique des évolutions récentes de la filière Boulangerie, notamment dans son rôle prépondérant de régulateur social de 1940 à nos jours, permet de confirmer que le pain, aliment stratégique pour l’alimentation familiale de base est extrêmement menacé. La mondialisation de la production entraine beaucoup de ruptures dans les pratiques économiques et parfois cause beaucoup de dégâts sur le plan social. Dans cette filière très sensible, la stratégie politique et économique idéale est de savoir doser avec beaucoup de doigté, les deux facteurs emplois et investissements, afin de préserver le patriotisme et la sécurité économique et alimentaire du pays. La filière de la farine et du pain sont en train de vivre depuis quelques années, une situation inédite avec l’arrivée sur le marché domestique de nouveaux groupes de minotiers et une situation générale de concurrence chaotique, liée à la production, la distribution de la farine et celle du pain. Face à ces pratiques de dumping, à la fois déloyales et sévères, les petits industriels risquent tout simplement de disparaitre à court terme et de fermer leurs usines, avec toutes les conséquences sociales qui y sont liées », nous apprend le document sur les termes de référence parvenu à notre rédaction.
Le pain hors des boutiques, une carabistouille!
L’interdiction de la vente du pain dans les boutiques est l’une des mesures phares sorties de ces assises. Le ministre du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des PME (Petites et Moyennes Entreprises), Alioune Sarr, a brandi un arrêté qui bouleverse la quié- tude des boutiquiers vendeurs de pain et des boulangers. Ces derniers parlent de carabistouille de la part du ministre. Selon les boulangers approchés sur la question, on ne cherche pas seulement, ici, à accabler les acteurs d’un secteur qui tirent le diable par la queue mais à clarifier une entourloupe qui met en cause les minoteries et les dirigeants de la Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal (Fnbs). En réalité, plusieurs d’entre eux se posent la question de savoir si « ce sont les assises des boulangers ou les assises des meuniers ». La décision saugrenue de retirer le pain des boutiques est une mesure pour « déguerpir les intermédiaires distributeurs de la filière » et non une mesure qui pointe le domaine hygiénique. Ces intermédiaires, il faut le noter, absorbent une part importante de ce marché. « Il faut que tous les véhicules de distribution disposent d’une licence. Nous voulons vendre le pain par nous-mêmes, sans intermédiaire. Aux meuniers de créer différents sites de distribution, pour être plus proches des boulanger », a lancé Amadou Gaye. Avec 150 francs Cfa l’unité, les boulangers payent les intermédiaires, donnent 45 francs aux vendeurs et se retrouvent avec 10 francs de bénéfices. Des membres de la Fnbs pensent déjà que cette arrêté brandi par le ministre du Commerce n’aura aucune suite. Un arrêté leur donne le droit d’en vendre à condition d’avoir un rayon spécial et approprié pour le pain au niveau de la boutique ou des grandes surfaces. Par ailleurs, les boulangers posent le problème de la distribution dont la charge, pour la plupart ne leur revenait plus. Mais ce sont les intermédiaires par leurs propres moyens qui enlèvent le pain au niveau des boulangeries pour les mettre à la disposition des populations via les boutiques.
