Le courrier, à l'en-tête "Cour européenne des droits de l'homme", stipule "Aparico c. France". Ça en jette. "Question de principe" résume ce retraité de la fonction publique qui a commencé à travailler comme charpentier sur le chantier de Port-de-Bouc. À l'instar de 890 autres citoyens, cet Istréen attaque le gouvernement qui lance l'adoption du traité européen de Lisbonne, "celui-là même que 54% des électeurs ont refusé par référendum en mai 2005".

Alors, le débat autour du "non" mobilisait les foules. Et les Bouches-du-Rhône s'étaient déjà distinguées comme l'un des départements les plus actifs - et pas seulement du fait de l'irruption d'un débat virtuel avec l'enseignant marseillais Etienne Chouard. Aujourd'hui se réactivent lentement des réseaux qui, des syndicats en passant par Attac et quelques mouvements politiques, hurlent "au déni de démocratie".

Sur la toile fleurissent des pétitions demandant un nouveau référendum, signées par plus de 79000 personnes dont 2000Provençaux; les parlementaires sont interpellés: lors du congrès de Versailles le 4 février, ils devront être 3/5º à se prononcer pour la ratification, ceci alors que les socialistes sont toujours divisés. Dans les Bouches-du-Rhône, trois parlementaires sur 23 se sont prononcés en faveur du "non": les communistes Michel Vaxès et Robert Bret, et la socialiste Sylvie Andrieux.

C'est aussi sur internet que circule le formulaire à remplir pour déposer une requête devant la Cour européenne de justice. Jean-Claude Aparicio entreprend cette démarche seul. "J'estime, énonce cet ancien syndicaliste CFDT, que l'on me confisque mon droit de vote. Le peuple français s'est exprimé lors du référendum de 2005. Il n'est pas démocratique de ne pas user des mêmes moyens pour faire adopter un traité qui reste identique."

Anti-européen, Jean Claude ? "J'ai participé aux premiers pas de la confédération syndicale européenne et on croyait alors à une Europe sociale. Pour moi, l'Union porte des valeurs de paix. Dans ma famille, on est mort à Verdun ou sous les balles des SS. Le procès durera peut-être dix ans, reconnaît-il. Pour moi, cette requête, c'est une démarche citoyenne."

Les Bouches-du-Rhône semblent être un des départements "nonistes" les plus actifs avec l'Ile-de-France : il accueille dimanche un des rares meetings prévu, à Aubagne, terre chérie des anti-libéraux qui y tinrent déjà un vaste rassemblement. "Une trentaine d'associations et le comité national pour un référendum montent cette ultime tribune ouverte avant la tenue du congrès de Versailles", explique Jacques Lerichomme, représentant la fondation Copernic dans le département.

Meeting Dimanche, au centre de congrès Agora, à Aubagne, à partir de 17 heures, en présence notamment de Francis Wurz (PCF), Aurélie Trouvé (ATTAC), Gérard Filoche, Claude Debons, Yves Sallesse...