L’inquiétant résultat du Front National est d’abord la conséquence du travail de son meilleur agent électoral, le ministre Besson. Le PCF exige à nouveau la suppression du ministère de l’identité nationale. Ce résultat de l’extrême droite rend plus nécessaire que jamais la construction d’une véritable politique sociale et solidaire sans laquelle sa propagande haineuse continuera de tromper une partie de l’électorat.
Dans le même temps, l’abstention reste forte.
Pour une part, elle est le fruit du désaveu de l’électorat traditionnel de la droite à l’égard des ribambelles de ministres-candidats et des irruptions continuelles du Président en tout domaine sans que ses interventions ne soient suivies de la moindre concrétisation positive pour le monde du travail et pour le pays.
Mais plus fondamentalement cette abstention massive est le signe du discrédit durable des discours politiques dominants jugés inefficaces ; la traduction d’un manque d’alternative crédible à la politique impitoyable de ceux qui dominent. Les femmes et les hommes qui s’abstiennent – notamment dans les quartiers populaires – ne le font pas par indifférence. Ils et elles se sont constitués peu à peu des raisons de ne pas aller voter. C’est un défi que la gauche se doit de relever. Rétablir la confiance appelle des actes politiques et des choix budgétaires qui permettent de redonner confiance dans l’intervention publique.
Nous voulons tout de suite remercier les militantes et les militants de toute la gauche, avec ou sans carte, qui se sont dépensés sans compter pour faire fructifier cette semaine les résultats de dimanche dernier. Parmi eux les militants du Parti communiste et du Front de Gauche ne se sont pas épargnés. Ils et elles méritent d’être salués.
Cette victoire, c’est la victoire de toute la gauche, c’est la victoire de tous à gauche.
Le Front de Gauche a contribué à ce résultat. Il constitue aujourd’hui sans conteste une des trois forces qui, ensemble, ont permis le succès.
Cette victoire donne avant tout de grandes responsabilités à celles et ceux qui demain vont animer les politiques régionales.
Il s’agit tout à la fois de développer des politiques utiles à nos concitoyen-ne-s et de leur redonner espoir dans une gauche de combat capable de donner à voir des politiques différentes des logiques dominantes appliquées depuis des années à la tête du pays. Les succès futurs de la gauche dépendent pour une large part de cette démonstration.
Nous entendons bien être de ce combat.
Nous devons être aux côtés de celles et ceux qui luttent.
Dès mardi prochain, 23 mars, nous manifesterons avec les salariés du privé et du public qui seront dans la rue, unis syndicalement autour d’exigences fortes sur les retraites, les salaires, l’emploi, les conditions de travail et le service public.
Nous serons aux côtés des salarié-e-s de la poste, des hôpitaux et de l’APHP, aux côtés des associations de locataires et du droit au logement contre les expulsions, solidaires des maires qui ont pris des arrêtés anti- expulsions.
Et la semaine prochaine, le 29 mars, nous défilerons avec les organisations des salariés et des employeurs de la culture, avec les artistes et les acteurs de ce champ d’activité pour exiger une réévaluation de l’intervention publique en faveur des arts et de la culture et de façon indissociable le respect du droit d’autonomie d’action des collectivités territoriales en ce domaine.
Nous voulons construire des politiques régionales qui répondent aux aspirations et aux exigences qui ont marqué la campagne : des politiques qui sollicitent l’intervention des citoyennes et des citoyens dans l’élaboration des choix des politiques qui permettent de combattre les discriminations sociales et territoriales des politiques qui construisent des actions publiques en faveur de droits nouveaux pour les citoyens, les salariés, les usagers ; en faveur de l’égalité Hommes/Femmes et respectueuses de la diversité des politiques qui contribuent à la satisfaction des besoins en matière d’emploi, de transport, de santé, de logement, de culture...
Nous voulons que la victoire de la gauche dans les régions permette une véritable coordination de leur action contre la politique de ce pouvoir et de Nicolas Sarkozy, notamment en matière de réduction de l’intervention publique et de casse du service public.
C’est en combinant ces trois volontés : lutter, construire et rassembler toutes les régions à gauche que nous contribuerons à faire de la victoire des régionales un appel vers d’autres victoires.
Ce travail doit se construire en s’appuyant sur la diversité des approches des trois composantes politiques qui ont permis la victoire.
Le parti communiste français entend bien faire vivre cette diversité qui constitue la chance de toute la gauche.
Au sein du Front de Gauche, il prendra les initiatives nécessaires pour l’élaboration d’un projet partagé de transformation de notre société au bénéfice de toutes et de tous.
Ce chemin suppose de poursuivre la confrontation des points de vue sur les objectifs, sur les méthodes et le courage nécessaire pour sortir des logiques dominantes.
C’est un chantier qui doit être ouvert à toute la gauche, à toutes ses composantes mais aussi à toutes celles et tous ceux qui dans leurs engagements syndicaux ou social cherchent dans cet engagement les voies d’une action collective en faveur de l’intérêt général, d’un nouveau monde, d’une nouvelle Europe. Pensons ensemble, les formes d’un nouveau front populaire du 21ème siècle.
Marie-George Buffet et Pierre Laurent,
Parti Communiste Français,