Au niveau des scrutins régionaux, le recul des listes de la gauche dite radicale est flagrant.
Dans la région des Asturies, la liste d'Izquierda Unida remporte 7,61% des voix contre 6,61% lors du précédent scrutin. Pour Podemos, qui concourait seul, les résultats sont catastrophiques. Les populistes remportent 3,9% des voix contre 11,01% en 2019. IU renforce sa position avec 3 sièges (+1) et Podemos n'en conserve qu'un (-3). Le PSOE est en tête avec 36,5% des voix (35,25% en 2019). Le PP renforce sa position avec 32,65% des voix (17,55% en 2019) et Vox s'impose en 3ᵉ position avec 10,07% (6,42% en 2019).
Dans la région de Cantabrie, il n'y a plus de représentation à la gauche du PSOE depuis 2019. La liste de Podemos a remporté 4,08% des voix. Le PP s'impose avec 35,8% des voix.
Dans la région de La Rioja, la liste Podemos-IU recule à 5,07% (6,58% en 2019) et conserve ses deux sièges. Dans la région, le PP est en tête avec 45,44% des voix (32,73%) et prend la première place au PSOE qui remporte 31,92% des suffrages (38,28%). VOX avec 7,57% entre au parlement régional (2 sièges).
En Navarre, la liste d'union entre Podemos, IU et d'autres organisations de gauche, CNZN, remporte 6,08% des voix. Les listes de Podemos et de IU, divisée en 2019, remportaient 4,74% et 3% des suffrages lors du dernier scrutin. La liste conserve les trois sièges gagnés séparément la dernière fois (2 Podemos et 1 IU). C'est l'Union du peuple navarrais (droite autonomiste) qui termine en tête du scrutin avec 27,92% des voix (36,52% en 2019, dans le cadre d'une liste large). Le PSN-PSOE est à la seconde place avec 20,7% des voix (20,6%) et il maintient sa position. La troisième position est prise par les indépendantistes de gauche basques EH Bildu qui remportent 17,28% des voix (14,61%), ils devancent les indépendantistes basques de centre-gauche de Geroa Bai (13,29%). La droite espagnole (PP) fait son retour au parlement avec 7,19% des voix. VOX entre au parlement régional avec 4,28% des voix.
En Aragón, la gauche radicale est divisée lors de ce scrutin. Podemos perd 4 de ses 5 sièges et ne remporte que 3,98% des voix (8,1% en 2019). IU, avec 3,1% des voix (3,32% en 2019) conserve son siège. Dans la région, le PP s'impose en tête avec 35,55% des voix (20,86%) devant le PSOE qui remporte 29,51% des voix (30,83%). VOX prend la 3ᵉ place avec 11,25% des voix (6,07%).
Dans la Communauté de Valencienne, la gauche radicale perd tous ses sièges (-8) au parlement régional. La liste d'union entre Podemos et IU remporte 3,5% des voix (7,97% en 2019). C'est la droite (PP) qui s'impose avec 35,37% des voix (18,88% en 2019) loin devant le PSOE qui progresse à 28,35% des voix (23,87%). La coalition autonomiste de gauche, Compromís, maintient sa 3ᵉ place avec 14,3% des voix (16,45%) et devant VOX (12,41%).
En Murcie, Podemos conserve ses 2 sièges avec 4,68% des voix (5,55% en 2019). Dans la région, le PP dispose d'une majorité seul et remporte 42,84% des voix (32,36%). Le PSOE perd le leadership avec 25,6% des voix (32,43%). VOX progresse avec 17,72% des voix (9,46%).
En Extremadure, dans ce bastion du PSOE, les sociaux-démocrates sont sérieusement mis en ballotage par la droite. Le PSOE remporte 39,89% des voix (46,73% en 2019) et le PP recueille 38,85% des suffrages (27,49%). VOX prend la 3ᵉ place avec 8,12% des voix (4,7%) devant Podemos qui tombe à 5,98% contre 7,18% en 2019.
