Vendredi 26 août 2005, 19H30.

Tout le monde en a marre au Ranquet. On sait depuis longtemps que la pollution de l'Étang empoisonne la vie des Ranquetois: les algues, qui viennent régulièrement se décomposer sur les rives, diffusent une odeur épouvantable et tenace.
Le dossier est dans le collimateur de l'Union Européenne.
En attendant, pendant les mois d'été, l'air empeste. Ça pue d'un côté par vent d'est. Ça pue de l'autre quand le vent tourne. Mais ça pue toujours quelque part.

Aujourd'hui, c'est le ras-le-bol général.

Dans la matinée, une équipe d'employés des services de nettoyage armés de pelles est venue pour ramasser les algues qui s'étaient entassées là depuis plusieurs jours. A midi, c'est la pause. Les jeunes ont formé un gros tas avec les algues. Il faut maintenant le charger sur le plateau de la camionnette des services de nettoyage.

L'après-midi s'écoule. Rien, personne.
Le tas reste là. Il trône sur la plage.

Depuis la salle du restaurant, les clients peuvent le contempler en prenant l'apéritif.
Demain, c'est samedi. Il y aura plus d'activité au café. Des clients ont réservé pour fêter un anniversaire. D'autres simplement pour dîner. Si des touristes arrivaient jusque là pour visiter les abords de l'Étang, est-ce qu'ils resteraient? Non. Ils fuiraient l'odeur.

Les riverains ont le sentiment que tout le
monde s'en fout. Ils se sentent abandonnés,
laissés pour compte.

Le débroussaillage: une fois par an avant les feux. Les espaces verts: lesquels? La balayeuse: seulement à la veille des manifestations festives – et depuis toujours.
La municipalité, qui dispose de 50 emplois jeunes détachés par le SAN pour l'amélioration des espaces verts, ne semble pas offrir assez de moyens pour nettoyer correctement les rives. Est-ce au SAn ou à la Ville d'Istres de fournir l'équipement pour ces tâches?

Il faudrait une pelle
mécanique et un camion benne.

Gu, le patron du café, s'inquiète. La plage n'a pas le statut de plage municipale. Elle est classée "plage naturelle". Qu'est-ce que cela signifie? Les services municipaux ont-ils les mêmes obligations envers cette plage "non municipale?". Et que ferait-elle si le feu assaillait les collines à la limite du territoire municipal?

Il y a bien une association de quartier. "Elle sert de relais avec les services municipaux, elle vidange gratuitement les fosses sceptiques. Pour ce qui concerne les algues en putréfaction: rien."

Est-ce que l'installation du tout-à-l'égout fera cesser l'entassement des algues sur les rives? C'est peu probable. D'autres quartiers et d'autres villes déversent encore leurs eaux usées dans l'Étang. Certains riverains racontent qu'il faudrait laisser trente ans s'écouler sans pollution pour que les algues se fixent à nouveau sur le fond. Si ce n'est pas assuré, cela donne au moins la mesure du désespoir des habitants du quartier. "Nous, on finit ici dans ces odeurs pestilentielles. Nos enfants, eux, verront peut-être le Ranquet réhabilité". Les Ranquetois auraient été encouragés, voilà déjà longtemps, à acheter leur lot de terre et à devenir propriétaires de leur cabanon...

Alors voilà. Demain, à 7H30, une pelleteuse
et un camion benne viendront terminer le travail des
employés des services de nettoyage.

L'entreprise facturera la Guinguette du Ranquet: une heure au moins de travail. La plage sera propre pendant au moins huit jours. Pour bien faire, il faudrait que la pelleteuse ramasse les algues tous les 10 jours.

Un particulier ou un commerçant peuvent-ils disposer d'un tel budget? Un groupement de propriétaires le pourrait peut-être.

Quand bien même, pourquoi les habitants devraient-ils se substituer au service public? Le fait que les pouvoirs publics fixent unilatéralement le montant des impôts et l'encaissent sans sourciller les engage à entreprendre les actions nécessaires.

Tout ça, c'est une simple histoire de pelleteuse et de priorités dans un budget collectif. Quand on sait qu'Istres se verrait bien parmi les villes les mieux fleuries, ça fait mal. fait mal.


La Guinguette
Rédigé par La Guinguette le 06/09/2005 à 18:33