C'est une sale campagne qui vient de se terminer.

Tout a été fait pour casser la République catalane et pour donner aux unionistes une majorité au parlement. L'article 155, la mise en détention de ministres (dont 2 sont toujours détenus), l'exil de l'autre partie du gouvernement (dont le président Carles Puigdemont), l'interdiction des messages politiques catalans, le vol d’œuvres d'arts, les menaces contre l'école publique et laïque catalane, l'ingérence dans le débat public de forces étrangères (Manuel Valls, Jean-Luc Mélechon) ... et pourtant, malgré cela, l'indépendantisme gagne !

Le bloc républicain remporte ces élections illégitimes et sort politiquement renforcé

C'est Carles Puigdemont et sa coalition "Junts per Catalunya" qui mène la danse avec 21,61% des voix (940.602 suffrages) et 34 député.e.s. La liste du président en exil est en tête dans les circonscriptions de Girona et de Lleida.

La liste de la gauche républicaine, Esquerra Republicana de Catanuya, d'Oriol Junqueras (en prison) confirme sa dynamique et remporte 21,39% des voix (929.407 suffrages) et 32 député.e.s. L'ERC est la seconde force politique là où les unionistes arrivent en tête (Barcelona et Tarragona).

Si l'on compare avec les élections de septembre 2015, où ces deux listes étaient unies, Junts Pel Si recueillait 1.628.714 suffrages (39,59%) et 62 député.e.s. Aujourd'hui, ce bloc républicain sort renforcé, légitime, avec 66 député.e.s, 43% des voix et 1.870.009 suffrages.

Pour la gauche anti-capitaliste de la CUP les résultats sont peu favorables. La CUP conserve 4 de ses 10 député.e.s et remporte 193.352 suffrages (4,45%), ce qui est en net recul par rapport à 2015 (337.794 voix 8,21%).

Au final les indépendantistes remportent les élections avec 70 député.e.s (sur 135) et arrivent en tête des élections avec 47,45% des voix (2.063.361 bulletins de votes se sont portés sur une des listes indépendantistes, c'est un record historique et même plus forte que les résultats OUI du 1er octobre).

09/11/2014 : 1.861.753 votes
27/09/2015 : 1.957.348 votes
01/10/2017 : 2.044.038 votes
21/12/2017 : 2.063.361 votes à 99,8% du scrutin

Triple défaite pour Mariano Rajoy et la monarchie espagnole

"Vous avez fait de vos prisons notre cauchemar. Je vous assure que nous ferons de nos urnes votre cauchemar...» résumait de député ERC Gabriel Rufian. Mariano Rajoy risque de ne pas s'en remettre car cette élection est une triple défaite pour lui :

1- Les indépendantistes remportent les élections malgré l'article 155 et la répression. Et Carles Puigdemont apparaît comme légitimé. D'autant plus que Rajoy va avoir du mal à tenir sa position, notamment sur un référendum.

2- Son parti politique, le Partido Popular, est lourdement sanctionné et ne conserve que 3 député.e.s (184.108 / 4,24%) contre 11 sortant.e.s. Le PP fini bon dernier dans cette élection.

3- Le leadership politique revient à une formation de droite libérale, Ciudadanos qui s'impose comme première force politique. Avec 1.102.099 voix (25,37%) la formation d'Ines Arrimadas sera la plus importante représentée au parlement catalan avec 37 député.e.s (+12). Dans les circonscriptions de Barcelona et Tarragona, les ciuadadanos arrivent en tête. Les ciudadanos ont incarné le vote unioniste.

Même la sociale démocratie du PSC-PSOE n'est pas en reste. Ce parti pourtant mal en point parvient à progresser avec 13,88% des voix et 17 député.e.s (+1). Mais il n'y aura eu d'effet Miquel Iceta, car au final, les ciudadanos ont incarné l'unionisme.

Pas d'effet Iglesias et Mélechon pour les "communs"

Le score de Catalunya en Comu n'est pas à la hauteur des attentes que beaucoup portaient. Avec 7,45% des voix la liste conduite par Xavier Domenech et Ada Colau paie de plein pot la position politique du "Ni Ni". Il ne restera que 8 député.e.s (élu.e.s sur 2 circonscriptions) au parlement catalan contre 11 sortant.e.s.

A Barcelone, la liste des communs ne reporte que 9,33% des voix. Les Ciudadanos arrivant en tête avec 23,94%, suivit des deux formations indépendantistes ERC (20,92%), JXCat (19,57%).