Paul Vaillant-Couturier, né le 8 janvier 1892, décédé le 10 octobre 1937
Né dans une famille d'artistes lyriques, Paul Vaillant-Couturier poursuit ses études jusqu'à la licence d'histoire et le doctorat en droit. Ses premières ambitions sont littéraires. Il écrit en 1912 et 1913 un recueil de poèmes (publié aux Edtions du Temps Présent) et deux pièces de théâtre, jouées par des troupes en province.
Il participe à la Première Guerre mondiale de 1914 à 1919 (il est démobilisé tardivement en octobre). Entré dans la guerre dandy et croyant, il en sort socialiste et pacifiste. Il est en 1914 sous-officier dans l'infanterie; il termine la guerre sous-lieutenant dans l'artillerie d'assaut. Pendant la guerre de 1914, il est blessé une première fois par éclat d'obus en septembre 1915, pendant la grande offensive de Champagne, puis une seconde fois en juillet 1918, il est gazé à bord son char. Son courage lui vaut cinq citations à l'ordre de l'armée ainsi que la médaille militaire. Son pacifisme qu'il manifeste à travers des articles de presse n'est sanctionné par la hierarchie militaire qu'in extremis le 2 novembre 1918. Il lui vaut alors 30 jours de forteresse. Les paroles de la « chanson de Craonne » ont été retranscrites et publiées par Paul Vaillant-Couturier dans son livre, la guerre des soldats. Cette chanson, chantée par les « mutins » lors des événements d'avril-juin 1917, interdite par le commandement, est devenue ensuite l'un des grands hymnes du pacifisme.
En décembre 1916, il adhère à la SFIO. Son expérience de journaliste se réduit alors à quelques participations à des revues de jeunes artistes du début du siècle.
Avec Henri Barbusse, en 1917, il crée l'Association Républicaine des Anciens Combattants puis en 1919, Clarté, une revue et un groupement qui cherche à regrouper des membres des professions intellectuelles et artistiques. Dans les deux cas, il s'agit d'organiser des hommes (et des femmes) en marge et au-dessus des partis politiques et des associations existantes au nom de la paix des peuples à construire. En janvier 1917, il entre à la rédaction du Canard enchaîné. Le 18 et 25 juin 1919 sous le titre « De l'inutilité du poilu pendant la guerre », il se livre dans ce journal à une analyse à chaud de la guerre et dénonce la paix « impérialiste » et belligène que les chancelleries allaient imposer à l'Allemagne. Il développe aussi le thème d'un « poilu imaginaire », fabriqué de toutes pièces par l'arrière et celui de la fraternité d'armes entre adversaires ayant vécu les mêmes souffrances. Il entre ensuite à l'Humanité en 1920 lorsque commence dans les rangs de parti Socialiste SFIO la bataille pour l'adhésion à la IIIe Internationale.
Il est élu député de Paris en 1919. Après le congrès de Tours en 1920, dont il est l'un des orateurs, il participe à la fondation du Parti communiste français, il est de la tendance de gauche de Souvarine et Rosmer. La bolchévisation le sépare de ses compagnons, mais ne l'amène pas à les renier, ce qui lui vaut une première mise à l'écart temporaire des organismes dirigeants du Parti Communiste. Sa grande popularité acquise dans les meetings où il excelle à galvaniser les foules, lui permet d'être réélu en 1924 à la tête de la liste communiste dans le département de la Seine, en banlieue. C'est en prison où ses articles contre le fascisme mussolinien, l'ont conduit, qu'il apprend son élection à la tête de la liste communiste à Villejuif aux élections municipales de 1929, une candidature imposée par la direction du Parti Communiste et qu'il tente de refuser, en vain. Elu maire ensuite, il est réélu en 1935 et le reste jusqu'en 1937. Il devient également, la même année, conseiller général, et en mai 1936, au premier tour, député de la circonscription de Villejuif.
Rédacteur en chef éphémère d'un quotidien communiste du soir L'internationale, entre septembre 1923 et janvier 1924, le même poste lui échoit à L'Humanité d’avril 1926 à septembre 1929, puis officiellement à nouveau de juillet 1935 à sa mort subite en 1937, mais officieusement dès mai 1934, grâce à l'appui de Maurice Thorez, et de Marcel Cachin. En tant que rédacteur en chef du quotidien communiste, il assiste aux réunions du Bureau Politique. Les deux fois, il propose des modifications substantielles pour faire du journal d'opinion également un journal d'information. Pour cela, il sollicite des collaborations d'intellectuels membres ou proches du mouvement communiste. Ces choix journalistiques et la dynamique du mouvement font de l' Humanité le principal journal du Front Populaire.
Pour l' Humanité, il réalise aussi de grands reportages sur l'URSS du plan quinquennal, en 1931 et 1932, sur la Chine, en 1933, sur l'Espagne en 1934 et en 1936-1937. Pour le journal communiste, ce sont les premiers du genre. De même, il lance en 1935 de grandes enquêtes aux thématiques sociales et culturelle : les jeunes et la crise économique, la famille, l'aviation populaire. Elles prolongent son oeuvre dans les rangs de l'AEAR, l'Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires qu'il a fondé en 1932 et qui a contribué à la naissance du mouvement de Front Populaire dans les milieux intellectuels.
Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, à côté d'Henri Barbusse, en face du Mur des Fédérés. Il est le premier dirigeant du PCF auquel cet honneur est rendu.