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YATMA DIOP, Ancien International: « La vérité est que le football sénégalais ne marche pas »


Rédigé le Lundi 18 Septembre 2017 à 10:29 | Lu 171 fois | 0 commentaire(s)



YATMA DIOP, Ancien International: « La vérité est que le football sénégalais ne marche pas »
Dans cette seconde partie de l’interview, Yatma Diop met le doigt sur les problèmes de notre football.

Sur la valeur, vous l’avez dit, il est difficile de comparer les générations. Mais quand même, sur le niveau du football sénégalais, il y a des éléments de comparaisons… Qu’est-ce que vous appelez football sénégalais ? Je vous parle du football sénégalais dans son ensemble…

Vous parlez de quel football ? Du football confié au Sénégal, ou du football séné- galais en général. Là, je comprends les professionnels qui évoluent en Europe et un peu partout.
Que pouvez-vous nous dire sur le football local ?
C’est ça, « Waw keey », il se repete « Waw keey »
Et on va terminer par la vitrine de notre football, l’équipe nationale…
Est-ce que c’est la vitrine (rires)
C’est des questionnements. Venons-en à la première…
Au niveau du football local, il faut comprendre qu’il est plus amateur bien que nous soyons dans une phase d’apprentissage du professionnalisme.
Vous dites bien apprentissage ?
Oui, je dis bien apprentissage. Et, à ce niveau-là, il y a à mon avis, des manquements, des incohérences. Si nous ne sommes pas capables de nous aligner aux normes internationales, nous devons mettre en place un dispositif qui sécurise tous ceux qui sont intéressés par ce type de football. Le football professionnel nécessite des investissements énormes. C’est une gestion privée. Si je crée une société privée, je dois recruter les footballeurs sur la base des dispositifs juridiques en vigueur. Ce n’est pas parce que je crée une société en football que je ne dois pas respecter les normes prévues par les dispositions contractuelles. Si je dois payer un salaire, je dois être en règle par rapport à tous les aspects liés à la protection du salarié, cotisations sociales etc. On se rend compte que tout ceci n’est pas effectif. Les contrats de joueurs, personne ne les contrôle et, pourtant, il est prévu dans les textes une commission nationale de contrôle et de gestion. Mais elle n’existe que de nom. On se contente de quoi? On joue celui qui a de l’argent, paye ses salaires, celui qui n’a pas d’argent, il ne donne pas, il négocie. Et puis il joue tranquillement ses matches. Ceux qu’on appelle des entraineurs, ne sont pas sécurisés. On peut les virer n’importe quand, sans aucune conséquence. Pourtant c’est des pères de famille. Ils ont fait du football une profession. Ce gars, il ne peut pas dépendre de gens qui lui promettent de l’argent à chaque fin de mois, et on n’arrive pas à le payer correctement. Cet entraineur, il fera comment pour faire vivre sa famille? C’est aussi valable pour les joueurs, tout le monde ne sera pas professionnel. Ceux qui évoluent dans ce championnat supposé pro et qui ne peuvent pas aller en Europe, constituent la majorité, à 31 32 ans, ils sont à la retraite. Si pendant les 10 ans qu’ils sont restés au Sénégal, ils n’ont eu aucune cotisation sociale, comment ils feront pour vivre ? C’est comme ça qu’on verse dans la corbeille, une nouvelle race de chômeurs connus dans leur pays, qui n’arriveront pas à joindre les deux bouts. On doit éviter de continuer dans cette voie, parce que demain, il sera trop tard et ce sera la catastrophe, pour ces milliers de jeunes. Je suis de ceux qui considèrent qu’à un certain moment, il faut s’arrêter pour évaluer, voir ce qui ne va pas, ce qu’il faut améliorer… Mais on ne le fait pas, on continue à faire comme si de rien n’était.
Qu’est-ce que vous proposez alors ?
Je l’ai dit tantôt. Il faut évaluer et voir les équipes qui ont aujourd’hui les capacités financières de prendre en charge correctement toute cette dimension. Pour ceux qui répondront aux critères de gestion et qui ont les moyens, on organise un championnat pro.
Et pour le reste ?
Je pense que l’organisation d’un championnat promotionnel me semble plus indiquée. S’il faut faire, un championnat pro à dix, on le fait. Des exemples comme ça, il en existe dans le monde. Au Sénégal, le paradoxe c’est qu’on se retrouve avec 14 équipes en ligue1, plus 14 équipes en D2. Cela fait 28, plus les clubs de nationales qui aspirent tous à la montée, tous veulent passer pro, mais pour aller où? Je considère qu’on est en train de tricher, et ce n’est pas bien. A la fin, des rêves vont se briser, des familles qui comptaient sur leur garçon qui, déjà, à 32 ans se retrouve au chômage. Elle va faire quoi cette famille? Il faut que les gens soient éclairés par rapport à cette question. Il faut que les dirigeants arrêtent de se focaliser sur un seul joueur qu’on pense pouvoir placer et gagner de l’argent, puis le reste ne compte pas. Malheureusement, si on doit dire la vérité, c’est que le football sénégalais ne marche pas. En politique, tu peux clignoter à droite et tourner à gauche. En sport, il n’y a pas de place au mensonge. Le foot est devenu universel. Il faut que les gens s’arrêtent un instant pour réflechir. Une équipe peut gagner un championnat. La première chose à laquelle elle va penser, c’est comment vendre un joueur pour, avoir de l’argent et payer ses dettes, parce qu’avec son titre, il aura touché 15 à 20 millions qui vont partir en fumée. Malgré certaines dettes, le champion du Sénégal s’engage à jouer la coupe d’Afrique. Et là, les dirigeants iront remuer ciel et terre, pour réunir 30 à 40 Millions pour organiser un seul match de coupe d’Afrique. Résultat : c’est à peine qu’ils arrivent à se maintenir en ligue1.
