Au moment où la polémique enfle autour des stocks colossaux de masques chirurgicaux de la grande distribution quand les soignants manquent encore de tout, c’est un nouvel acte de coopération qui s’écrit. L’Union des associations d’amitié de Hô-Chi-Minh-Ville et l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV) ont travaillé d’arrache-pied afin de faire parvenir des masques destinés aux hôpitaux val-de-marnais Henri-Mondor et Gustave-Roussy. « Toute cette activité a créé un élan de solidarité extraordinaire mais aussi beaucoup de fierté : c’est la première fois que le Vietnam aide la France en reconnaissance du soutien populaire à la lutte d’indépendance et à la reconstruction », s’enthousiasme Hélène Luc, présidente honoraire de l’AAFV.

Une collecte qui a reçu « le soutien de tous »

Au total, 11 000 masques antibactériens, 14 750 masques chirurgicaux délivrés par l’université de médecine Pham-Ngoc-Thach et l’hôpital pédiatrique de la mégapole méridionale. Le président du conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, a, lui, indiqué que le comité populaire de la province de Yen Bai, avec laquelle le département travaille à une coopération décentralisée depuis vingt ans, allait adresser 50 000 masques. C’est également le cas de la Fédération Santé France-Vietnam, qui entend faire parvenir des dizaines de milliers d’unités. Dong Da, quartier de Hanoi jumelé avec Choisy-le-Roi et bombardé pendant la guerre, prévoit pour sa part l’envoi de 30 000 masques grand public. Pour cette collecte, Phuong, professeure de français, se félicite d’avoir reçu « le soutien de tous ».

Le pays entend devenir incontournable en Asie du Sud-est

Avec la crise du Covid-19, le pays a successivement fait face à la baisse de l’approvisionnement chinois, puis l’annulation des commandes de prêt-à-porter européennes et américaines. À cet égard, la production sanitaire redonne du souffle. L’entreprise May 10 a déjà réalisé 30 % de ses recettes annuelles grâce aux masques qui contribuent à l’emploi de 12 000 personnes. 50 entreprises sont à pied d’œuvre pour produire 200 millions d’unités par mois. Le pays entend devenir incontournable en Asie du Sud-est où l’influence de Pékin est prédominante. Il entreprend ainsi de concurrencer la « diplomatie du masque » chinoise, même s’il ne peut rivaliser avec la seconde puissance en termes de volume et de valeur monétaire. Le président Donald Trump ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Il s’est immédiatement saisi de l’envoi de 450 000 combinaisons de protection pour remercier ses « amis vietnamiens ». Des mots doux qu’il n’emploie plus guère avec Pékin.

Lina Sankari