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Actualités et informations

Alors qu’en Espagne, au Portugal et en Grèce, la population a mené de lourdes actions contre les diktats de l’Europe, un sommet de l’Union européenne était organisé ce 18 octobre à Bruxelles. « Notre détermination est sous-estimée », écrivait le président de la Commission, José Manuel Barroso. Eux contre nous, la bombe à retardement est remontée. Le 14 novembre constituera la prochaine étape de cette confrontation. La Confédération européenne des syndicats (CES) a lancé un appel à faire de cette journée « une journée d’action et de solidarité dans toute l’Union européenne, y compris par des grèves, des manifestations et autres actions. »

Hugo Franssen - Pour Solidaire, hebdo du PTB-PVDA


L'Europe de la Troïka contre l'Europe d'en-bas
NOUS

À l’heure d’écrire ceci, 130 000 personnes manifestent à Londres contre la politique d’austérité et pour un « future that works » (un avenir viable) et, à Rome, 60 000 autres sont rassemblées à la piazza San Giovanni pour la manifestation syndicale de la CGIL. La présidente du syndicat, Susanna Camusso, estime que la politique de restriction est un fiasco complet.
Ces dernières semaines, les protestations contre la gestion de la crise au sein de l’Union européenne se sont amplifiées. Nos médias en parlent toutefois sur un mode mineur. En Europe du sud, surtout, des foules descendent dans la rue : parfois plus d’un million de personnes en même temps. Au Portugal, des œillets apparaissent dans le mouvement, comme au printemps 1974, lorsque la révolution des Œillets avait mis un terme au fascisme de Salazar.

Le mouvement dépasse les frontières

Ce grand mouvement social entre aujourd’hui dans une nouvelle phase : il dépasse les frontières nationales, en quête d’un rassemblement des forces. Cela s’est fait sentir le 18 octobre, journée du sommet européen. Ce jour-là, en Espagne, écoles et universités étaient en grève ; des dizaines de milliers d’étudiants ont défilé dans les rues. Au Portugal, les marches contre le chômage, le même jour, ont aussi attiré beaucoup de monde et, en Grèce, une grève générale avait lieu au même moment. À Athènes, une manifestation de 60 000 grévistes a été étouffée dans des nuées de gaz lacrymogènes.
Pendant ce temps, à Bruxelles, le sommet européen posait en souriant pour la photo de famille, mais les apparences sont trompeuses. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a parlé d’« agir courageusement pour contrer la dynamique négative ».

Détricoter les cotisations sociales pour les patrons et les augmenter fortement pour les travailleurs : c’est avec cette proposition que le Premier ministre Pedro Passos Coelho s’est attiré le mépris des Portugais. Après une manifestation monstre, Coelho a dû la retirer. Mais il revient avec une bombe fiscale. Augmenter l’impôt sur les revenus et prélever des taxes plus lourdes sur les maisons, les voitures et le carburant : voilà les grandes lignes de son plan. Le travailleur moyen va devoir laisser tomber jusqu’à trois mois de son salaire par an, selon l’agence de presse Reuters. Les syndicats et les organisations sociales passent à la contre-attaque. Le 31 octobre, si Coelho entend faire voter son plan, ils entoureront massivement le Parlement. Et, le 14 novembre, tout le pays sera à l’arrêt « afin de renverser la vapeur », comme l’a dit le président du grand syndicat CGTP, Manuel Carvalho Da Silva.

« Tourner le dos aux mesures d’économie »

Le lendemain du sommet européen, les syndicats espagnols avaient également appelé à une grève générale le 14 novembre. Cet appel était particulièrement significatif, comme l’a dit Fernando Lezcano, le porte-parole du premier syndicat espagnol Comisiones Obreras (CCOO) : « Ce 14 novembre sera le jour de la première grève générale ibérique de l’histoire. » Les syndicats grecs ont eux aussi annoncé une grève générale le 14 novembre, la cinquième cette année.
Dans un tel contexte, le comité exécutif de la Confédération européenne des syndicats (CES) a lancé un appel à faire du 14 novembre « une journée d’action et de solidarité dans toute l’Union européenne, y compris par des grèves, des manifestations, des meetings de masse et autres actions ».

Le temps où la résistance se limitait au cadre national semble révolu. La grève paneuropéenne du 14 novembre se muera en grève générale à Chypre et à Malte. Sans doute l’Italie, la Slovénie et la France en seront-elles aussi.

On ne sait pas encore avec quels mots d’ordre et actions nos syndicats belges vont interpréter l’appel du 14 novembre. D’après le journal espagnol El País, la CES mise sur une grande mobilisation et manifestation à Bruxelles.

