La grève qui a débuté hier soir est en quelque sorte de salut public. Le chemin de fer français n’est pas loin d’un point où, après les tarifs, le confort et les dessertes, c’est la sécurité des voyageurs qui est mise en cause.

De la catastrophe de Brétigny à la largeur des trains ou des quais, les alarmes se multiplient. Le système ferroviaire français a besoin d’être réformé en profondeur et qu’il soit remédié à l’inefficacité – pire : les nuisances – de la séparation opérée entre la SNCF et Réseau ferré de France, sous la pression de la déréglementation des services publics prônée par les libéraux européens.

Une dette trop considérable, 40 milliards d’euros, s’est accumulée au gré des transferts de responsabilité dont s’est délesté l’État, limitant des investissements pourtant nécessaires. Au nom de l’ouverture à la concurrence, le fret a été sacrifié au tout-routier au mépris des nécessités environnementales ; l’égalité d’accès à la mobilité dans les territoires se désagrège avec les lignes délaissées ; la menace s’alourdit encore avec la perspective d’un quatrième paquet ferroviaire qui préconisera la dérégulation du transport des voyageurs à l’horizon 2022.

C’est à tout cela que devrait remédier une réforme, mais celle que propose le gouvernement contourne les obstacles, édifie de nouvelles usines à gaz en matière de gouvernance, ne garantit pas des ressources nouvelles et pérennise une gestion qui fait peser sur l’emploi, la protection sociale et la rémunération des cheminots les difficultés du système.

La grève qui a débuté hier soir est en quelque sorte de salut public. Le chemin de fer français n’est pas loin d’un point où, après les tarifs, le confort et les dessertes, c’est la sécurité des voyageurs qui est mise en cause. En opposant l’essor du fret ferroviaire au déversement des camions sur nos routes, en faisant du droit à la mobilité des citoyens une liberté à assurer, en se préoccupant de l’urgence climatique en privilégiant le transport le plus économe en émanations carbonées, les cheminots se mobilisent dans l’intérêt de la nation.

Ce premier mouvement massif d’une profession depuis l’élection de François Hollande et le cortège de déceptions qu’elle a semées marque peut-être un nouveau départ du mouvement social. C’est à espérer.

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