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Mardi 11 Avril 2017
En juin 2015, le DBP de Diyarbakir, la capitale kurde, nous transmet un rapport accablant (le mot est faible) sur la situation des destitutions des mairies gérées par le HDP et le DBP, les deux principaux partis issus du mouvement kurde - Par Sekir Tolhildan
Que dit le rapport ? Le rapport signale que lorsqu'une mairie est destituée par le gouvernement, le maire est normalement remplacé par un membre du conseil municipal issu majorité . Néanmoins, nous sommes en Turquie les amis... Dans le cas des mairies gérées par le DBP/HDP, les maires sont directement nommés par une sorte de préfet de province (grossièrement un commissaire politique) de la majorité gouvernementale AKP.
Ce choix est censé être justifié par les score de l'AKP. Le plus petit pourcentage réalisé par ce parti aux élections municipales est de 39,08% et le plus élevé est de 81,61%, scores que l'on pourrait qualifier "stalinien" tant il est vrai que faire 80% avec des chars et des forces spéciales devant les bureaux de vote relève d'une vraie prouesse démocratique. Zoom sur quelques villes du Kurdistan Turc.
De quoi accuse-t-on ces représentants politiques, élu au suffrage universel direct ?
Le gouvernement de R.T. Erdogan accuse ces maires, dans le cadre d'un État d'urgence récurrent, d'appartenir et d'assister à une organisation terroriste, kurde (PKK / KCK) ou islamiste (Feto). Ils sont par conséquent démis de leurs responsabilités et de leurs devoirs dans l'Etat de droit. Il est inconcevable selon la langue de bois du gouvernement qu'une institution locale puisse par un vote démocratique être solidaire d'une organisation terroriste, et de ce fait, il faut prendre toutes les précautions nécessaires contre ceux qui enfreignent la volonté de la nation. Ces mesures étaient déjà en vigueur avant le coup d’État du 16 juillet 2016. Elles renforcent les lois ultra-sécuritaires du pays. Les arrestations des co-maires et des représentants politiques locaux se font avec la plus grande brutalité possible et une démonstration de force sans nom. Nous avons en France les CRS, la BAC, la PJ... En Turquie, il existe une myriade de force de l'ordre et les plus zêlés et volontaires d'entre eux se font un plaisir de "nettoyer" tout ce qui n'est pas Turc assez turc à leurs yeux comme en témoignent ces photos. A ce niveau de l'article, je tiens à préciser par écrit que je ne prends pas la responsabilité de monter les Kurdes contres les Turcs ou l'inverse, Je fais simplement le constat qu'un dialogue avec le fascisme est inenvisageable. Nombreux sont les Turcs démocrates et républicains à s'opposer au régime de R.T.Erdogan et "elles et ils" le font savoir dans la rue. Observons que la loi sur la légalisation du viol a été ajournée au regard d'une mobilisation massive de l'Ouest de la Turquie et que même certains membres de l'AKP s'interrogeaient sur l'utilité de marier le violeur à la victime pour résoudre les problèmes du pays. Je referme la parenthèse sur certains amis démocrates du parti social-libéral (CHP) se cachant encore derrière leur petit doigt alors que l'urgence est là. Erdogan renforce son pouvoir, et cette nouvelle étape sera un point de non retour. La mobilisation du groupe GUE-GVN et des Verts au parlement européen lance une bouée de sauvetage aux parlementaires HDP. Néanmoins le gros des troupes sociaux-démocrates/démocrates sont, dans l'ensemble, silencieux voir complice d'une telle manœuvre. Les rares qui prennent parti, disent du bout des lèvres que c'est ignoble, et ensuite... Rien ne se passe.
