Lorsqu'on a demandé une fois à Ruth Bader Ginsburg, affectueusement connue dans ses dernières années sous le nom de «RBG», quand y aura-t-il suffisamment de femmes à la Cour suprême, elle a répondu: «Quand il y en aura neuf».
Vendredi, la Cour suprême et le pays ont perdu une brillante penseuse qui, dans ses décisions et ses combats, a souvent plaidé pour la classe ouvrière, les gens de couleur et d'autres victimes des brutalités du capitalisme.
Malgré la longue vie de Ginsburg, sa mort à 87 ans était prématurée. Des millions de personnes espéraient qu'elle «s'accrocherait» jusqu'à ce que Trump quitte la Maison Blanche en janvier. Dans un message dicté à sa petite-fille, Ginsburg a déclaré : «Mon souhait le plus ardent est que je ne sois pas remplacée tant qu'un nouveau président ne sera pas installé.» Malheureusement, elle et des millions d'américains-américaines ne se verront pas accorder ce souhait.
Maintenant, la nation fait face à la possibilité horrible et probable qu'un fanatique de droite soit nommé par Trump et approuvé par le Sénat en un temps record. Que cela se produise avant ou après l'élection n'a pas d'importance; même si le GOP perd le Sénat, il restera au pouvoir jusqu'au 3 janvier. Avec cette perspective, la bataille pour la démocratie recommence.
Celui qui sera nominé sera l'opposé de Ginsburg. Dans les années 1970, alors qu'elle travaillait pour le Women's Rights Project de l'ACLU, elle a joué un rôle dans 34 cas de discrimination sexuelle qui ont abouti à la Cour suprême; de ceux-ci, elle en a soutenu six et en a remporté cinq. En tant que juge de la Cour suprême, elle a rédigé plusieurs opinions majoritaires qui ont conduit à l'élargissement des droits démocratiques, statuant en 1996 que le Virginia Military Institute ne pouvait pas interdire aux femmes d'y entrer, en 2015 que les électeurs-électrices de l'Arizona pourraient créer des commissions de redécoupage, et en 2000 que les Caroliniens du Sud pourraient demander des pénalités aux pollueurs, alors même que l'entreprise avait fermé et ne rejetait plus de déchets.
Mais Ginsburg est devenu encore plus connu comme opposante. Dans Bush vs .Gore (2000), elle s'est vigoureusement opposée à la décision du tribunal selon laquelle il était impossible pour les responsables électoraux de Floride de compter tous les bulletins de vote dans un délai fixé par le United States Code (trois jours après que la Cour elle-même a ordonné l'arrêt du dépouillement), aboutissant à la nomination par la Cour suprême de George W. Bush à la présidence.
Elle a écrit son opposition à la décision dans Ledbetter v. Goodyear (2007), qui a refusé à Ledbetter le droit de poursuivre son employeur pour discrimination salariale fondée sur le sexe en raison de leur interprétation étroite d'un délai légal de dépôt de 180 jours. En 2009, Obama a signé le Lilly Ledbetter Fair Pay Act, qui a infirmé la décision de la Cour suprême.
L'une de ses plus grandes actions date de 2013 dans Shelby vs Holder, une affaire cruciale en matière de droits civils qui a conduit à la privation du droit de vote de centaines de milliers d'électeurs-électrices. La Cour suprême a rejeté l'article 5 de la loi sur le droit de vote (VRA), qui exigeait des juridictions couvertes par la loi qu'elles prouvent que tout changement dans leurs procédures de vote ne refusait pas le droit de vote aux personnes en raison de leur race, de leur couleur ou de leur appartenance à une groupe linguistique minoritaire.
"La triste ironie de la décision d'aujourd'hui réside dans son incapacité totale à comprendre pourquoi la VRA s'est avérée efficace. . . . Jeter le précontrôle quand il a fonctionné et continue de travailler pour arrêter les changements discriminatoires, c'est comme jeter votre parapluie sous une tempête de pluie parce que vous n'êtes pas mouillé."
Le bilan de Ginsburg est cependant mitigé. En 2005, elle a écrit pour la majorité 8-1 une opinion qui s'est prononcée contre la nation Oneida dans l'État de New York. Dans l' affaire Sherrill vs Oneida Indian Nation , la Cour a statué que la nation ne pouvait pas récupérer la souveraineté sur les terres que le gouvernement fédéral avait acquises illégalement au 19e siècle mais que la nation avait achetées en 1997 et 1998. Les tribunaux inférieurs avaient statué dans l'affaire Oneidas en faveur, mais, tragiquement, la Cour suprême les a annulés.
Ginsburg a été nommé à la Cour en 1993, par un vote du Sénat de 96 voix contre 3. Une telle partialité, lorsque le Sénat a habituellement accédé au président dans son choix de candidat, est désormais inimaginable.
McConnell, sans honte, a annoncé qu'il irait de l'avant avec un vote si Trump nomme quelqu'un pour remplacer Ginsburg, et il est probable que Trump le fera. Hypocrite qu'il soit, McConnell a refusé de présenter le candidat du président Obama, Merrick Garland, alors qu'Obama avait encore près d'un an de pouvoir, affirmant que les électeurs devraient avoir leur mot à dire en la matière. C'était clairement un manquement au devoir.
Certaines circonstances atténuantes peuvent ralentir le processus de nomination. Certains sénateurs républicains, comme Susan Collins du Maine et Cory Gardner du Colorado, risquent de perdre leur siège, et leurs électeurs n'apprécieront peut-être pas qu'ils se rangent du côté de McConnell. Le vote du Sénat en 2018 pour l'ultra-conservateur Brett Kavanaugh était proche de 50-48, et le vote pour une nouvelle personne nommée pourrait également être proche. Mais un autre facteur plus important est que précipiter un vote sur un candidat peut dégoûter une partie de l'électorat encore indécis au point de rejeter le GOP et de voter pour renverser l'emprise républicaine sur le Sénat et élire Biden.
Ce qui compte le plus, c'est la position du peuple et sa volonté de prendre position pour la démocratie. Peut-être que les électeurs-électrices qui pensaient rester à l'écart seront poussés aux urnes par la crainte que le remplaçant de Ginsburg soit son opposé: une jeune, pro-entreprise, anti-ouvrière, anti-environnement, anti-avortement, raciste, misogyne. triés sur le volet par la Federalist Society, un «groupe de réflexion» d'extrême droite.
McConnell peut ne pas permettre aux électeurs-électrices d'avoir leur mot à dire sur un candidat à la Cour suprême, mais les électeurs s'exprimeront de toute façon haut et fort. Le vote anticipé a commencé dans quatre États vendredi, le même jour que la mort de Ginsburg, et 60% des électeurs ont indiqué qu'ils préféraient voter tôt, une bonne indication que plus de personnes voteront que jamais.
Un jour, dans un avenir, espérons-le, pas trop lointain, quelqu'un demandera, quand y aura-t-il suffisamment de juges de la Cour suprême qui veillent aux intérêts de la classe ouvrière, des pauvres, des personnes de couleur, des femmes, des personnes LGBTQ et les immigrants?
Quand il y en a neuf.
Les luttes que nous menons aujourd'hui - aux élections et dans les rues - seront une réalité demain.
