Les débats au PSOE, avant la crise de la Seconde Internationale et l'influence de la révolution d'octobre en Espagne, dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, se sont reflétés dans de nombreuses publications faisant référence aux partisans de l'adhésion à la nouvelle Internationale. Communiste. Ce furent des années de confrontation politique et idéologique aiguë, avec la création de différents groupes qui conduiront à la fondation du PCE en novembre 1921. Les premiers organes de presse du PCE s'appelaient La torcha et El comunista, publié depuis septembre 1923 dans les conditions d'un régime dictatorial qui persécuta durement les communistes.
Dans la situation difficile du communisme dans le pays, tout n'a pas été causé par la répression. Le sectarisme et la faiblesse politique des premières années de fonctionnement se reflétaient clairement dans ces premières publications. Le premier numéro de Mundo Obrero parut le 23 août 1930. Ce fut un moment clé de l'histoire de l'Espagne, après l'échec de la dictature de Primo de Rivera et la crise politique que le régime monarchique tentait de canaliser. L'apparition du nouveau journal est un autre élément de la reprise du PCE, qui mettra encore plusieurs années à devenir une force politique déterminante.
Depuis, Mundo Obrero a accompagné l'action politique du PCE. La formation du Front populaire et la résistance au coup d'État de juillet 1936, porteront Mundo Obrero à la période de sa plus grande influence, en parallèle le PCE a conquis des positions nouvelles dans la société espagnole. Dolores Ibárruri a exprimé avec précision les particularités du journalisme révolutionnaire, qui, bien qu'il se réfère à la période de la guerre, peut bien être appliqué à d'autres moments historiques: "Les rédacteurs de Mundo Obrero et Frente Rojo ont fourni un travail intense et fructueux, parfois pas exempts d'erreurs dues à l'excès de combativité, au manque de journalistes matures qui se formaient pas à pas dans nos médias".
Lettres clandestines
Le triomphe militaire des rebelles et la dictature prolongée de Franco ont radicalement changé les conditions du travail politique et, par conséquent, celles du journal communiste. Ce furent des années difficiles où l'effort de communication depuis l'exil se combinait avec les informations fournies de l'intérieur, l'envoi de documents de l'étranger avec la publication risquée en toute clandestinité. Malgré tout, Mundo Obrero n'a cessé de paraître, un exploit que peu de journaux peuvent présenter dans l'État.
Un exemple qui donne une idée de l'effort de ces années est le travail effectué dans les prisons, où des copies rudimentaires ont été publiées pour montrer que la lutte se poursuivait, pour faire face à la répression de la dictature avec la liberté d'un militantisme que rien ne pouvait arrêter. Certains de ces numéros de Mundo ObreroI ont été composés à la main suivant le modèle et les directives des exemplaires publiés en exil et envoyés à l'intérieur, contournant les contrôles de police. L'exposition Letras clandestinas, organisée par l'imprimerie municipale de la mairie de Madrid entre avril et octobre 2016, a montré quelques résultats de cette période. Beaucoup de ces exemplaires se trouvent aux Archives historiques du PCE et constituent un monument à la capacité de résistance dans la lutte pour la liberté et la justice sociale dans notre pays.
Au cours de ces années, c'était l'expression des luttes sociales qui ont été réduites au silence par le pouvoir (activités de guérilla, grèves, manifestations durement réprimées), ce qui n'a pas tellement changé avec le régime constitutionnel, avec les médias aux mains des intérêts très spécifiques. Par conséquent, il reste une source essentielle pour celles et ceux qui veulent se documenter sur le passé le plus récent.
Un journal pour la lutte sociale
Compte tenu du caractère du Mundo Obrero, il a toujours conjugué journalisme et militantisme, il n'a jamais empêché la libre expression des points de vue. Il a collaboré avec des professionnels tels que Manuel Navarro Ballesteros, Armando López Salinas, Trinidad Torrijos, Miguel Bilbatúa ou María Toledano, pour citer juste quelques-uns de ses collaborateurs les plus connus.
Pendant des années, les militants&militantes communistes ont été reconnus pour porter le journal sous leurs bras, pour le partager avec des collègues de travail ou d'étude, pour la distribution enthousiaste sur les places ou à l'entrée des usines, pour discuter des éditoriaux dans la cellule. Ce sont des images qui font déjà partie d'une identité collective, comme cette photographie de Mundo Obrero avec la nouvelle de la légalisation du PCE. Aujourd'hui, les conditions d'édition et de distribution ont changé mais, bien que les médias soient différents, l'essence reste la même. Un journalisme qui rend compte de ce que les médias officiels essaient d'éviter, un espace libre d'opinion, sans censure, un haut-parleur pour la pensée critique.
Le journal s'engage dans un processus de renforcement clairement visible, avec plus de contenu et une plus grande diffusion, qui combine son édition papier avec l'édition numérique; le centenaire du PCE sera une bonne occasion de se souvenir de son caractère, pour étendre son influence et en faire le meilleur instrument de lutte sociale et politique; en août, seront commémorés les quatre-vingt-dix ans de sa première apparition, une occasion de se souvenir, de défendre et de continuer à rapporter à chaque nouvelle édition, que le rêve d'une société plus juste et libre est possible.
Mundo Obrero