« Nous devons une fois pour toutes tourner le dos à ces mesures d’économie, qui ont déjà appauvri des millions d’Européens, ont coupé court à tout espoir de rétablissement et ont eu pour résultat le démantèlement du modèle social européen », écrit la CES.

Les recettes de l’UE aggravent la situation

L’UE exige partout des économies, des privatisations et des augmentations d’impôts, et cela mène à la récession. L’économie s’effondre, et on n’arrive pas au désendettement attendu. Au contraire. Les chiffres des déficits budgétaires sont partout plus élevés que prévu. L’Irlande a enregistré un déficit de 13,4 %, la Grèce et l’Espagne ont chacun 9,4 %, le Royaume-Uni 7,8 %, la Slovénie 6,4 %, Chypre 6,3 %, la Lituanie et la Roumanie, 5,5 %, la France 5,2 %, etc. La Belgique a un déficit budgétaire de 3,7 %.
En août, la zone euro comptait 18,2 millions de chômeurs. Jamais, depuis l’introduction de l’euro, ce chiffre n’avait été aussi élevé. Avec des pics de 25 % en Espagne et en Grèce et de 15 % au Portugal. Parmi les jeunes Espagnols, le chômage est même de 53 %. L’Organisation internationale du travail (OIT) a traduit la faillite de la politique d’austérité européenne en un fait : « Parmi les États africains, caribéens et latino-américains, pour lesquels il n’existe que des estimations, il y en a peu qui, en pourcentage, ont autant de chômeurs qu’en Grèce et en Espagne. »

Les recettes de l’UE contre la crise n’auront fait qu’empirer la situation. Les syndicats européens exigent que l’on renverse la vapeur.

EUX

La veille du sommet de l’UE, le président français François Hollande prétendait : « La fin de la crise dans la zone euro est très, très proche. » Et Mario Draghi, le chef de la Banque centrale européenne (BCE), d’ajouter : « L’euro est irréversible. » Du blabla après avoir contourné un écueil. En été, lorsque les taux d’intérêt italiens et espagnols ont grimpé au-dessus de 7 % et que les bourses européennes paniquaient, Mario Draghi a su écarter la menace d’un krach en annonçant qu’au besoin, la BCE achèterait de façon illimitée des obligations d’État des pays du Sud de l’Europe sur le marché secondaire (les banques). Celles-ci pourraient donc se débarrasser de leur camelote et ont applaudi cette annonce.

Au sein de l’establishment allemand, tout le monde ne s’en est pas trouvé heureux ; l’opération BCE coûte très cher. Mais, dans le sillage de la crise, l’économie allemande elle aussi a été touchée, et elle est au bord d’une récession. Les industries allemandes orientées sur l’exportation craignent comme la peste une banqueroute des États membres du Sud, qui sont leurs clients. Pour Merkel aussi, l’opération BCE constitue une amère nécessité, même si elle essaie de reporter l’intervention du nouveau fonds d’aide européen MES en faveur de l’Espagne. C’est Dieter Hundt, le patron des patrons allemands, qui a eu le dernier mot : « Aucun pays européen n’a, à lui seul, assez de force et de potentiel pour tenir bon face aux économies fortes et émergentes. Ce n’est qu’en tant que communauté que l’Europe peut rester en place entre les États-Unis, la Chine et la Russie. »

Le citoyen paie deux fois

Draghi s’obstine toutefois à répéter que son opération se déroulera « sur deux jambes ». La première, c’est que la BCE va intervenir, la seconde, c’est qu’il y aura des conditions : « Vous avez besoin de l’intervention, mais vous avez également besoin des conditions. » Ou, comme le présente Merkel : « Le contrôle européen doit également entraîner une pléthore d’obligations. »
Draghi : « Les gouvernements doivent fournir des efforts supplémentaires. Ils doivent se cramponner à leurs réformes en cours et ne pas lâcher la bride. » C’est également ce que dit de la Grèce Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen : « Les efforts grecs doivent être poursuivis de paire avec d’autres réformes. »

De cette façon, l’Européen lambda paiera deux fois la facture. Une fois car la BCE va rester avec une montagne de camelote financière sur les bras, dont la facture sera imputée au simple contribuable. Et une deuxième fois du fait que ce même citoyen lambda va devoir fournir des « efforts supplémentaires ».

L’union des banques et le saut d’intégration

Pour y arriver, un groupe de travail — Draghi, Van Rompuy, Barroso et Juncker (le président du groupe euro) — dont la légitimité démocratique est nulle, élabore des textes afin de « porter l’Europe à un niveau plus élevé, vers une véritable union économique et monétaire ». La première étape consiste en l’union des banques, avec laquelle le contrôle des banques sera porté au niveau européen et assuré… par la BCE. Ainsi, Draghi, Van Rompuy et Barroso vont transférer le pouvoir… vers eux-mêmes. La BCE pourra désormais « mettre les banques en liquidation » — un autre terme pour « venir en aide » — sans interventions importunes des parlements ou des États membres.