"Sous couvert d'approche anti-terroriste, on cherche à annihiler tout ce qui n'est pas Turc"
Rappelons-le, l’article 301 du code pénal turc est un article controversé rendant illégal d'insulter la Turquie, l'identité turque ou les institutions turques. Il est entré en application le premier juin 2005 et fut introduit au sein d'une réforme de la loi pénale préalable à l'ouverture des négociations en vue de l'adhésion de la Turquie à l'U.E. pour amener la Turquie au niveau des standards européens. C'est à tous les niveaux de la société que l'on constate le verrouillage de la démocratie et l'impossibilité complète de remettre en cause le système mis en place. En opposition à ce système, le programme politique du DBP est une vraie bouffée d'oxygène ; pluriethnique, multiculturelle, radicalement égalitaire et volontaire. Le programme du DBP s’appuie sur le concept d’autonomie démocratique, qui a été présenté fin 2010 conjointement avec le DTK (congrès pour une société démocratique). L’autonomie démocratique a pour but d’organiser la société kurde à travers huit dimensions fondamentales : politique, juridique, auto-défense, sociale, économique, culturelle, écologique et diplomatique. Ceci doit permettre de générer la volonté politique nécessaire à la création d’un pays* pour les kurdes (nous aborderons la question du confédéralisme démocratique des peuples dans un autre article, la question d'un pays est moins à l'ordre du jour). En plus de proposer un nouveau modèle de société, le DBP a, par ailleurs, mis en avant quatre revendications prioritaires pour la résolution de la question kurde : 1. la garantie constitutionnelle du droit à l’enseignement dans la langue maternelle et du droit d’utiliser la langue maternelle dans les structures administratives ; 2. l’arrêt immédiat des opérations militaires et politiques ; 3. la suppression du seuil électoral de 10 %, celui-ci ayant pour effet de limiter considérablement la représentation du peuple kurde au sein de l’Assemblée nationale; 4. la libération des prisonniers politiques. Ces quatre revendications s’accompagnent d’une série de 10 demandes principales : 1. l’élaboration d’une constitution démocratique qui reconnaisse l’identité kurde ; 2. la mise en place d’une politique de décentralisation locale destinée à augmenter les pouvoirs des collectivités locales en Turquie ; 3. la reconnaissance du droit légitime du peuple kurde à l’auto-gouvernance ; 4. la levée de toutes les interdictions pesant sur la culture kurde et la pleine garantie des libertés d’association, d’expression et de la presse ; 5. le retrait des unités spéciales des forces de sécurité turques déployées au Kurdistan; la suppression du système des « gardiens de villages » ;l’octroi aux Kurdes du droit d’assurer eux-mêmes leur défense interne ; 6. la libération de tous les détenus et prisonniers politiques en Turquie, dont le leader Abdullah Ocalan ; 7. la garantie constitutionnelle des droits et libertés des communautés ethniques et religieuses ; 8. la mise en place d’une commission qui aura pour objectif d’enquêter sur les crimes commis durant la guerre au cours des trente dernières années, et juger les responsables le cas échéant ; 9. l’adoption de toutes les mesures nécessaires pour la reconstruction des villages détruits par l’armée et le retour des personnes déplacées; la réparation des dommages subis par les personnes déplacées ; 10. l’arrêt des politiques discriminatoires afin de surmonter le déséquilibre économique, la précarité et le chômage ; l’octroi de la priorité au Kurdistan pour les investissements. Pour en revenir aux exactions à l'Est de la Turquie, ce n'est pas un fantasme de dire qu'on rentre au char d'assaut dans les mairies pour destituer les co-maires de leur mandat locaux. Les mairies appartenant aux HDP et DBP sont désormais mis à l'écart. Les programmes municipaux sont à l'arrêt. Les minorités ethniques qui avaient trouvé une place au sein de ces conseils municipaux retournent à la case départ. Les églises, et de manière générale les lieux de cultes non-musulmans, sont systématiquement détruits. Je joins à mon article les conclusions