Pourquoi, après les élections et la mise en place des nouvelles autorités démocratiquement élues la guerre continue ?

Les autorités légitimes font leurs premiers pas, elles tentent de remettre en place de structures de gestion et mènent des opérations de combat. La trêve établie suite à l'accord de Minsk, à tout moment peut être rompu. Puis le sort des deux républiques dépendra de l'interaction entre les autorités civiles de l'Etat et les commandants de la milice. Je suis sûr que les milices et le gouvernement vont protéger la liberté du peuple.

Sur la ligne de front qui passe via la LNR, l'accord Minsk semble être respecté à la différence de la République populaire de Donetsk. Est-ce que cette situation est plus profitable à la République populaire de Lugansk dans la situation actuelle ?

Nous ne sommes plus soumis aux bombardements, ils sont sont moins intenses qu'en DNR, pour une raison simple: Les milices de Lugansk ont réussi a réussi à repousser les agresseurs bien au-delà de la capitale, la plaçant hors de portée de l'artillerie. Par conséquent, nous avons plus de chances que nos voisins, nous pouvons reconstruire les infrastructures détruites. A Lugansk nous avons restauré toutes les chaufferies, nous avons rétabli les canalisations, et l'électricité. Ces travaux sur les conduites, dans les réseaux d'électricité et de chaleur ont permis de lutter aussi contre la vétusté des réseaux. Ces travaux ont été mené par les autorités civiles et militaires.

Dans tous les cas, la question du pouvoir est aussi importante. Quelle est l'influence politique et militaire des communistes dans le pays ?

Nos représentants sont partout, dans les ministères, notamment dans le ministère de la Défense, dans les bureaux et les structures administratives des villes et des districts. Mais le but des communistes n'est pas de prendre le leadership. Nous occupons des postes de commandement dans la milice, et notamment lorsqu'il a fallu organiser la résistance face à l'envahisseur. Les responsables du Parti des régions (du Président déchu Ianoukovitch) ont fuit lors des offensives de l'armée ukrainienne. Maintenant, la situation est stabilisée, et beaucoup d'entre eux sont revenus pour tenter de reprendre leurs anciennes places. Mais nous savons ce qu'ils sont. Alors qu'ils désertaient, ont émergé de nouveaux dirigeants politiques et militaires. Par exemple, dans la ville de Sverdlovsk, la milice est commandée par le Premier secrétaire du Comité de ville du Parti communiste, et du haut de ses 30 ans il a remporté de nombreux succès sur le terrain.

Les communistes à Lugansk malgré les circonstances difficiles ne renoncent-ils pas ? Les adhérents quittent-ils le parti ?

Les communistes continuent de se battre, et dans la clandestinité dans les zones que la milice a été forcé de quitter après de violents combats. Un exemple de courage pour les communistes c'est Sophia Belov, 90 ans. Le SBU a concocté une affaire criminelle contre elle, les services secrets ont monté des accusations de trahison et de violation de la sécurité nationale de l'état. Mais cette vétéran du parti, pendant son procès n'a pas arrêté ses activités politiques : au cours de la campagne électorale elle a distribué des tracts pour soutenir les candidats du Parti communiste.

Pendant l'occupation, tous les dirigeants locaux du Parti communistes et de nombreux militants communistes ont été arrêté et torturé. Le dirigeant communiste de la ville de Stakhanov, Victor Zhorzhevich Sinyaev, a été arrêté à un barrage par des soldats du bataillon "Aydar" (Garde nationale) et il a été amené à Severodonetsk, où le SBU l'a torturé et a brûlé son corps du fer rouge. Le leader communiste de la région de Stanichno, Viktor Ivanovich Arkhipov, a aussi été torturé par le SBU. Il y a de très très très nombreux exemples.

Les communistes sont-ils en mesure d'être défendus devant les tribunaux ? Y a t-il une violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales en Ukraine?

Le Premier secrétaire du comité régional de Lugansk du Parti communiste, Spyridon Kilinkarov, est resté sur le territoire de l'Ukraine pour fournir une assistance juridique aux camarades accusés. Les avocats ont dû être exfiltrés de Lugansk et de Donetsk car aucun avocat de Kiev, craignant des représailles de la part du "Pravy sektor" et d'autres organisations nationalistes, n'osent venir défendre les communistes arrêtés dans le Donbass.

A la TV ukrainienne des scènes de "joie" ont été diffusé après la "libération" de Slaviansk et Kramatorsk qu'en est-il ?

Aujourd'hui dans les zones occupées de la République Populaire de Lugansk, les occupants envoient vers les régions occidentales de l'Ukraine les morts aux combats, des tapis, des appareils électroménagers, des ustensiles de cuisine. Ils se comportent comme les nazis avec le peuple soviétique, ils pillent. En réalité peu de personnes sont satisfaites de la présence des militaires ukrainiens. La joie sur les visages reviendra quand nous chasserons les envahisseurs des territoires temporairement occupés.

Et dans la région de Kharkov c'est abattu un sabbat, on y détruit les monuments soviétiques, les communistes sont torturés. Alors que la région est pro-russe pourquoi les nationalistes ont un tel poids ?

A Kharkov, il existe une grande sympathie pour la Russie. Sauf que les partisans d'Euromaïdan des régions de Lugansk ont fuit à Kharkov et les partisans de Bandera, venus des régions occidentales, sont arrivés en masse. Ils ont le soutien et la complicité des forces de sécurité pour imposer "leur terreur". Mais Kharkov est difficile à intimider. Le comportement courageux d'Alla Alexander (Première secrétaire du CR du KPU), les actions de la "milice de Kharkov" et d'autres groupes de résistance clandestins montrent que la lutte est possible. En réalité des mouvements de partisans existent dans d'autres régions de la Nouvelle Russie.

Quelles est, à votre avis, l'avenir des deux républiques autoproclamées ?

Même si les troupes de Kiev engagent de nouvelles offensives pour étouffer la DNR et la LNR, les milices vaincront. La viabilité des deux républiques du Donbass dépend du soutien russe, de la situation politique et militaire dans les autres régions du sud-est, et de la montée d'un sentiment d'opposition dans le pays.