Parmi les nombreux hommages, des cris de joie ont émergé à l’annonce de la mort de la Dame de fer. Lundi, quelques centaines de personnes ont improvisé une fête de rue à Brixton pour dire « bon débarras » à l’ancien Premier ministre Margaret Thatcher.

« Je suis là pour rappeler aux jeunes les dommages qu’elle a causés à la société. Je viens du nord où il n’y avait pas de travail. Où l’industrie a vite disparu et où sa politique a fait en sorte que ce soit encore plus rapide », explique Clare Truscott, la cinquantaine, brandissant fièrement une pancarte proclamant « Ding dong, la sorcière est morte ».

Les critiques les plus virulentes viennent en effet du Nord de l’Angleterre, région qu’elle a pour beaucoup appauvrie et méprisée.

« Nous sommes ici pour célébrer sa mort », lance Carole Roper, une aide familiale. « Je ne pense pas que ce soit une démarche vindicative, ce n’est pas tellement la mort de Thatcher dont il s’agit mais ce qu’elle a fait, la politique qu’elle a menée dans ce pays », explique-t-elle. « Elle n’a rien fait pour aider les pauvres dans ce pays » mais « nous avons la mémoire longue. Aucun de nous n’a oublié », assure encore Carole Roper.

Une femme « sans un atome d’humanité »

Une véritable culture de protestation est née autour de Margaret Thatcher. Jamais une femme ou un homme politique n’avait à ce point suscité la colère des artistes. Elle peut d’ailleurs être considérée comme une sorte de muse pour le rock anglais des années 80-90. On ne compte plus les chansons mettant en scène la mort de Thatcher (parmi elles, Pink Floyd, The Clash ou encore Morrisey).

À l’annonce de la mort de Thatcher, l’ancien chanteur des Smiths, Morrissey, a d’ailleurs réitéré ses critiques en la qualifiant de « barbare », « sans un atome d’humanité ».

« Une figure controversée »

La politique menée par Thatcher fut particulièrement dure à vivre pour des milliers de personnes dans une société en pleine reconstruction, touchée par le chômage, la guerre des Malouines, les tensions raciales et les grèves de mineurs. L’heure était d’ailleurs aux réjouissances ce lundi du côté des syndicats de mineurs, ennemis jurés de Margaret Thatcher qui avait écrasé la grande grève de 1984-1985. « Je bois un verre en ce moment précis. C’est un jour merveilleux, je suis ravi », a déclaré David Hopper, responsable régional du syndicat des mineurs (NUM) dans le nord-est de l’Angleterre. « Bon débarras », a lancé le syndicat dans un communiqué. « Margaret Hilda Thatcher est partie mais les dommages causés par sa politique fatale persistent malheureusement ».

En Irlande du Nord, le président du parti républicain irlandais Sinn Fein, Gerry Adams, a également eu des mots durs à l’égard de celle qui avait fait preuve d’une intransigeance absolue à l’égard de son mouvement. « On se souviendra particulièrement de Margaret Thatcher pour son rôle honteux lors des grèves de la faim héroïques de 1980 et 81 (de prisonniers républicains irlandais) », a-t-il dit.

La mort de celle qui « restera toujours une figure controversée », selon les termes du leader de l’opposition travailliste Ed Miliband, n’était donc pas pleurée par tout le monde.

« Je compatis, comme pour la mort de n’importe quelle personne. Elle, en revanche, n’a montré aucune empathie pour les victimes de sa politique dure et sans pitié », a réagi Peter Tatchell, militant des droits de l’homme. Fustigeant ses positions ultra-libérales, il a estimé qu’elle avait « initié la politique qui a mené à la crise économique actuelle ».

Les honneurs militaires mais pas de funérailles d’État

Margaret Thatcher recevra les honneurs militaires lors d’« obsèques cérémonielles » la semaine prochaine mais n’aura pas droit à des funérailles d’État, selon Downing Street. L’enterrement de la Dame de Fer « sera un mélange de (cérémonie) publique et privée ».

Les funérailles d’État sont réservées aux monarques et, après l’accord du souverain et un vote au Parlement, à quelques grandes figures de la vie publique, principalement des anciens Premiers ministres.