de la rencontre avec Faysal Sariyildiz, député HDP de la province. "Entre 4 murs, les parlementaires HDP décident de suspendre leur activité parlementaire" Les parlementaires HDP ont déclaré en quatre points le début d'un bras de fer national et international contre R.T.Erdogan et son gouvernement. Premièrement ; en confisquant tous les acquis démocratiques et politiques et en éliminant systématiquement l'opposition au sens propre comme au figuré c'est vouloir mettre fin à "l'opposition". La tentative du faux coup d'Etat est le moyen pour faire avancer la République Turque à coup de décrets ayant force de loi. On brûle pas la forêt à la bougie mais plutôt au napalm avec Erdogan. Secondo, le HDP a décidé de mettre fin aux activités parlementaires pour être aux côtés des millions de concitoyens qui se sont exprimés lors des dernières élections. Les attaques les plus massives et les plus sombres de l'histoire de la vie politique Turque sont actuelles et à venir. De maison en maison, de quartier en quartier, de village en village et de ville en ville pour écouter, entendre et mener la prochaine riposte : "contre le projet de changement de constitution". Tertio, l'emprisonnement des pacifistes, des démocrates, des épris de justice et de liberté. De tous les jeunes et moins jeunes qui partagent un idéal de paix. Faisons sortir des prisons Turques les journalistes, avocats, lycéens et étudiants, membres politiques- syndicales et associatifs. Les privés de maison, les privés d'emploi... Le feu de la peur est allumé comme un brasier discontinue (!). Quatro , l'appel de toutes les forces qui se disent "démocrate et républicain". Les organisations humanitaires, les syndicats internationaux, la ligue internationale des Droits de l'Homme, les partis politiques , les institutions démocratiques pour faire respecter les Droits Universels contre ce régime totalitaire. Le silence est complice de ce régime. La question est alors ; Qui peut s'opposer à la politique du sultan ?
Notes sur les partis politiques de Turquie :
- HDP/DBP : Le Parti démocratique des peuples et le Parti démocratique des Régions sont des partis politiques de Turquie. Le DBP est une branche du HDP. Ils sont situés politiquement à gauche et sont issus du mouvement politique kurde. Ils se veulent représenter la société turque dans sa diversité et dans la prolongation du mouvement protestataire de 2013 en lien avec les manifestations du parc de Gezi. Ils sont attachés à l'écologie, l'égalité radicale Femme/Homme, aux droits des LGBT, aux droits des minorités. - CHP : Le Parti républicain du peuple est un parti politique turc, de type républicain, social-démocrate et laïc. il est membre de l'Internationale Socialiste et membre associé du Parti Socialiste Européen. Il constitue depuis 2002 le principal parti d'opposition face à l'AKP. Il représente le courant historique du Kémalisme. - AKP : Le Parti de la justice et du développement ou AKP (en turc : Adalet ve Kalkınma Partisi) est un parti de centre droit, au pouvoir en Turquie depuis 2002. Le Premier ministre Binali Yıldırım en est le président depuis le 22 mai 2016, désigné lors d'un congrès extraordinaire à Ankara. Il succède à Ahmet Davutoğlu. - MHP : Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi ou MHP ) est un parti politique turc d'extrême droite fondé en 1969 par Alparslan Türkeş. Il participe au gouvernement Ecevit II de 1999 à 2002 en coalition avec le Parti démocratique de la gauche (DSP) de Bülent Ecevit et le Parti de la mère patrie (ANAP) de Mesut Yılmaz, et disparaît de la Grande Assemblée nationale de Turquie avant de la réintégrer lors des élections de 2007. Lexique : PKK -Partiya Karkerên Kurdistan ; Parti des Travailleurs du Kurdistan KCK -Koma Civakên Kurdistan ; Groupe des communautés du Kurdistan DBP - Demokratik Bolgeler Partisi ; Parti démocratique des régions Feto - Fethullah gulen sources : Parti démocratique des régions GABB -Güneydoğu Anadolu Bölgesi Belediyeler Birliği , association des mairies d'Anatolie Code pénal Turc : http://merlin.obs.coe.int/iris/2008/6/article28.fr.html |
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