Les autorités lettones ont commencé à démanteler le monument commémorant la victoire de l'Union soviétique sur l'Allemagne nazie dans la capitale, Riga. D'énormes statues en bronze de soldats de l'Armée rouge, qui ont libéré la Lettonie de l'occupation allemande, ont été enlevées mardi et des travaux de démolition sont en cours.

Les vétérans de la Légion lettone, une unité de la Waffen SS composée de Lettons, qui défilent encore à Riga chaque année, ont longtemps fait campagne pour la destruction du monument. Le gouvernement a pris le prétexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février pour entreprendre les travaux de démolition.

La Lettonie a ordonné que tous les monuments soviétiques (69 édifices) soient détruits d'ici novembre dans tout le pays. L'importante minorité russe, qui représente 25 % des habitants de Lettonie et plus de 40 % de ceux de Riga, condamne cette attaque contre les libérateurs soviétiques. Les deux principaux partis de gauche du pays, très implantés dans cette communauté, ont condamné ces démolitions.

Les sociaux-démocrates du parti "Saskaņa“ (Harmonie), premier parti letton à la Saïma (Assemblée nationale), par la voix de son président, Jānis Urbanovičs, a dénoncé les actions d'un gouvernement qui "perdu ses priorités", "qui ne s'adresse plus au peuple" et "s'occupe que de la destruction des monuments". Ils font, de la division de la société, leur "pain quotidien".

"Vous pouvez démolir des monuments, mais vous ne pouvez pas effacer la mémoire. Des générations de personnes garderont en leur mémoire ce qui leur est cher. Et maintenant, ils auront en eux une colère et une amertume, peut-être même de la haine. Cela ne nous aidera pas à construire et à défendre notre Lettonie ?"

Le Parti Socialiste de Lettonie, vitrine légale du Parti communiste interdit, a réagi dans un long communiqué.

"Les dirigeants ont choisi la voie de l'abandon de la souveraineté du pays au profit d'une soumission aveugle aux intérêts extérieurs, les politiciens au pouvoir ont littéralement dépouillé, affaibli et dépeuplé notre pays pendant trente ans" déclare le Conseil du Parti Socialiste de Lettonie.

"Le temps des joies communes, des réalisations a été remplacée par la volonté de causer des ennuis. La volonté de coopération et d'entraide a été supplantée par l'indifférence mutuelle et la concurrence féroce au sein de la société, entre les groupes sociaux et les travailleurs des différentes industries". Pour eux, "une société habilement divisée peut être étroitement contrôlée pour éviter des protestations de masse".

"Les monuments seront démontés. Les sentiments écrasés des descendants des vainqueurs du fascisme, des libérateurs de la Lettonie de peste brune seront effacées. Apparemment, le moment de se réveiller et de sortir du cours destructeur de la société lettone n'est pas encore venu. Nous tous - lettons et russes, jeunes et vieux, qui arrivent à peine à joindre les deux bouts, nous devons voir l'urgence d'engager des changements fondamentaux".