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Indépendance de la Justice: Ça chauffe entre Souleymane Téliko et Ismaëla Madior Fall


Rédigé le Lundi 8 Janvier 2018 à 17:20 | Lu 174 fois | 0 commentaire(s)



La polémique enfle sur l’indépendance de la Justice au Sénégal. Et ça se passe entre le président de l’Union des magistrats du Sénégal et le ministre de la Justice. Si pour Téliko, il faut, pour renforcer l’indépendance de la justice, que le pouvoir exécutif sorte du système judiciaire, Pr Ismaëla Madior Fall, lui, déclare, arguments à l’appui, que le Conseil supérieur de la magistrature ne doit pas être l’affaire exclusive des magistrats. Le président de lUnion des magistrats du Sénégal (Ums) est catégorique : «Le chef de lEtat et son ministre de la Justice ne doivent plus siéger au sein du Conseil supérieur de la magistrature». Pour Souleymane Téliko, cette exigence est lune des recommandations phare issues du colloque national organisé à Dakar les 28 et 29 décembre derniers par lUnion des magistrats du Sénégal (Ums). Le magistrat est davis quil est temps que cette recommandation soit traduite en acte pour le renforcement de lindépendance de la justice sous nos cieux. Invité de Baye Oumar Guèye dans lémission «Objection», hier dimanche sur Sud Fm, Souleymane Téliko a réitéré son souhait de voir le pouvoir exécutif sortir du système judiciaire afin dinstaurer la confiance chez les justiciables sénégalais. «Pour nous, cette recommandation est le préalable nécessaire au renforcement de lindépendance de la justice et cest important pour nous», souligne le magistrat qui relève une donnée fondamentale, à savoir la perception que les gens peuvent avoir de la justice. Pour ce faire, dira-t-il en mentionnant une réalité bien anglophone, «la justice ne doit pas seulement être rendue, mais elle doit être perçue comme étant bien rendue». Ce qui est important à ses yeux. Daprès Souleymane Téliko qui sen explique, autant on doit exiger du magistrat quil nadopte pas certaines attitudes qui sont de nature à faire naître des doutes sur son impartialité, autant également sur le plan institutionnel, il faut éviter de laisser subsister des dispositions qui laissent penser que le pouvoir exécutif est en train de manipuler la justice. À noter quil est interdit, par exemple, à un magistrat ou à juge dêtre en compagnie de lune des parties. «Il faut gommer de notre système judiciaire toutes ces dispositions qui font naître ces doutes ; aussi bien les dispositions qui concernent les relations entre le Parquet et le siège. Cela permettra de gommer beaucoup de chose et dinstaurer la confiance chez le public sénégalais», argument Souleymane Téliko, président de lUnion des magistrats du Sénégal (Ums). Réponse du berger à la bergère Réagissant toujours sur Sud Fm, le ministre de la Justice soutient tout le contraire du magistrat Téliko. Pour le Garde des Sceaux, Ismaëla Madior Fall, la justice sénégalaise marche très bien et continue de faire la vitalité de la démocratie en Afrique et dans le monde. «Il faut éviter de faire du Conseil supérieur de la magistrature une affaire exclusive des magistrats», réplique Pr Ismaël Madior Fall. En lieu et place dudit conseil, le constitutionnaliste suggère sur la base de nouvelles réformes la création dun conseil supérieur de la justice ou du pouvoir judiciaire. Ce qui permettrait douvrir lorgane à dautres personnes extérieures. «Il faudrait éviter de faire du Conseil supérieur laffaire exclusive des magistrats. Le président de la République dans notre pays, cest aussi le chef de lEtat, cest-à-dire quil est chef des Armées. Mais quand on dit quil est chef des Armées, il ne va pas commander larmée. Il est là en réalité pour assurer le bon fonctionnement du système et il est là pour assurer la régulation. Mais encore une fois, le Conseil supérieur de la magistrature nest pas une affaire des magistrats seulement», déclare le ministre de la Justice. Pr Ismaëla Madior Fall estime dans ce sens quon peut envisager des réformes du Conseil supérieur de la magistrature notamment dans deux directions. La première, fera-t-il savoir, à en faisant désormais un Conseil supérieur de la justice ou alors un Conseil supérieur du pouvoir judiciaire en élargissant les perspectives. La deuxième, poursuit-il, consistera à envisager dinclure dans le Conseil supérieur de la magistrature des membres qui ne sont pas des magistrats. «Mais pour que cela soit une instance qui veille sur le bon fonctionnement de la Justice et pour permettre au président de la République garant du fonctionnement des institutions de regarder aussi ce qui se passe au niveau de la Justice, il est encore pertinent et opportun dans notre pays que le président de la République continue à présider le Conseil supérieur de la magistrature», plaide le Garde des Sceaux. Ismaëla Madior Fall rappelle que cest un système que nous avons dans notre pays depuis l’indépendance et qui a pu nous permettre davoir aujourd’hui en Afrique et dans le monde une des justices les plus respectées ; une des justices qui fonctionnent le mieux. «En Afrique aujourd’hui il est difficile de citer un pays où la justice fonctionne aussi bien quelle fonctionne au Sénégal. Donc, cest une option qui nous permet davoir un pouvoir judiciaire, un système de justice qui fonctionne très bien. Un système, un modèle qui est compatible avec la conception quon a de nos équilibres républicains et je pense que c’est un système qui marche et qui est à préserver», renchérit-il. Senbusinet avec Ablaye Sidi 24 heures





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