Les sanctions internationales contre la Fédération de Russie visent à détruire tout le système financier du pays. Et les premières victimes seront les populations avant les oligarques où les premiers dirigeants du régime.
Les opérations de dénazification et de démilitarisation de l'Ukraine (terme officiel employé pour parler de la guerre en Ukraine) pourraient conduire la Russie dans une grave crise économique.
Selon les premières données, les sanctions ont fait fait chuter la valeur du rouble et - à vérifier - devraient entrainer un défaut de paiement. Une situation plutôt dramatique qui rappelle la crise de 1998.
Sauver de la ruine la classe possédante de la Russie oligarchique
Le 4 mars, le parlement russe s'est réuni en session plénière extraordinaire pour adopter des lois dans une situation de crise.
S'exprimant au nom de la faction du Parti communiste, Nikolai Kolomeitsev a noté que les propositions du gouvernement sont faibles et qu'elles se résument à "donner un maximum de liberté au gouvernement et à la Banque centrale". Les grands groupes privés sont protégés et aucune nationalisation (notamment pour la Sberbank et Gazprom) n'est envisagé. 46% des actions de Sberbank sont détenues par les Américains et les Britanniques. Et ils ont reçu 475 milliards de roubles de dividendes rien qu'en 2020. Même situation avec Gazprom où 49% des actions de la société sont en certificats de dépôt américains, sur lesquels des dividendes d'un montant de 300 milliards de roubles ont été reçus au cours de la même année 2020. 5000 milliards de roubles partent de Russie vers des sociétés offshore. Il n'y aura donc aucun avantage à "l'amnistie des capitalistes", "personne ne permettra qu'un seul centime soit récupéré, car tous les comptes des sociétés offshore sont gérés par des banques américaines et britanniques".
Le député communiste note que "de l'or est exporté de Russie depuis deux ans, et pas une once ne rentre dans les coffres", il énumère les faits témoignant de la défaite financière et économique organisée par le gouvernement. A noter que le gouvernement a supprimé la TVA sur l'achat d'or, une mesure qui ne bénéficiera qu'aux plus riches.
Des millions de citoyen.ne.s russes qui reçoivent une pension de retraite dérisoire, des bourses d'études insuffisantes, des allocations de chômage misérables sont les grands oubliés du gouvernement. Le Parti communiste estime que "ces mesures qualifiées d'anticrise ne visent qu'à sauver de la ruine la classe possédante de la Russie oligarchique".
1998 : Les communistes sauvent la Russie d'un défaut de paiement
Depuis 1992, la Russie est réformée (à coup de canon) et se voit imposée une marche forcée vers le capitalisme. Tout ce qui faisait la force de l'Union soviétique est détruit, l'économie s'effondre, le niveau de vie s'effondre, la guerre (Tchétchénie) ruine le pays et les salaires & retraites ne sont plus payées.
La crise financière russe (également appelée crise du rouble ou grippe russe) frappe la Russie le 17 août 1998. Elle conduit le gouvernement russe et la Banque centrale à dévaluer le rouble et à faire défaut sur sa dette. Cette crise a de graves répercussions sur les économies de nombreux pays voisins.
Contre l'avis de Boris Eltsine, la Douma nomme comme chef de gouvernement le ministre des Affaires étrangères Yevgeny Primakov à une écrasante majorité le 11 septembre 1998.
Primakov va s'entourer de ministres communistes et ils vont mener une politique qui va rétabli la stabilité économique du pays. Le paiement des salaires et des pensions devient la première priorité de son gouvernement.
A la surprise générale, la Russie rebondi très rapidement après le krach financier d'août 1998. La dévaluation du rouble et l'augmentation des prix du pétrole ont permis à la Russie de tenir le choc.
Guennadi Ziouganov, Président du Comité Central du Parti Communiste de la Fédération de Russie (KPRF) se rappelle :
"Notre programme a sauvé le pays après le défaut de paiement de 1998. À cette époque, Primakov, Maslyukov et moi n'avions pris que 3 mesures : nous avons stoppé les sorties de capitaux, interdit l'augmentation des prix du carburant et commencé à accorder des prêts ciblés sans intérêt aux entreprises industrielles. Et tout a fonctionné !"
Malheureusement le 12 mai 1999, alors que la situation économique est rétablie, Boris Eltsine limoge le premier ministre Primakov, lui reprochant sa proximité avec le Parti communiste et surtout son refus de limoger les ministres communistes. Le limogeage de Primakov est extrêmement impopulaire auprès de la population russe et pour éviter un impeachment, Eltsine passe le pouvoir à son dernier Premier ministre, Vladimir Poutine.
"La réponse à la pression extérieure devrait être un changement radical de politique intérieure"
Alors que les conditions économiques se rapprochent de celles de 1998, le Parti communiste appelle à une grande réforme économique.
La première des choses, il appelle à mener des politiques contre les profiteurs de guerre et les spéculateurs financiers. Pour cela il développe la nécessité d'encourager l'industrie et l'agriculture, la science et l'éducation, la santé publique et la culture.
Dans le contexte des sanctions occidentales, le Parti communiste propose plusieurs séries de mesures :
- Développer l'industrie et l'agriculture pour ne plus dépendre des importations.
- Dédollarisation de l'économie.
- Lutte contre l'évasion fiscale.
- Nationalisation des secteurs stratégiques de l'économie,
- Utilisation des ressources naturelles au profit du développement.
- Planification de l'économique.
Cette politique doit s'accompagner de garanties démocratiques comme la fin de la répression politique et les fraudes électorales.
Le Parti communiste de la Fédération de Russie est prêt à exercer le pouvoir. Comme en 1998, il appelle à l'unité pour obtenir des changements majeurs en Russie et pour protéger les intérêts du peuple et non des oligarques au pouvoir.
Depuis 2014, et l'intégration de la République de Crimée, la Fédération de Russie est habituée aux sanctions économiques. Les dernières sanctions ont eu deux effets : Renforcer l'agriculture russe, notamment au bénéfice des fermes collectives socialistes (kolkhozes) et renforcer le Parti communiste du fait des politiques antisociales menées le gouvernement pour maintenir le niveau des profits des oligarques.
Les sanctions de 2022 font revivre le spectre de la crise de 1998, et le Parti communiste est prêt à prendre ses responsabilités pour mettre en application son programme en 10 points pour une Russie socialiste.