L'Afrique du Sud est traversée par une crise économique importante qui frappe durement les populations du pays. Crise énergétique, corruption, crimes, problème du logement, accès à la santé, redistribution des terres... conduisent à un affaiblissement de l'ANC au profit d'organisations politiques opportunistes, nationalistes.
Cet affaiblissement de l'ANC permet l'émergence d'une coalition (soutenue par l'impérialisme occidental) appelée Charte multipartite entre l'Alliance démocratique (DA), l'Inkatha Freedom Party (IFP), le Freedom Front Plus (FF Plus), ActionSA et trois autres partis dans le but de présenter un front uni contre le Congrès national africain (ANC), les Combattants de la liberté économique (EFF), l'uMkhonto we Sizwe (MK) et l'Alliance patriotique (PA).
L'ANC n'a pas non plus réussi à obtenir une majorité au Cap Nord et dans le Gauteng, elle est devancée au KwaZulu-Natal par le MK de l'ancien président Jacob Zuma (ex-ANC) et, avec le décompte des votes à l'étranger, par la DA.
L'ANC conserve sa majorité au Cap-Occidental, dans l'État libre, au Limpopo, au Mpumalanga et dans le Nord-Ouest. Au Cap occidental, l'ANC conserve sa place d'opposition.
Aucune majorité n'est obtenue à l'Assemblée nationale, ni dans les provinces du KwaZulu-Natal, du Gauteng ou du Cap Nord. L'ANC devient le deuxième parti au KwaZulu-Natal, une première depuis 1999. La majeure partie des pertes de l'ANC se font au profit du MK, tandis que la DA, l'EFF et d'autres partis minoritaires ont enregistré peu de gains ou des pertes.
Ainsi, l'ANC, alliance tripartite à laquelle participe le Parti Communiste d'Afrique du Sud (SACP), remporte la première place du scrutin avec 40,18% des voix, contre 57,5% en 2019. Selon les projections, l'ANC remporte 159 sièges (-71) des 400 de l'Assemblée nationale. L'ANC n'ayant plus de majorité, elle devra ouvrir son gouvernement à d'autres forces.
L'Alliance démocratique (DA, droite libérale) conserve sa seconde place avec 21,81% des voix et 87 sièges (+3). La DA est majoritaire au Cap Ouest avec 53,42% des voix. John Steenhuisen, du DA, a déclaré que les résultats montraient que l'Afrique du Sud "se dirigeait vers un pays de coalition" et a exprimé sa volonté de travailler avec l'ANC, ajoutant qu'il devrait d'abord consulter les autres signataires de la Charte multipartite. La DA estime qu'un gouvernement composé de l'ANC, du MK et de l'EFF constituerait une « "coalition apocalyptique" poursuivant les échecs politiques antérieurs.
L'uMkhonto we Sizwe (MK), de l'ancien président Jacob Zuma (ex-ANC, tombé pour corruption) fait une entrée en force dans l'Assemblée nationale. Cette formation, à la fois nationaliste, conservatrice, populiste et socialiste, remporte 14,58% des voix et sera représenté avec 58 élus. Le MK détrône l'ANC au Kwazulu-Natal (44,91%).
Les Combattants de la liberté économique (EFF, gauche communiste ethno-nationaliste) ne bénéficient pas du rejet de l'ANC. avec 9,52% des voix, l'EFF conserve 39 sièges à l'Assemblée nationale (-5). Julius Malema (EFF) déclare que les résultats des élections marquaient la fin du "droit de l'ANC d'être le seul parti dominant", ajoutant qu'il était ouvert à des négociations avec l'ANC sur la formation d'un gouvernement de coalition. Une perspective qui serait bénéfique à la fois à l'ANC comme à l'EFF. Une coalition qui amènerait un virage à gauche, nécessaire, pour résoudre la crise du capitalisme en Afrique du Sud.
Sur les autres résultats :
- Les monarchistes de l'Inkatha Freedom Party remportent 3,85% des voix et 17 sièges (+3).
- L'Alliance patriotique (extrême droite) remporte 2,06% des voix et fait son entrée à l'Assemblée nationale avec neuf sièges.
- Le Freedom Front Plus (parti des Afrikaners) avec 1,48% des voix remporte six sièges (-4).
- Les libéraux de ActionSA (scission de la DA) remportent 1,39% des voix et entrent à l'Assemblée nationale avec six sièges.
- Le Parti démocrate-chrétien africain remporte 0,59% des voix et trois sièges (-1).
- Le Mouvement Démocratique Uni (scission de l'ANC) avec 0,54% des voix remporte 3 sièges (+1).
- Les sociaux-libéraux du Rise Mzansi avec 0,44% des voix entrent à l'Assemblée nationale avec deux sièges.
- Build One South Africa (scission de la DA) avec 0,44% des voix entrent à l'Assemblée nationale avec deux sièges.
- L'African Transformation Movement, parti chrétien évangéliste pro-peine de mort, avec 0,42% des voix conserve ses deux sièges.
- Les islamistes du Al Jama-ah avec 0,34% des voix remportent deux sièges (+1).
- Les indépendantistes du Cap du National Coloured Congress avec 0,30% des voix entrent à l'Assemblée nationale avec deux sièges.
- Les nationalistes du Congrès panafricaniste d'Azanie conservent leur siège (0,30%).
- L'United Africans Transformation (panafricanisme, socialisme) entrent à l'Assemblée nationale avec un siège (0,20%).
Enfin, le parti Good (scission de la DA) est de dernier parti représenté à l'Assemblée nationale avec 1 siège (-1) et 0,23% des voix.
Il est important de noter que la participation est tombée à 58,64% contre 66,05% en 2019 et même 73,48% en 2014. Le scrutin a largement été boudé par les électeurs d'Afrique du Sud.