Depuis 1945, période qui coïncide avec l’adoption aux Nations Unies d’une charte établissant des principes généraux d’égalité entre les sexes, on peut constater que l’émancipation des femmes est entrain de devenir une réalité. Grâce au combat qu’elles continuent de mener, les femmes ont réussi à balayer des siècles d’idées reçues pour prendre en charge des questions liées au sexisme, à la discrimination professionnelle, au harcèlement, à la violence conjugale etc…
Changer la donne et faire découvrir une autre manière de les considérer, c’est ‘’in fine’’ le pari que les femmes sont entrain de réussir dans ce 21e siècle. Mais, force est de constater que les avancées qu’elles ont obtenues sont inabouties et paradoxales d’un continent à l’autre, plus particulièrement en Afrique et au Sénégal où elle se heurtent le plus souvent à des facteurs socioculturels et ou religieux, du fait notamment de la tradition, des coutumes et perceptions anciennes toujours vivantes et bien au cœur des sociétés africaines .
Au Sénégal les chiffres livrés par l’Association des Juristes du Sénégal (AJS) sont ahurissants. En 2016, 3600 cas de viols ont été dénombrés. En six mois, de Janvier à Juin, 1776 cas dont 516 d’inceste ont été recensés. L’ampleur du phénomène est beaucoup plus perceptible à Pikine où la Boutique de droit de la localité enregistre 1 à 4 cas d’abus sexuel par jour.
A Tambacounda rien que pour les années 2011, 2012, 2013 cent vingt-neuf (129) femmes ont été victimes de viol, dont plus de Cinquante (50) élèves dans les différents établissements scolaires.
C’est tout le sens du projet « Regards croisés entre les jeunes hommes et les jeunes femmes des banlieues à Pikine et à Tambacounda » qui sera axé sur une série de rencontres à thématiques genre initiées par le « Groupe de Recherche Action sur les Initiatives Educatives et Sociales» (GRAINES SENEGAL). Signalons que ‘’GRAINES’’ est une association à but non lucratif créée en 2007 et dont l’objectif est de travailler au renforcement des capacités individuelles et collectives des femmes et des jeunes des quartiers populaires.
Fort de son approche participative et des outils de Recherche Action Participative (RAP) qu’il entend utiliser avec le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Sénégal, l’association ‘’GRAINES’’ est sur le terrain des initiatives et de l’action au Sénégal pour favoriser et mieux parcelliser une dynamique d’échanges surtout entre les couches les plus vulnérables de la société, particulièrement les jeunes des localités de Pikine et de Tambacounda, où la situation caractérisée par les cas de viols, les violences morales et les mariages précoces, est devenue plus que préoccupante
Ainsi le premier jalon posé par l’équipe de coordination dirigée par ALASSANE FAYE de « Graines Sénégal » est d’organiser à Pikine et à Tambacounda avec le concours d’Enda Jeunesse Action, des causeries entre les jeunes femmes et les jeunes hommes qui vont s’articuler autour d’une logique de « Regards Croisés » transversale sur la problématique soulignée.
Le projet vise donc à prendre en compte les perceptions et les positions des différents acteurs ciblés, à les analyser dans une même échelle de valeurs, à les restituer mais surtout à travailler à une bonne maturation de l’identité des jeunes.
Dans la perspective d’une bonne déclinaison du projet dit « regards croisés », le programme prévoit une série de rencontres interactives entre les jeunes des villes de Pikine et de Tambacounda qui devront échanger sur les questions de genre et sur les masculinités avec au bout, la formation de « pairs-éducateurs »qui seront en mesure d’animer des rencontres entre les jeunes hommes et les jeunes femmes afin de les sensibiliser, et d’avantage les armer pour lutter à réduire les inégalités de genre.
Ainsi, près de 25 causeries et une série d’ateliers de formation sur la construction de genre autour des thèmes suivants : le sexisme, les transformations des injustices de genre, l’intégration du genre dans les associations de quartiers seront au programme.
Des caravanes de sensibilisation contre les violences faites aux filles et aux femmes seront aussi organisées en plus des émissions radio et des séances de théâtre forum sur le genre dans les quartiers populaires
Le combat pour l’équité et l’égalité de genre doit sans conteste impliquer les hommes qui en trouveront ainsi des bénéfices certains.
La rédaction