C’EST UNE DEFAITE CUISANTE POUR LE GRAND PATRONAT ET LES POUVOIRS POLITIQUES
Le grand patronat étranger et la bourgeoisie compradore de la Guadeloupe, campés sur leur position de capitalistes parasitaires, grands consommateurs de défiscalisations et de subventions publiques, livrent encore bataille avec hargne et arrogance pour «enrayer» les acquis de la lutte des travailleurs.
Pour ne rien partager des richesses créées par le travail des salariés, un temps soutenus par les décideurs politiques sur cette position, les «profiteurs» jouent les pyromanes jusqu’au bout, refusant de signer le protocole d’accord Jacques Bino sur les salaires, tout en se livrant à des provocations contre le LKP. La lettre ouverte d’Amédée Adélaïde au Président de la République expose avec un rare cynisme, la position réactionnaire et fasciste de ce patronat.
Nous sommes fiers de ces travailleurs, de ces jeunes, de ces femmes, de tout le peuple mobilisés qui viennent de leur signifier en toute clarté et en conscience que ce temps-là est désormais révolu.
L’Etat français qui, de tout temps, a «nourri» le capitalisme français et compradore en Guadeloupe, comme force principale pour maintenir sa domination sur le pays, fait tout pour préserver ses intérêts et ceux de ces «profitants».
Il a manœuvré pour désamorcer, par des effets d’annonce et des simulacres de dialogue ministériel, la bombe sociale. Aujourd’hui, il évoque «l’Etat de Droit» et les «principes républicains» pour essayer d’intimider, en vain, les travailleurs mobilisés pour faire appliquer l’accord Jacques Bino dans les entreprises récalcitrantes.
L’Etat et le patronat ont lamentablement échoué dans leur stratégie de pourrissement de la grève, et dans leur tentative désespérée d’entraîner le mouvement social sur le terrain de la violence pour mieux le réprimer, avec l’intervention brutale et raciste des forces armées coloniales.
Les collectivités locales et, particulièrement, les élus sans position politique claire et sans principes, sortiront affaiblis de ce conflit, voire, pour certains disqualifiés. La démission fracassante de Jean-Claude Malo, Président de l’association des maires, annonce le début des dégâts collatéraux.
En fait, surpris par la puissance de ce mouvement social qu’ils n’ont pas vu venir, trop éloignés qu’ils sont des préoccupations populaires, déstabilisés par la pertinence de la plate-forme du LKP, alors qu’ils étaient déjà embarqués dans des stratégies électorales, ils se sont fourvoyés sur l’objectif de ce mouvement. Ils ont affiché leur impuissance au grand jour, et souvent, leur hypocrisie politique, acharnés qu’ils sont à défendre leur légitimité qui n’était pas menacée.
La participation du Conseil Régional et du Conseil Général au financement de la baisse des bas salaires et les réponses, même positives, qu’ils portent aux autres revendications, n’arriveront pas à gommer l’idée aujourd’hui dominante dans l’opinion que, les élus guadeloupéens, dans leur grande majorité, n’ont pas été à la hauteur de la situation. Pire, qu’ils n’ont pas apporté un franc soutien à la mobilisation populaire.
À cette étape du conflit, nous tirons une première leçon : «La mobilisation de masse, déterminée, conduite avec maîtrise, discipline et sang-froid par Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) a eu raison de la coalition des profiteurs. Toutes leurs manœuvres de contournement ont été déjouées, leur résistance a été brisée. Ils ont commencé à plier devant les forces populaires».
Les augmentations de salaires arrachées de haute lutte, de même que la baisse des prix, le gel des loyers, constituent incontestablement une avancée pour l’amélioration des conditions de vie des Guadeloupéens les plus démunis. La première manche de cette confrontation se solde par une défaite cuisante pour le grand patronat et les Pouvoirs politiques à son service.
LA LUTTE DE CLASSES, LE MOTEUR DE CE MOUVEMENT SOCIAL
Les analyses économiques, sociales, politiques qui fleurissent sur tous les supports modernes de communication, pour expliquer le caractère du conflit qui a paralysé la Guadeloupe, ont, pratiquement toutes la faiblesse de méconnaître ou d’évacuer volontairement, la loi fondamentale de développement des sociétés découverte par Karl Marx : «L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes».
Dans une société guadeloupéenne de type capitaliste, aggravée par le supplément colonial, qui peut valablement nier qu’il existe une confrontation permanente entre les exploiteurs colonialistes et les exploités colonisés, et que, c’est cette confrontation qui fait évoluer les rapports sociaux ?
Ce mouvement social qui, dans l’histoire de la Guadeloupe, n’a d’exceptionnel que le périmètre de l’alliance réalisée sur une plate-forme qui rassemble toutes les victimes du système capitaliste, exprime l’exacerbation de la lutte de classes qui se déroule en Guadeloupe, depuis les entrailles de la société esclavagiste.
Le grand mérite du LKP est d’avoir réussi à faire converger dans une même plate-forme et, dans une même direction, toutes les formes de cette lutte de classes : économique, politique et idéologique qui s’exprimait dans une division ou une opposition stérile.
