Note adressée à Marie-George Buffet,
secrétaire nationale du PCF
Crise financière
André Gerin
Compte tenu de la réunion du conseil national du PCF
du 14 octobre
Voici quelques réflexions et propositions
pour la bataille idéologique et politique
Le 7 octobre 2008
C’est tout le modèle économique, financier et institutionnel de ces 30 dernières années qui est à revoir. En gros, et pour raccourcir, depuis 1974 et le premier choc pétrolier.
Les dirigeants des pays occidentaux, mais aussi en France avec Giscard, Mitterrand, Chirac, et aujourd’hui Sarkozy, ont tous porté au pinacle le capitalisme, avec la main de fer et la complicité de la finance, au nom de la compétitivité, toujours au nom du profit du capital et au détriment du travail. Ils nous ont dit que la loi du marché était vertueuse, en imposant la dictature du moindre coût et le profit à court terme. La crise du capitalisme financier est la crise du système capitaliste qui tue l’économie, les métiers, les savoir-faire, les pays et les Etats. Tous les gouvernements ont accompagné la financiarisation. Ils ont contribué à organiser, voire à encourager l’austérité pour les peuples, le déclin industriel. Ils sont responsables de la paupérisation et des émeutes de la faim.
Dans les coulisses du sommet européen, le week-end des 4 et 5 octobre, ils nous ont fait croire qu’ils avaient compris la leçon et qu’ils seraient prêts, dorénavant, à remettre en cause le dogme de la religion financière pour mieux le transgresser. Le corset de Maastricht serait officiellement mis entre parenthèses : la concurrence libre et non faussée ; la barre des 3 % des déficits publics ; les règles limitant les Etats dans l’économie. Ce serait terminé jusqu’à nouvel ordre.
Plus loin, Nicolas Sarkozy reprend sa croisade pour un « capitalisme d’entrepreneurs ».C’est le pyromane qui crie au feu avec ses copains les ogres de la finance alors qu’ils sont eux-mêmes touchés par les flammes.
Une bataille idéologique est menée à coups de massue pour faire peur et pour masquer la rhétorique du capitalisme du désastre. Les grands groupes de communication, au travers d’une mise en scène parfaitement huilée, se sont emparés de la crise financière pour en faire « un 11 septembre de Wall Street ».
Dénouer le capitalisme financier en crise, c’est dénoncer le mediatico-capitalisme en place avec, comme figure de proue en France, la droite UMP et Nicolas Sarkozy.
La crise financière est utilisée comme le paravent de la politique d’austérité menée par le tandem Nicolas Sarkozy/ François Fillon. Selon eux, si les temps sont durs, c’est la faute à pas de chance, c’est la faute aux banquiers !
Il faudrait quand même nous expliquer par quel miracle la crise du capitalisme financier n’aurait rien à voir avec le modèle de croissance, le modèle économique et le mode de production capitaliste. C’est la surexploitation des salariés et des travailleurs, des peuples, l’accumulation exponentielle des richesses par les nantis, les profits à tout prix et à n’importe quel prix qui sont la cause du désastre, avec une Union Européenne, bras armé du capitalisme.
Ce « vilain » capitalisme qu’il faut réguler, cet état protecteur auquel il faut recourir : Nicolas Sarkozy se moque sans vergogne des Français ! Il ment par devoir pour couvrir les orgies du capital, surtout quand il met en chantier la déconstruction méthodique de l’Etat républicain depuis 18 mois pour le remplacer par le capitalisme « made in » Reagan, Thatcher et Bush.
En prenant bille en tête ce modèle de société, brisons une fois pour toutes Le dogme. La pensée unique, philosophes et Cassandre, en tous genres, annonçaient la fin de l’histoire avec un grand H après la chute du mur de Berlin. Vingt ans plus tard, n’est-ce pas tout simplement le capitalisme qui est à la fin de son histoire ?
Reposons donc sérieusement la question des pôles bancaires et financiers publics forts, maîtrisés par la nation, approprions-nous socialement l’appareil de production et remettons en cause la propriété privée des outils du travail. Il faut un nouveau modèle de croissance, un nouveau modèle économique, financier et médiatique. C’est un changement de société, la promotion de l’Homme qui est à l’ordre du jour.
Il est impératif de mettre l’argent au service du développement et de l’intérêt général. Pour changer de modèle de société, il faut donner au peuple, aux acteurs, à la nation des pouvoirs économiques, financiers, médiatiques et culturels. Le marché a atteint ses limites. Il faut en finir avec le marché, en finir avec le marché dans le domaine financier. Il y a des espaces de référence vitale (l’air, l’eau, l’énergie, la santé, l’éducation) qui sont et doivent redevenir des biens communs universels non marchands. Sortons de la préhistoire et de la barbarie, l’être humain n’est pas une marchandise !
Il faut aussi construire un processus révolutionnaire de rupture, de conquête, de subversion. Comme lors de la Révolution de 1789, il nous faut conquérir de nouvelles Bastilles : le pouvoir économique, financier et idéologique pour qu’il soit sous la coresponsabilité du peuple souverain. Une bataille fondamentale s’engage pour le pouvoir d’achat des salaires, des pensions et des retraites. C’est la base de l’union du peuple de France, dans sa diversité, qui nous permettra de construire un mouvement populaire puissant et déterminé.
Tordons le cou à cette idée que le coût du travail est trop élevé alors qu’il baisse dans la valeur ajoutée : - 10 % en dix ans.
Pour l’investissement, un plan Orsec s’impose pour mettre en place une industrie nationale moderne qui donne la priorité à la création de richesses et d’emplois. Il faut suspendre toute mesure de suppression d’emplois, de licenciements ou de fermetures d’usines, engager un plan de re-localisation industrielle avec des aides volontaires à la création de PME-PMI.
Ce capitalisme cynique et sans pitié a fait son temps, l’heure est à la création d’une nouvelle société – le communisme – au service du commun, de la justice sociale et de la solidarité, afin de réorienter les acteurs économiques et producteurs vers les biens et les services utiles socialement.
NB : On pourrait utilement s’appuyer sur le travail de la section économique et les propositions de Paul Boccara du mois de mai, à l’exemple des travaux du PCF sur le capitalisme monopoliste d’Etat, les critères de gestion, l’autogestion…