Le rapport intermédiaire de ce groupe de travail, présenté au Conseil du 18 octobre, montre que le sommet de l’UE désire un « grand saut d’intégration de l’UE ». Au centre du document de travail, on trouve les chapitres sur le « mécanisme communautaire de contrôle » et sur le « cadre budgétaire intégré ». L’intention consiste à verser en un seul cadre toutes les mesures et traités des années précédentes : le Pacte Euro-plus, le Semestre européen, le Six-pack et le Pacte fiscal.

Des « arrangements contractuels » pour chaque État membre

La Commission s’est déjà arrogé un énorme pouvoir, mais elle ne dispose pas encore des moyens pour imposer de façon stricte aux États membres sa politique en matière de réforme du marché de l’emploi et de systèmes sociaux. Les traités européens n’avaient pas prévu une telle intervention dans les droits de souveraineté des États membres. Il serait d’ailleurs invraisemblable que la totalité des 27 États membres abondent en ce sens. Le traité intermédiaire pour le sommet du Conseil du 18 octobre essaie d’y apporter une solution. La proposition est la suivante : laissez les États membres faire chacun séparément des « arrangements contractuels » avec la Commission, par lesquels ils seront contraints d’appliquer une politique qui sera formulée « au niveau européen ». Et, alors, Bruxelles pourra traiter tous les pays de la zone euro comme elle l’a fait jusqu’à présent avec la Grèce, l’Irlande et le Portugal, et faire souscrire à des mémorandums détaillés dans lesquels ils s’imposeront une politique d’économie rigide.

Un combat pour la démocratie

De plus en plus, on assiste à l’érosion de la souveraineté des États membres européens et, proportionnellement, à un rejet de ce projet par la population.Toute une génération de jeunes en Europe se trouve devant le néant. Des régions entières sont confrontées au démantèlement de leur industrie. Des millions de gens protestent. Et les choses n’en resteront pas là. « Eux » s’en rendent compte aussi. « Ils » créent une union de la jungle et de la concurrence : pour les salaires les plus bas, pour les impôts de société les plus bas, pour les normes sociales les plus basses. S’« ils » veulent poursuivre cette politique, ils vont devoir museler encore plus la démocratie.

« Nous avons projeté un parcours pour les gouvernements », explique Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE). Un parcours. Comme si ces gouvernements et pays étaient des chevaux de dressage. C’est le dressage des États membres en direction du démantèlement de tout ce qui tente de faire une société pour l’humain. Les instances européennes prescriront leurs limites aux parlements des États membres : « Votre espace de manœuvre budgétaire va jusqu’ici et pas plus loin. » Leur droit de décider des rentrées et des dépenses des gouvernements, une pièce maîtresse de la démocratie européenne, est ainsi mis sur la touche.

Le peuple veut avoir son mot à dire

Dès son entrée en fonction, le président français François Hollande a laissé entendre qu’il n’allait pas accepter ce dressage et que le Pacte fiscal devait être récrit. Mais, fin août déjà, l’Allemagne et la France se mettaient d’accord « sur des mesures en vue de forcer une intégration européenne plus étroite » et le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault se rendait à Berlin pour y mettre en perspective « une collaboration dans l’intégration européenne ». Le marché était le suivant : Berlin acceptait la reprise des obligations d’État, tandis que Paris se disait prêt à accepter les interventions massives dans la souveraineté des États membres. Mais l’autre camp, « nous », celui de l’indignation, défilait à 80 000 dans Paris : « Au diable ce Pacte fiscal ! »

Le virage antidémocratique du projet élitiste européen provoque un rejet croissant par la population européenne, qui sent qu’un courant politique opposé est nécessaire. Elle veut que les spéculateurs et usuriers paient les dettes publiques. Elle veut un plan de secours contre la crise, et pas un démantèlement social, la dérégulation et les privatisations. Elle veut avoir une emprise sur les grandes banques et les holdings de la finance.

Journée européenne d’action et de solidarité le 14 novembre

Le comité exécutif de la Confédération européenne des syndicats (CES) a lancé un appel à faire du 14 novembre « une journée d’action et de solidarité dans toute l’Union européenne, y compris par des grèves, des manifestations, des meetings de masse et autres actions ».

http://www.ptb.be/weekblad/artikel/dossier-leurope-de-la-troika-contre-leurope-den-bas.html

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