L’identité du rassemblement, «Lyannaj Kont Pwofitasyon», est aussi un mot d’ordre central puissant qui mobilise les forces sociales, économiques, culturelles et politiques réunies contre toutes les formes d’exploitation organisées dans les entreprises privées et publiques, contre tous les pillages économiques réalisés par les groupes capitalistes étrangers et compradores, contre toutes les discriminations et le mépris qui portent atteinte à la dignité, à l’identité et aux droits légitimes des Guadeloupéens de décider dans leur pays.
Le mouvement social, déclenché par le LKP, confond tous les défaitistes, les assimilationnistes, les intégrationnistes et les idéologues de la pensée unique, de la fin de l’histoire et de la lutte de classes. Il fait franchir un palier important à la lutte de notre Peuple pour sa totale émancipation.
En faisant émerger de la confrontation de classes, un capitalisme guadeloupéen décidé à lier son sort au développement de son pays et de son peuple, à assumer sa responsabilité nationale, ce mouvement a créé les conditions pour avancer vers la résolution de la tâche politique principale de l’heure : «La révolution nationale démocratique anti-impérialiste».
Cette révolution a pour objectif d’éliminer la domination politique française et européenne sur notre pays, de soustraire notre économie du contrôle des capitalistes français et étrangers avec, en perspective, la conquête d’un véritable Pouvoir Politique guadeloupéen.
La stratégie mise en œuvre par le LKP confirme, avec éclat, cette thèse de Karl Marx : «Sans lutte de classes, il n’y a pas et ne peut y avoir de transition d’une vieille formation sociale et économique à une formation nouvelle».
Les tenants de la vieille société en Guadeloupe, qui refusent d’abandonner leurs privilèges, ont bien compris la portée de la lutte engagée.
C’est cela qui explique d’une part, la fuite du Medef et de ses alliés de la table de négociation, afin de préparer la «contre-révolution» et d’autre part, l’engagement, en première ligne, du Président de la République française garant des intérêts des puissances capitalistes et de l’Etat colonial.
LE CHANGEMENT DE STATUT POLITIQUE POUR ORGANISER LE DEVELOPPEMENT DE NOTRE PAYS EST DE NOTRE RESPONSABILITE
En déclarant : «Je crois que nous sommes arrivés à la fin d’un cycle historique en Outre-mer ; Je pense que l’autonomie économique est la condition de toute évolution institutionnelle», le Président de la République, Nicolas Sarkozy donne l’impression de s’engager encore plus loin que Jacques Chirac dans son discours de Madiana en 2001.
Mais, en annonçant l’ouverture des Etats Généraux, dès le calme revenu, en fixant les thèmes qui seront débattus et un calendrier sur trois mois, il subordonne l’avenir de la Guadeloupe aux intérêts de l’Etat français et escamote le problème politique de fond. Il enferme le débat dans une lecture très restrictive de la Constitution française de 1958, notamment le 2e alinéa de son préambule et son article 53.
Le courage et l’honnêteté politique commandent de reconnaître que, la cause fondamentale de la crise qui embrase la Guadeloupe se trouve dans la persistance de la contradiction essentielle qui traverse la société : celle qui oppose les intérêts économiques et sociaux de la Guadeloupe, à ceux du capitalisme français et européen, placés en situation de domination.
Il s’agit, en fait, de rapports coloniaux «légalisés» par l’application bornée des lois françaises et des directives européennes sur le territoire guadeloupéen érigé en département français par la loi du 19 mars 1946.
Contrairement à tout ce que prétendent les assimilationnistes et les intégrationnistes, cette loi, votée par le Parlement français sans aucune consultation du Peuple Guadeloupéen, ne peut être reconnue comme un acte de décolonisation. Elle doit être abrogée.
LA QUESTION POLITIQUE MAJEURE À RÉSOUDRE EST CELLE DE LA DÉCOLONISATION DE LA GUADELOUPE
Cette revendication se justifie par le fait, qu’il existe sur le territoire de la Guadeloupe, pays différent de la France, un Peuple, issu de différents mouvements de peuplement, qui s’est forgé une histoire, une identité, une langue, des intérêts communs dans le contexte de la lutte de classes, déterminé par le mode de production économique de la période esclavagiste et post-esclavagiste.
Ce Peuple possède tous les attributs d’une Nation, aujourd’hui, sous domination de l’Etat français.
Le Parti Communiste Guadeloupéen réaffirme que, la question du changement de statut politique de la Guadeloupe, de la méthode et du calendrier pour y arriver, est de la seule responsabilité du Peuple guadeloupéen.Elle doit être abordée à partir d’un principe intangible qui est celui du droit des Peuples à l’autodétermination, tel que reconnu dans la charte de l’ONU, renforcée par sa déclaration de 1960 sur le droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes et intégré dans le droit constitutionnel français.
Il considère que, la voie proposée par le Président de la République est anti-démocratique et contraire aux droits reconnus à tout Peuple sous domination.
Dans la situation actuelle de la Guadeloupe, le Parti Communiste Guadeloupéen appelle les organisations politiques, les forces sociales, les anti-colonialistes et les progressistes à intensifier la lutte de classes et de masse pour arriver rapidement à la constitution du «Front Patriotique pour un Etat Autonome de la Guadeloupe». Ce Front serait la force politique nationale unie, organisée, représentative des intérêts de tout le Peuple guadeloupéen. Il serait tout naturellement la direction unique de la lutte de libération nationale démocratique, anti-impérialiste et le seul interlocuteur du Pouvoir colonial français.