Mais quel est la part de l’Etat dans tout cela. Les clubs ont besoins d’être soutenus ?
Mais l’Etat n’est pas là pour cela. Non, non, il y a les autres disciplines que l’Etat se doit d’accompagner. Comment voudrait-on que l’Etat s’occupe uniquement de football? Dans le sport sénégalais, le football n’a jamais gagné de titres. Par contre sur les autre disciplines, il y a des sénégalais qui ont été champions du monde, d’autres champions d’Afrique, etc. Les dirigeants du football doivent réflechir pour trouver des solutions et non tout attendre de l’Etat
Pouvons-nous dire que nos clubs n’ont pas les moyens de rivaliser avec les meilleurs d’Afrique ?
Du tout, (il se repete). La vérité des résultats au Sénégal, c’est quoi ? Les clubs traditionnels remplissaient les stades. Regardez les photos qui sont derrière moi, elles datent de 1960, à 10 H le stade Demba Diop était archi-comble. Ce n’est plus possible aujourd’hui, exception faite des matches de l’équipe nationale. Analysez, les trajectoires de ces clubs traditionnels : une grande équipe comme la JA évoluait en 4e division à cause d’une mauvaise structuration, pour le Diaraf, les résultats d’antan ne sont pas ceux d’aujourd’hui. Il y a une raison. L’US GOREE, l’autre grand club mythique, en 8 ans, les insulaires ont été deux fois relégués en D2…
Vous devez donc être d’avis avec ceux qui disent que les centres de formations sont en train de tuer le football sénégalais ?
l faut corriger. Ce ne sont pas des centres de formation, ce sont des clubs affiliés qui ont un centre de formation. Voilà la différence. Le centre de formation est une exigence de la réforme. Pourquoi ces clubs traditionnels n’ont pas mis en place leurs propres centres de formation ? Il faut pousser la réflexion. Mais quand même ; au départ, ces clubs qui dominent le championnat étaient des centres de formation… Au début oui. Où étaient les clubs traditionnels ? Pourtant, la mise en place d’un centre de formation est une exigence du cahier de charge. C’est dommage que la commission ne contrôle pas tout cela avec la rigueur requise. Ce que Diambar a fait, ce que Génération foot a fait, Dakar sacré cœur, pour ne citer que ceux-là, c’est exceptionnel. Ils gardent leur filière de formation tout en étant des équipes de football conformes aux régles établies. Ils ont mis en place des sociétés privées qui se sont structurées autour d’un président. Et ce gars-là est le véritable patron qui met en place une politique financière. Il appartient maintenant aux clubs traditionnels de se réorganiser. Au moins avec ces équipes estampillées centre de formation, on sait qui est le boss. On est au stade de comité directeur dans nos équipes, tout le monde est responsable en même temps, il y’en a qui sont là depuis plus de 10 ans. Quand on a envie de se défouler, on vient et on tape sur la table, pour ne plus revenir. On peut dire que c’est le statut associatif qui permet tout cela.
Où en êtes-vous avec votre comité de renouveau du football sénégalais ?
Au début, les gens avaient pensé que c’était des gesticulations, d’un El Hadji Diouf désordonné. Mais finalement, tout le monde, s’est rendu compte que, dans le fond, ce n’était pas cela. El hadji Diouf a un statut, si nous parlons de football. El Hadji Diouf est le plus gradé jusque-là. Il a été deux fois ballon d’or africain. On ne lui a pas donné la place qu’il faut et il a tapé sur la table. Il a raison et c’est son plein droit. Il y a des gens qui n’ont rien fait pour le football et qui sont au sommet. Pourquoi pas lui? Sous quelle forme l’utiliser pour qu’il apporte son expérience, il faut réflechir sur cela. Sa revendication qui était, peut être personnelle au début, ne l’est plus maintenant. EL Hadj Diouf fait partie d’une structure dans laquelle je suis. El Hadji parle de réformer le football sénégalais, depuis le début de l’interview, on ne parle que de cela. Ce comité du renouveau est composé de gens qui viennent d’horizons divers. Nous avions préparé des diapos que les candidats à la présidence de la fédération ont pu voir en son temps. Nous avons décliné notre vision et fait des propositions.
Qu’est-ce que vous proposez ?
Une réorganisation du football sénégalais.
Particulièrement …
Tous les secteurs. Le football sénégalais dans son ensemble. Nous ne sommes pas fermés. Nous avions prévu de faire une large communication et un débat autour de la question. Notre élan a été freiné par les évènements malheureux qui sont par la suite intervenus, mais on continue la réflexion.
A SUIVRE.






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