Il y a cinquante ans, le 11 avril 1964, 32 membres du Conseil national du Parti communiste d'Inde décident de quitter une réunion du Conseil national, ils quittent la salle en signe de protestation, accusant Dange (représentant l'aile "nationaliste du CPI et favorable au soutien de Jawaharlal Nehru) et ses sympathisants de mener une « politique anti-unitaire et anti-communiste ». Ils souhaitent refonder le Parti communiste sur la base d'un nouveau programme. (Sur les 32 membres du Conseil national, seulement deux sont encore vivant aujourd'hui : VS Achuthanandan et N Sankariah.)

Une rupture contre le "révisionnisme", contre le "sectarisme"

1- Le refus de s'allier avec le Congress

L'Inde indépendante de Jawaharlal Nehru établit des relations étroites et un partenariat stratégique avec l'Union soviétique. Dans le cadre de cette alliance il est demandé aux communistes indiens de modérer les attaques contre l'Indian national Congress. C'est à ce moment que l'aile gauche du CPI commence à exprimer ces doutes, une grande partie du CPI revendique l'idée que l'Inde est encore un pays semi-féodal et que la lutte des classes ne peut pas être étouffée au profit des intérêts de la politique commerciale et étrangère soviétiques.

De plus les communistes sont victimes de persécutions dans le pays. Au même moment, en 1959, le gouvernement central intervient pour imposer la "Loi présidentielle" au Kerala, renversant le cabinet du communiste Namboodiripad, le premier chief minister non issu du Parti du Congrès.

2- Le refus de soutenir l'Inde contre la Chine communiste

Les conflits entre le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) et le Parti communiste chinois (PCC) touchent aussi les communistes indiens, d'autant plus que les relations sino-indienne se détériorèrent aussi, et aboutissent à la guerre sino-indienne de 1962.

Pendant cette guerre, une fraction des communistes indiens soutient la position du gouvernement indien, tandis que d'autres branches du parti affirment qu'il s'agissait d'un conflit entre un État socialiste et un État capitaliste. Trois tendances vont cohabiter au sein du parti communiste: les internationalistes (qui vont soutenir la Chine, base du futur CPIM), les centristes et les nationalistes.

Une tentative de "compromis" est proposé en 1962 avec Dange (aile nationaliste) au poste de Président du parti et Namboodiripad (aile internationaliste) à celui de Secrétaire-général. Mais en vain puisque le 11 avril 1964, 32 membres du Conseil national du Parti communiste d'Inde décident de quitter une réunion du Conseil national pour lancer la fondation du CPIM.

Le congrès de Calcutta et la fondation du CPIM

Les 32 membres du CN du CPI tiennent une organise une convention à Tenali (Andhra Pradesh) du 7 au 11 juillet et cette dernière décide de convoquer le 7ème congrès du CPI à Calcutta.

Le Congrès de Calcutta a lieu entre le 31 octobre et le 7 novembre au Tyagraja Hall dans le sud de Calcutta. Simultanément, le groupe de Dange convoque un Congrès du CPI à Bombay. Ainsi, le mouvement communiste se divise en deux parties. Le groupe réuni à Calcutta adoptera plus tard le nom de «Parti communiste indien (marxiste)», afin de se différencier du groupe de Dange.

Au total, 422 délégués prennent part au Congrès de Calcutta. Le CPIM affirme qu'il représente 104.421 membres issues du CPI, soit 60 % du total des membres du parti. Lors du congrès de Calcutta, le Parti communiste d'Inde marxiste adopte une analyse de classe sur le caractère de l'État indien, et affirme que la collaboration entre la grande bourgeoisie indienne et l'impérialisme va croissant.

Le CPIM aujourd'hui

Aujourd’hui le CPIM compte 1.065.406 adhérents (en 2013), essentiellement réparti sur le Bengale-occidental, le Kerala et le Tripura. Son Secrétaire général est Prakash Karat (66 ans).

Le CPIM dispose de 9 élus à la Lok Sabha (Assemblée) et 9 élus à la Rajya Sabha (Sénat).

Son journal est le "People's Democracy" disponible en 6 éditions (New Delhi, Calcutta, Hyderabad, Chennai, Agartala, et Kochi).

Son aile de jeunesse se divise en deux branches :
- La "Democratic Youth Federation of India" (DYFI) 16,2 millions d'adhérents
- La "Students' Federation of India" (SFI) 5 millions d'adhérents et 40 collèges d'écoles ou universités contrôlés

Le CPIM dispose d'une organisation féministe, la "All India Democratic Women's Association" forte de 10 millions de membres.
Le CPIM dirige le syndicat CITU (Centre of Indian Trade Unions) qui rassemble 3,2 millions de travailleurs syndiqués.
Le CPIM dirige le front paysan "All India Kisan Sabha (Ashoka Road)" qui rassemble 1,4 millions d'agriculteurs et ouvriers agricoles. Au tripura, le CPIM anime le "Ganamukti Parishad", une front de lutte pour les droits des tribus qui rassemble 70.000 membres.