S'agissant de l'adhésion à l'OTAN, il convient de rappeler brièvement l'évolution de la politique étrangère de la Finlande après les guerres. L'objectif de J.K. Paasikivi (président de 1946 à 1956), à l'origine de cette politique, devait préserver l'indépendance de la Finlande et tenir le pays à l'écart des conflits entre les grandes puissances.

Le président Urho Kekkonen a poursuivi la politique de son prédécesseur pendant son mandat (1956-1981), incorporant une politique de neutralité active et éprise de paix. Cela impliquait de créer un rôle de pont entre l'Est et l'Ouest. Sous le président Mauno Koivisto (1982-94), la ligne de politique étrangère est restée globalement inchangée et la même depuis lors.

Comment la politique étrangère de la Finlande doit-elle évoluer à partir de l'étape actuelle ? Notre propre réponse est que la Finlande devrait s'efforcer de maintenir son non-alignement militaire. L'histoire de l'après-guerre a réservé à la Finlande le rôle de médiateur, c'est-à-dire la possibilité de participer à l'atténuation et à la prévention des conflits entre les grandes puissances.

Notre politique étrangère actuelle peut être décrite comme une politique de stabilisation active, qui, selon Eero Heinäluoma, membre du Parlement européen, est "une créativité diplomatique, qui a été utilisée pour éviter l'escalade des tensions régionales" (Helsingin Sanomat 20.03.2022). Le fond est tombé d'une politique de stabilité active et "l'adhésion à l'OTAN a été décidée le matin du 24 février", déclare Heinäluoma dans une interview avec le journaliste Marko Junkkar, intitulée "Le SDP [Parti social-démocrate] se tourne vers l'OTAN" face à la guerre brutale lancée par la Russie contre l'Ukraine.

Selon notre avis, la Finlande ne devrait pas non plus céder aux alliances militaires dans cette situation. Il existe une opportunité de développer la "créativité diplomatique" dans une direction encore plus active qu'auparavant. En fait, le président Sauli Niinistö (2012-) a récemment démontré ce nouveau type d'activité de politique étrangère, rencontrant les présidents des États-Unis, de la Russie et de la France dans un court laps de temps et avec un calendrier presque haletant.

Le président Niinistö a probablement fait l'expérience directe qu'il est possible de faire la navette entre différentes directions, même dans une situation de crise difficile. En même temps, une question effrayante se pose : Que se passerait-il si le contact le plus important pour la Finlande, selon Paasikivi, à savoir la Russie, était interrompu ou rendu plus difficile par l'adhésion de la Finlande à l'OTAN ? La Finlande est dans une position exceptionnelle pour agir comme une sorte d'État charnière à partir duquel la porte s'ouvre vers l'Est et l'Ouest. Notre pays risque-t-il de perdre cette place rare et de plus en plus importante ? Je ne pense pas.

En fin de compte, c'est une question de choix : favoriser une accélération de la course aux armements ou choisir la voie de la paix. Selon le président Kekkonen, la Finlande n'est pas neutre sur la question de la guerre et de la paix. La Finlande est du côté de la paix contre la guerre.