55, avenue de la Courneuve, l'adresse litigieuse. Celle où 82 citoyens Roumains ont déclaré vivre pour pouvoir s'inscrire sur les listes électorales. Mais pour le député et candidat Mathieu Hanotin, ces inscriptions groupées seraient le signe d'un démarchage de l'équipe sortante pour gagner des voix. Des affabulations, selon le collectif de soutien qui a encadré les inscriptions - volontaires - de habitants du terrain. Passé le grand portail, des maisons en préfabriqués aux couleurs pastels s'alignent, au sol de la terre battue sur laquelle courent des enfants excités par l'assemblée qui se tient dans l'algeco central.

Devant une trentaine de personnes - habitants, militants et journalistes - trois Roms et trois membres du comité de soutien, bien décidés à démontrer l'erreur du candidat socialiste. Non, ce n'est pas la mairie qui est à l'origine de l'inscription de ces 82 personnes, mais bien ces hommes et ces femmes qui entourent les Roms depuis des années. Oui, remplir un dossier d'inscription à domicile est légal. Oui, chacun a dû produire un justificatif de domiciliation comme il se doit. Chose aisée, puisque chaque foyer du terrain paye son électricité. Et qu'on ne s'inquiète pas pour eux, ils ne sont achetés par aucun candidat : "Parmi nous il y en a de droite, et d'autres de gauche !" lance Ichim.

Les militants parlent d'ignorance pour expliquer les propos du socialiste. "Il n'est jamais venu malgré nos invitations et aujourd'hui il compare le terrain à un bidonville sans savoir de quoi il parle." lâche une membre du comité avant de réitérer l'invitation : "qu'il vienne voir !".

Agnès Cluzel, du Mrap, suit les familles depuis plusieurs années. Elle nous raconte comment se sont déroulées les inscriptions. Pour elle, les accusations de Mathieu Hanotin ont "libéré la parole raciste" à Saint-Denis.

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