Jordi Turull, numéro 3 de Junts Per Catalunya, ex-ministre de Carles Puigdemont, aujourd'hui en liberté après un mois de prison préventive (libéré après s'être acquitté de la caution de 100.000 euros, payées par l'ANC et Òmnium Cultural), est proposé en remplacement de Jordi Sanchez (en prison).

Jordi Sanchez, ancien président de l'association indépendantiste Assemblée nationale catalane, a renoncé mercredi à son siège de député et donc à être candidat à la présidence. Le Président Carles Puigdemont, exilé à Bruxelles, avait quant à lui renoncé début mars à se faire réélire, au profit d'un poste symbolique de Président en exil de la République Catalane.

Le discours de Jordi Turull était assez modéré, sans référence à la République, mais clairement orienté en opposition à Madrid.

Jordi Turull appelle Madrid à s'asseoir à la table du dialogue

Le discours du candidat Jordi Turull commence par un soutien aux leaders politiques indépendantistes qui ne peuvent être aujourd'hui à la Chambre. « Je ne suis pas ici par provocation, mais par mon engagement à agir. Je prends le travail avec toutes les conséquences », a déclaré Turull, ajoutant qu'il veut envoyer un message de « paix » et « espoir » au peuple.

Turull réitère la demande au gouvernement espagnol "de s'asseoir autour d'une table pour résoudre les problèmes politiques" qui existe entre la Catalogne et l'Espagne. "Pourquoi ne veux-tu pas parler maintenant?" Pourquoi le dialogue entre le président de la Catalogne et le président de l'Espagne ne serait-il pas possible? ", A demandé le leader indépendantiste.

"Dialogue, dialogue, dialogue, ne signifie pas renoncement, dialogue, négociation et accord sont la meilleure façon d'avancer".

Jordi Turull souligne l'importance du mandat démocratique du 21 décembre. "Il n'y a pas d'alternative démocratique à la démocratie elle-même, l'alternative à la démocratie est la tyrannie".

Turull, en castillan, lance un appel aux citoyen.ne.s espagnol.e.s: "Vous avez vu un peuple pacifique se battre avec les urnes." "L'avenir nous appartient, à la fois aux Catalan.e.s et aux Espagnol.e.s", ajoute-t-il.

Turull prévient que son discours sera bref, car dans quelques heures il doit se rendre à Madrid où demain il comparaîtra devant le Tribunal Suprême. "Si je peux former le gouvernement, je présenterai un gouvernement, un plan pour le gouvernement", explique-t-il.

Un plan gouvernemental tourné vers l'action et la construction d'une Catalogne sociale

Le candidat explique qu'il veut faire un gouvernement pour les sept millions et demi de Catalan.e.s. "Le plan de ce nouveau gouvernement sera centré autour d'axes majeurs." Turull explique que la première étape sera de restaurer les institutions et de revendiquer le besoin d'un bon investissement social. Il propose également de parier sur une économie prospère rejetant la spéculation, ouverte sur le monde. Et il propose une "gouvernance partagée" pour construire "le pays du futur". "Nous voulons construire un pays tourné vers l'humain d'abord et ayant la capacité de s'adapter au défi de l'avenir", dit-il.

Turull détaille certaines des mesures de son plan gouvernemental. Dans le cadre de la cohésion sociale, il demande de mettre en valeur "le talent de chacun" et de renforcer "l'école catalane". "La langue catalane est et doit continuer à être la première langue de l'école", a-t-il souligné.

Turull affirme que les droits sociaux doivent être à la hauteur des autres droits universels. Il insiste sur le fait qu'il veut développer la loi sur le revenu garanti par les citoyens, la loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes et la loi contre la violence sexiste. Il souligne également la nécessité d'agir dans le domaine du logement.

Turull donne la priorité à la création d'emplois stables et dans des conditions comparables à celles des pays européens.

Jordi Turull propose une nouvelle administration fiscale "plus proche, plus juste et qui lutte contre la fraude". "Nous devons récupérer le plein fonctionnement de la propriété que nous avions avant l'activation de l'article 155". Il annonce également la création d'un "environnement concurrentiel" pour les entreprises.

Turull met en garde contre les dangers du changement climatique et demande une "transition énergétique". "Nous avons la volonté qu'en 2050, toute l'électricité en Catalogne se produite par des sources renouvelables", dit-il.

Turull: "Nous voulons que la Catalogne soit le moteur sud-européen de la quatrième révolution industrielle". Il revendique la "gestion directe" des ports, des aéroports et des infrastructures ferroviaires et s'engage à améliorer les Rodalies.

Sur les médias, Turull revendique la nécessité de "les défendre et de les protéger". "Les médias publics doivent toujours remplir leur vocation de service public", affirme-t-il, et souligne le rôle central du catalan dans les médias.

Turull veut mettre fin à la dictature du 155 sur les Mossos d'Esquadra. "Nous ferons en sorte que les Mossos deviennent une police intégrale en Catalogne". Et il exige que le corps de la police catalane soit présent dans les zones de coordination policière. Turull propose de renforcer la lutte contre le terrorisme et de s'attaquer aux processus de radicalisation.

Turull: "Le rire est la réponse la plus efficace à toutes les attaques reçues."

Turull place les députés "au travail pour le pays": "Je vous exhorte à être digne du moment présent, à nous demander ce qui ne dépend que de nous, soyons fidèles à ce que nous demande la Catalogne".

Les voix des député.e.s probablement insuffisantes

Pour être élu Président de la Generalitat, Jordi Turull doit obtenir 68 des 135 voix des député.e.s du Parlement de Catalogne. Si les républicains disposent de la majorité (70 sièges), les député.e.s de la CUP (4 élu.e.s) ont annoncé leur abstention.

Mathématiquement Jordi Turull dispose de 66 voix (JxCat et ERC), soit un nombre insuffisant pour être élu. Et il est fort peu probable, malgré un discours très social, qu'il rallie les suffrages des unionistes (58 élu.e.s) et des communs (7 élu.e.s).