Sur les 282 cantons concernés, les candidats PCF progressent en voix et en pourcentage dans 227 (80%), et ils passent la barre des 5% dans 148 (52%). C'est nouveau. Je ne pense pas qu'on pourra expliquer cette progression dans les zones où nous sommes le plus faibles par une référence à un « communisme municipal ».
C'est en regard de cette progression qu'il faut s'interroger sur notre absence dans près de 400 cantons, par rapport à 2001, et dans 770 au total: affaiblissement organisationnel? craintes financières? accords de candidatures uniques? Combien de candidats, de voix, a coûté, après la présidentielle, l'incitation au doute sur la pérennité de l'existence du Parti?
Quelques mots sur Val-de-Marne/Seine St Denis.
Nos résultats dans le Val de Marne sont bons. Ce n'est pas le premier épisode électoral où apparaît une différence avec la Seine saint denis. Mais gardons nous de toute suffisance. Cherchons les éléments d'analyse utiles.
En ce qui me concerne, je suis très réservé sur des pistes d'analyse qui consisteraient à dire: « dans le Val de Marne, il y a eu une meilleure gestion; ou une meilleure pratique de l'union avec le PS ». Gestion, pratique unitaire: ce sont des points à regarder, mais attention à ne pas partir sur de fausses pistes; ça pourrait ne pas être sans conséquences négatives, si, étant inexact, ça nourrissait des illusions.
Je pense que parmi les points à examiner, il devrait y avoir la question de nos forces organisées, le nombre des communistes, son évolution, l'impact du maintien ou de l'abandon des cellules, qui n'ont pas été traités de la même façon selon les sections et les fédés.
Voir aussi ce qui peut tenir, avec la diversité propre à chaque fédé, aux différences politiques exprimées lors des derniers Congrès, sur l'avenir du Parti, sa stratégie. Là aussi il y a certaines différences entre les 2 départements.
Mais la principale différence concerne le rapport de forces avec la droite. Le 94 avait été découpé pour la droite; il a été arraché à la droite et sans cesse disputé depuis. L'avance de la gauche cette fois-ci ne tenait qu'à 2 sièges, et je rappelle que le Val de Marne était sur la liste des départements présentés dans les médias comme pouvant basculer à droite.
Cette donnée a des effets sur la stratégie du PS (ce n'est pas parce que nous gérons mieux l'union ni parce qu'il est meilleur que Bartolone ou Fabius, que le maire fabiusien de Créteil a été le premier à lancer un appel [limité au Val de Marne bien sur] à la discipline unitaire partout).
Les enjeux face à la droite influent aussi sur la situation interne du Parti.
Ca pousse à plus d'unité ( même si on ne doit pas ignorer des tentatives du PS, notamment à Vitry, ni, c'est plus ancien, comment Arcueil a cessé d'être dirigée par un maire communiste, sous l'égide d'un des initiateurs, avec Charles Fiterman, du courant des « refondateurs »..).
Dans le 93, tout semble s'être passé, et depuis longtemps, comme si les communistes pouvaient impunément se diviser et se combattre; tout au moins des communistes ont agi comme s'il en était ainsi: Saint Denis, capitale de la campagne contre la candidature communiste à la présidentielle! Un 2eme groupe au Conseil Général!! Jusqu'à ce proche de P. Braouezec déclarant à quelques jours du 1er tour, selon « le Nouvel Observateur », que «La perte du département par l'appareil du PC fera bouger les communistes. Si on arrive à inventer une confédération de la gauche ici, entre Bartolone et nous, la Seine-Saint-Denis aura été pionnière.»
Cela interpelle aussi la responsabilité de nos groupes dirigeants qui, depuis Robert Hue, ont impulsé des choix politiques fondés sur l'alliance de sommet avec les refondateurs.
Je pense que le moment vient de tourner une page, de nous donner l'orientation et une direction, collective, à même d'ouvrir la page de la novation et de la renaissance.
Nous avons besoin d'une ligne de conquête, de développement d'idées communistes nouvelles et de l'influence du PCF, pour un large rassemblement transformateur.
Marie-George a dit qu'on avait commis l'erreur de faire primer la recherche d'alliances sur le projet. Je partage cette critique; elle figurait, au Congrès de 2003, dans un texte favorable à une réorientation stratégique.
« Construire un nouveau projet de changement ». C'est nécessaire. « Avec d'autres ». Bien sur. Je suis pour que le PCF soit l'initiateur d'une grande initiative rassembleuse, liée aux luttes, avec l'apport de ses idées, pour un processus populaire de définition d'un projet politique transformateur.
Mais quid du Parti? Soyons clairs. Cette initiative ne peut pas être prise par un parti à l'avenir en suspens. Ni consister en la définition du projet d'une future nouvelle « force » politique...Il faut donc être précis, plus précis, sur le sens de la proposition présentée par la direction du Parti aux communistes.
Une remarque enfin avant de finir: la conception de la soirée Espace-Marx-Transform du 3 Avril , dont l'invitation est distribuée à l'entrée du CN, est surprenante: un débat sur le thème « Forces de gauche en Europe: évolution récentes et perspectives », c'est intéressant. Mais comment peut-on traiter des perspectives des forces de gauche en Europe sans inviter aucun interlocuteur se situant dans la perspective d'un parti communiste moderne?