En Castille et Mancha, le PSOE est en tête avec 45,06% des voix (44,11% en 2019) et le PP progresse à 33,65% des suffrages (28,55%). VOX est troisième avec 12,83% des voix (7,02%). Podemos recule avec 4,14% des voix contre 6,9% en 2019.
Dans les Baléares, PP détrone le PSOE (35,83% contre 26,5%), VOX prend la 3ᵉ place avec 13,9% des voix. Les autonomistes catalans de Més per Mallorca remportent 8,35% des voix et la coalition IU-Podemos, jadis dans son bastion, tombe à 4,4% des suffrages.
Dans les Canaries, le PSOE recule à 27,17% des voix, les autonomistes progressent à 21,84%, PP remporte 19,4% des voix. La gauche perd tous ses sièges en passant de 9,8% à 3,92%.
Enfin, dans la région de Madrid, la droite s'impose très largement avec 47,34% des voix (44,73% en 2021). Les populistes de Mas Pais (scission de Podemos initiée par Íñigo Errejón et l'ancienne maire de Madrid, Manuela Carmena) conserve la 2de place avec 18,35% des voix (16,97%). Le PSOE remporte 18,19% des voix (16,85%). VOX recule à 7,31% contre 9,13% en 2021 et Podemos s'effondre à 4,73% contre 7,21% en 2021 (perte de ses 10 sièges).
Fin de populisme de gauche
Face à ces résultats, le Premier ministre a décidé de convoquer des élections législatives anticipées. Pedro Sanchez jouera sa carrière politique le 23 juillet. Il sera confronté à la montée de la droite (PP), qui récupère les voix de Ciudadanos, et à la poussée de l'extrême droite de VOX. Mais ces élections sont aussi la déroute de la gauche radicale incarnée par Podemos et Sumar (IU, Yolanda Diaz). Sumar et Podemos se retrouvent confrontés à une perte de soutien électoral majeur. La formation fondée par Pablo Iglesias perd ses sièges dans la Communauté de Madrid et également du parlement du Pays de Valence, et ne pourra être présente que dans l'un des six exécutifs régionaux dont elle faisait partie jusqu'à présent. Diaz et Ione Belarra n'ont que dix jours pour trouver un accord qu'ils n'ont pas pu conclure en un an. En Catalogne, Ada Colau n'a pu arriver que troisième lors des élections municipales et cette fois-ci, Manuel Valls ne pourra pas la sauver.
Pedro Sánchez a tiré profit des quelques réformes progressistes gagnées, notamment la loi logement, l'augmentation du salaire minimum, la réforme des retraites ou la réforme du travail. L'action législative prévue est déjà pratiquement achevée, à l'exception de certaines réformes qui n'ont pas pu avancer comme la loi du bâillon. Les mesures économiques du gouvernement espagnol ont permis à l'Espagne de faire face à la crise du Covid, à de bonnes données économiques, une inflation relativement maîtrisée. Pendant la campagne électorale, le PSOE a revendiqué ce travail du gouvernement. Ce qui va expliquer la stabilité des scores du PSOE en Espagne. Paradoxalement, les grands perdants sont Podemos et Yolanda Diaz.
La gauche radicale est entrée dans une fin de cycle. Il n'y a plus aucune dynamique de terrain, plus aucune perspective face à un bipartisme reconstitué entre le PSOE et le PP. De plus, VOX s'organise durablement dans le paysage politique.
Le cycle du populisme de gauche, initié par Pablo Iglesias, est désormais clos. Il laisse le sentiment d'un échec total, celui d'avoir échoué à prendre le pouvoir, celui d'avoir échoué à maintenir une dynamique de mobilisation populaire, celui d'avoir échoué au gouvernement. Toutes les avancées gagnées dans la coalition avec le PSOE n'ont finalement bénéficié qu'au PSOE et l'apport d'UP n'aura pas fait changer structurellement les rapports de force en Espagne.