« Nous ne nous retrouvons pas dans cette Europe ultralibérale. Et contrairement à ce que déclament nombre de candidats dans la presse, la Martinique n'est pas l'Europe » , affirme Michel Branchi, membre du bureau politique en charge des questions économiques.

Parmi les griefs que le PCM énonce à l'adresse de l'Union Européenne, non seulement la politique d'austérité, mais surtout l'absence d'une reconnaissance claire de « l'identité » de la Martinique. « L'article 349 du Traité de l'Union reconnaît nos spécificités physiques, comme l'insularité, l'étroitesse et l'éloignement. Mais notre identité socio-économique ne parait nulle part dans cet article soi-disant vertueux. »

« UN ASSIMILATIONNISTE PARTISAN DE L'EUROPE TROPICALE »

Et c'est en rappelant l'axiome du Parti communiste « la responsabilité politique et l'autonomie pour la Martinique » , que le porte-parole du bureau politique entend reposer la consigne de vote.

« Nous ne sommes pas des partisans de l'abstention politique. Mais une nouvelle disposition électorale est en vigueur à l'occasion de ces élections européennes : c'est le vote blanc. C'est le choix que nous faisons. Nous appelons les Martiniquais à voter blanc. Cela pour dire que la Martinique n'est pas l'Europe, mais est concernée par une Europe humaniste et progressiste. »

Georges Erichot, le secrétaire général du PCM, prit la parole pour souligner l'importance de cette consigne de vote. « Cette Europe ne nous reconnaît pas. Et nos priorités ne seront défendues au Parlement européen par aucun candidat. Nous voterons donc blanc. »

En réalité, le Parti communiste Martiniquais ne pouvait pas appeler à voter pour une liste « Union des Outre-mer » qui accueille un représentant du parti progressiste, fut-elle soutenue par le Parti communiste réunionnais. Encore moins lorsque ce candidat s'appelle Jean Crusol. « Oui, nous ne pouvons pas voter pour un homme qui est partisan de l'Europe tropicale. Il est assimilationniste. Il l'a toujours été. Il a voté contre la responsabilité en 2003, en 2010. Sa ligne politique constante est contraire à la nôtre. Nous ne pouvons pas voter pour lui » , déclare alors Michel Branchi.

Cependant, le vote blanc ne pénalisera pas uniquement le candidat Crusol, mais et surtout la liste « Union des Outre-mer » . Georges Erichot, le sachant, trouve la parade. « Le PCR est très fluctuant sur la responsabilité, ligne politique que nous partagions jusqu'ici. Nous ne pouvons pas voter sur ce flou politique! » Serait-ce la rupture entre deux partis jusqu'ici « frères » , ou une fâcherie momentanée ? C'est, pour le moins, une situation inédite dans l'histoire des partis communistes d'outre-mer.

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