Tribune du Lundi 28 avril 2008

Ce sont tout à la fois les trois premiers mots de la Charte des Nations unies « Nous les peuples », le prix et la terrible menace que représente l’arsenal nucléaire pour l’humanité, ainsi que l’espace accordé par l’ONU aux ONG, qui expliquent ma présence à partir d’aujourd’hui dans la délégation du Mouvement de la paix à la conférence préparatoire de la révision du traité de non-prolifération nucléaire en 2010.

La France est signataire du TNP. Cette signature donne au peuple français la responsabilité de veiller au respect des engagements pris et de persévérer sur le chemin du désarmement nucléaire en vue de sa réalisation. C’est ce que nous ferons cette semaine à Genève avec une quarantaine de pacifistes français.

Lors de son discours, le 21 mars 2008 à Cherbourg, le président de la République a été très précis : en dépit du droit international, il est prêt à procéder à un avertissement nucléaire envers quiconque se méprendrait sur les limites de nos intérêts vitaux. Limites qu’il ne veut pas figer et dont il serait de sa responsabilité de tracer le périmètre !Malgré notre adhésion au TNP, il souhaite disposer d’un arsenal moderne, adapté, diversifié qui rendrait crédible la dissuasion nucléaire. Sourd aux besoins sociaux criants, il s’est engagé solennellement à maintenir le budget de la défense à son niveau et à son rang !

À l’heure où la France va prendre la présidence de l’Union européenne, il est important que les citoyens manifestent leur refus de cette politique qui, alors que le gouvernement inflige des réductions drastiques aux dépenses publiques de l’État, continue de dilapider les richesses nationales pour les préparatifs d’une guerre de civilisation souhaitée par l’administration Bush et al Qaeda.

Pour ma part, avec la délégation du Mouvement de la paix à Genève, j’irai témoigner des mobilisations en France et chercher des soutiens auprès des institutions et des ambassadeurs de nombreux pays dont la démarche est proche de la nôtre. Des pays qui ont déjà réalisé la dénucléarisation militaire de six grandes régions de la planète. La dernière en date étant l’Asie centrale, où pourtant, après la dissolution de l’URSS, les armes atomiques étaient nombreuses. Nous encouragerons en Europe les efforts des députés qui ont adopté une attitude ferme pour le désarmement nucléaire du territoire européen. Nous y retrouverons les ONG qui gardent plus que jamais comme objectif l’abolition de l’arme atomique en 2020.

Je vous donne rendez-vous cette semaine depuis Genève pour vous faire partager cet évènement de l’intérieur (1) Membre de la délégation du Mouvement de la paix au comité préparatoire à la conférence de révision du TNP à Genève du 28 avril au 8 mai.

Tribune libre du 29 avril 2008

Nous sommes à pied d’oeuvre

organisation parfaite. Les amis des comités du Mouvement de la paix sont arrivés. Certains sourires déjà rencontrés à la conférence de révision à New York il y a trois ans sont là. Ils n’ont pas changé.

Les circonstances par contre ne sont plus du tout les mêmes. En 2005, la France était encore auréolée de son opposition à la guerre américaine en Irak. Aujourd’hui, les prises de position de Nicolas Sarkozy sur la stratégie française de dissuasion nucléaire et son alignement

sur la politique américaine sont inquiétantes.

L’ONU laisse une part de plus en plus grande aux ONG : l’assemblée les entendra toute une matinée, une salle de conférences est laissée à leur disposition. L’ambassade de France qui nous recevra dans la semaine organise ce soir une réception où sont invitées les ONG (c’est une première). Nul doute que le discours de l’ambassadeur soulignera les efforts de la France en matière de désarmement, voulant ainsi faire d’elle un bon élève. Il ne s’étendra certainement pas sur les frappes dissuasives, les programmes M51, laser Mégajoules ou autres projets désastreux…

J’aimerais pouvoir lui dire combien cette menace présidentielle d’utiliser l’arme nucléaire pour simplement montrer que nous sommes capables de le faire m’est odieuse. Comment, soixante-trois ans après Hiroshima et quarante ans de négociations au sein du TNP, se trouve-t-il encore un chef d’État occidental, parlant en notre nom, capable d’envisager, pour rendre crédible la dissuasion,

de faire exploser la bombe !

C’est lourd à porter quand on arrive à Genève en tant

que pacifiste français pour participer à des travaux

sur le désarmement nucléaire ! D’autant que les réactions en France ont été peu nombreuses. Merci au journal l’Humanité de nous laisser réagir avec lui dans ses colonnes et de me permettre de promouvoir Planète Paix, le mensuel du Mouvement de la paix. Il y est répété que l’arme atomique et la dissuasion nucléaire sont au centre

de tous les conflits.

De la guerre en Irak aux préparatifs de celle contre l’Iran, du bouclier antimissile qui cherche à étrangler de nombreux pays à l’angoisse cultivée pour la guerre contre le terrorisme, chaque fois la question de la prolifération nucléaire est posée. À cette question la réponse est une évidence : abolition.

Combien je souhaiterais que les travaux de la conférence soient suivis chez moi, à Istres, où un arsenal nucléaire est là, sur la base aérienne où je travaille, prêt à l’emploi, dans une indifférence quasi générale.

Le Mouvement de la paix veut rompre le consensus qui protège l’arme atomique française. Son journal Planète Paix et son site ( www.mvtpaix.org) sont disponibles pour animer le débat.

(1) Membre de la délégation du Mouvement de la paix au comité préparatoire à la conférence de révision du TNP à Genève du 28 avril au 8 mai.