Le pain en marche… avant
Un accompagnement de l’Etat est attendu notamment par la définition de politiques appropriées et concertées pour encadrer les activités meunières et améliorer l’environnement juridique des affaires de façon à créer les conditions d’une saine compétition entre les différents acteurs et à stabiliser durablement le marché de la farine. Pour ce faire, des questions comme la stabilisation d’un prix plafond (qui était de 18 000, Ndlr) et d’un prix plancher (qui était de 17 200, Ndlr), la détermination de la structure du prix du pain, la qualité du pain, entre autres sont à régler. Ces différents paramètres ont mené plus d’une cinquantaine de boulangeries à fermer boutique, d’autres à s’endetter pour fonctionner et sauver les meubles, d’autres à jouer sur la qualité du produit pour avoir une petite marge bénéficiaire. « Tous les boulangers et assimilés ainsi que de nombreuses familles qui vivent du pain, s’ils sont privés du travail du pain, de quoi vivront-ils ? Comme toute activité, la création et le fonctionnement des boulangeries sont également financés aux moyens de crédits. La brusque fermeture de ces boulangeries rendra-t-elle exigible le remboursement intégral de ces emprunts ? Comment assurer cela? », sont-ce autant d’interrogations que se posent les membres de la Fédération qui ont requis l’anonymat. Les boulangers, interrogés sur leur avenir professionel, notent que beaucoup de gens parlent au nom de leurs intérêts et non pour ceux des boulangers. La question cruciale qu’il faut évacuer est celle de l’endettement, note Malick Fall. Les dernières statistiques montrent qu’il y a 1 797 boulangeries au Sénégal, dont près de 683 à Dakar, la capitale, et 200 dans la ville sainte de Touba. Au total 8 millions de baguettes de pains sont consommées par jour au Sénégal avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 500 milliards de FCFA. La filière boulangerie contribue de manière efficiente à booster l’économie du pays. Essayer de fragiliser le secteur serait suicidaire aussi bien pour les meuniers, les boulangers et intermédiaires.
Éviter une crise sociale décapante
L’État doit mettre en place de vigoureuses politiques de redressement humain par un soutien sérieux des boulangers qu’il faut au mieux insérer dans la logique de l’économie de marché. Si l’État s’entête dans cette mesure, l’environnement psychologique de la famille sénégalaise va en pâtir. Les relations que les pères ou mères de famille ont tissé avec les boutiquiers des quartiers traduisent une relation de solidarité dans l’approvisionnement quotidien du pain. Ces relations diffèrent d’avec celles du propriétaire d’une boulangerie. À Chaque fin de mois, des cahiers sont épluchés pour le paiement de la ration en pain. Avec les difficultés, les chefs de ménage n’ont pas les mêmes niveaux de vie. Il correspond à la quantité de biens, de services, d’aliments dont peut disposer un individu, un ménage ou un groupe social, en fonction de ses ressources. Interdire aux boutiquiers de vendre le pain revient à saper la sécurité alimentaire des populations qui seront obligées, dans certains villages, bourgades, ou quartiers de marcher des kilomètres pour s’approvisionner en pain. L’impact social est avéré et d’ici mars 2018, il serait difficile au ministère du Commerce de doter le territoire national en kiosques ou espaces de vente du pain. Le ministre du Commerce doit prendre la pleine mesure des énormes tensions, des difficultés et des dangers potentiels qui peuvent être sources de crises sociales décapantes en prenant un tel arrêté..
Le pain hors des boutiques, une carabistouille!
L’interdiction de la vente du pain dans les boutiques est l’une des mesures phares sorties de ces assises. Le ministre du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des PME (Petites et Moyennes Entreprises), Alioune Sarr, a brandi un arrêté qui bouleverse la quié- tude des boutiquiers vendeurs de pain et des boulangers. Ces derniers parlent de carabistouille de la part du ministre. Selon les boulangers approchés sur la question, on ne cherche pas seulement, ici, à accabler les acteurs d’un secteur qui tirent le diable par la queue mais à clarifier une entourloupe qui met en cause les minoteries et les dirigeants de la Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal (Fnbs). En réalité, plusieurs d’entre eux se posent la question de savoir si « ce sont les assises des boulangers ou les assises des meuniers ». La décision saugrenue de retirer le pain des boutiques est une mesure pour « déguerpir les intermédiaires distributeurs de la filière » et non une mesure qui pointe le domaine hygiénique. Ces intermédiaires, il faut le noter, absorbent une part importante de ce marché. « Il faut que tous les véhicules de distribution disposent d’une licence. Nous voulons vendre le pain par nous-mêmes, sans intermédiaire. Aux meuniers de créer différents sites de distribution, pour être plus proches des boulanger », a lancé Amadou Gaye. Avec 150 francs Cfa l’unité, les boulangers payent les intermédiaires, donnent 45 francs aux vendeurs et se retrouvent avec 10 francs de bénéfices. Des membres de la Fnbs pensent déjà que cette arrêté brandi par le ministre du Commerce n’aura aucune suite. Un arrêté leur donne le droit d’en vendre à condition d’avoir un rayon spécial et approprié pour le pain au niveau de la boutique ou des grandes surfaces. Par ailleurs, les boulangers posent le problème de la distribution dont la charge, pour la plupart ne leur revenait plus. Mais ce sont les intermédiaires par leurs propres moyens qui enlèvent le pain au niveau des boulangeries pour les mettre à la disposition des populations via les boutiques.
Le pain en marche… avant
Un accompagnement de l’Etat est attendu notamment par la définition de politiques appropriées et concertées pour encadrer les activités meunières et améliorer l’environnement juridique des affaires de façon à créer les conditions d’une saine compétition entre les différents acteurs et à stabiliser durablement le marché de la farine. Pour ce faire, des questions comme la stabilisation d’un prix plafond (qui était de 18 000, Ndlr) et d’un prix plancher (qui était de 17 200, Ndlr), la détermination de la structure du prix du pain, la qualité du pain, entre autres sont à régler. Ces différents paramètres ont mené plus d’une cinquantaine de boulangeries à fermer boutique, d’autres à s’endetter pour fonctionner et sauver les meubles, d’autres à jouer sur la qualité du produit pour avoir une petite marge bénéficiaire. « Tous les boulangers et assimilés ainsi que de nombreuses familles qui vivent du pain, s’ils sont privés du travail du pain, de quoi vivront-ils ? Comme toute activité, la création et le fonctionnement des boulangeries sont également financés aux moyens de crédits. La brusque fermeture de ces boulangeries rendra-t-elle exigible le remboursement intégral de ces emprunts ? Comment assurer cela? », sont-ce autant d’interrogations que se posent les membres de la Fédération qui ont requis l’anonymat. Les boulangers, interrogés sur leur avenir professionel, notent que beaucoup de gens parlent au nom de leurs intérêts et non pour ceux des boulangers. La question cruciale qu’il faut évacuer est celle de l’endettement, note Malick Fall. Les dernières statistiques montrent qu’il y a 1 797 boulangeries au Sénégal, dont près de 683 à Dakar, la capitale, et 200 dans la ville sainte de Touba. Au total 8 millions de baguettes de pains sont consommées par jour au Sénégal avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 500 milliards de FCFA. La filière boulangerie contribue de manière efficiente à booster l’économie du pays. Essayer de fragiliser le secteur serait suicidaire aussi bien pour les meuniers, les boulangers et intermédiaires.
Éviter une crise sociale décapante
L’État doit mettre en place de vigoureuses politiques de redressement humain par un soutien sérieux des boulangers qu’il faut au mieux insérer dans la logique de l’économie de marché. Si l’État s’entête dans cette mesure, l’environnement psychologique de la famille sénégalaise va en pâtir. Les relations que les pères ou mères de famille ont tissé avec les boutiquiers des quartiers traduisent une relation de solidarité dans l’approvisionnement quotidien du pain. Ces relations diffèrent d’avec celles du propriétaire d’une boulangerie. À Chaque fin de mois, des cahiers sont épluchés pour le paiement de la ration en pain. Avec les difficultés, les chefs de ménage n’ont pas les mêmes niveaux de vie. Il correspond à la quantité de biens, de services, d’aliments dont peut disposer un individu, un ménage ou un groupe social, en fonction de ses ressources. Interdire aux boutiquiers de vendre le pain revient à saper la sécurité alimentaire des populations qui seront obligées, dans certains villages, bourgades, ou quartiers de marcher des kilomètres pour s’approvisionner en pain. L’impact social est avéré et d’ici mars 2018, il serait difficile au ministère du Commerce de doter le territoire national en kiosques ou espaces de vente du pain. Le ministre du Commerce doit prendre la pleine mesure des énormes tensions, des difficultés et des dangers potentiels qui peuvent être sources de crises sociales décapantes en prenant un tel arrêté..