L'Ayyapa (grande congrégation religieuse hindoue)qui s'est tenue le 14 janvier devant les fidèles de Sabarimala a acté son échec face à la fermenté du gouvernement communiste du Kerala. En plus de n'avoir rassemblée que peu de monde (par rapport au "Mur des femmes"), les religieux hindoues se retrouvent réduit à dénoncer la perte d'identité du Kerala. Mais au contraire, c'est une véritable renaissance qui vient de se créer et les communistes peuvent être fier de leurs luttes pour les droits des femmes.

Pinarayi Vijayan, Chief minister du gouvernement du Left Democratic Front, sort renforcé de ce conflit religieux et se dote d'une nouvelle image, celle d'un réformateur social compétent et d'un bon administrateur.

Le gouvernement Narendra Modi s'est écrasé contre un mur. Il a voulu s'opposer à l'application du jugement de la Cour suprême de 2018 qui leve l'interdiction faite aux femmes en âge d'avoir leurs règles d'entrer dans le temple de Sabarimala. Il s’agit d’une décision judiciaire affirmant les droits de citoyenneté spirituels des femmes. Les forces conservatrices du Kerala, en alliance avecles réactionnaires, ont attaqué Pinarayi Vijayan et ont développé des violences fortes contre les militant.e.s communistes et progressistes.

Mais c'était bien mal connaitre Pinarayi Vijayan, né dans une caste inférieure et dans un milieu très pauvre. Il a combattu toute sa vie les forces réactionnaires conservatrices du Kerala. Au point de faire du gouvernement du LDF l'unique défenseur de la laïcité au Kerala.

Lors des inondations qui ont ravagé le Kerala en juillet 2018, Pinarayi Vijayan a fait ses preuves en tant qu'administrateur. Le gouvernement Modi a créé plusieurs obstacles pour bloquer les fonds d'aides et a bloqué des fonds étrangers. Mais Pinarayi Vijayan a brisé les sales coups des nationalistes. Il a mobilisé des ressources et a travaillé durement et de manière remarquable pour lancer une reconstruction de l'État, et en mettant en avant la nécessité de protéger l'environnement et de reconstruire en tenant compte impérativement de ce dernier. Il a acquis ainsi une renommée internationale pour la protection des populations et des biens du Kerala.

Alors que l'État était encore sous le choc des inondations, l'arrêt de la Cour suprême du 28 septembre 2018 est entré en vigueur. Cet arrêt marque un changement philosophique majeur dans une Inde conservatrice en affirmant l'égalité spirituelle et sociale des femmes.

L'attitude anti-femmes de l'Hindutva (nationalisme hindoue)

Le patriarcat brahmanique s'est opposé à la liberté des femmes indiennes de recevoir une éducation et de jouir de la liberté de religion. Pire encore, son cycle de reproduction est traité comme intouchable. L'attitude profondément anti-femmes de l'Hindutva a été démasqué à la suite de l'application de ce jugement pour Sabarimala.

Le réseau fondamentaliste, organisé sous le dénommé Ayyappa Dharma Sena, a attisé les attaques contre les femmes, les médias. Leurs manifestations ont même entraîné des morts dans l'État. Cet homme est un bon exemple de personnes issues des hautes castes indiennes non réformées, même après avoir fréquenté la London School of Economics. Face à lui, un Chief minister issue de basses castes.

Ce brahmane éduqué à Londres a organisé une «brigade suicide» avec le soutien tacite du BJP. Pur lui, si le jugement de la Cour suprême était appliqué, les membres du Dharma Sena "feraient couler le sang". Pinarayi Vijayan, ancien ouvrier au Kerala, lui répond en affirmant que "tous les êtres humains, hommes et femmes, sont égaux".

De manière assez surprenante, l'Indian Congress, a rejoint les manifestations casteistes et anti-femmes du BJP pour tenter de créer une crise pour renverser (a son profit) le gouvernement de Pinarayi Vijayan.

La renaissance du Kerala

Pinarayi Vijayan contre-attaque avec ce qu'il nomme la "renaissance" (Navodhanam) et en mobilisant des millions de femmes, Dalits, OBC, Adivasis contre la conspiration des hautes castes et des fondamentalistes de l'Hindutva. Il est le premier dirigeant communiste à initier une réforme spirituelle en tant que ministre en chef.

Les forces anti-femmes l'ont qualifié d'indigne personnage, et ont tout fait pour le destituer afin de "retourner à ses occupations de caste".

En organisant un mur de femmes sur 620 km de long, Pinarayi Vijayan a donné une réponse appropriée dans les rues. Le droit des femmes d'entrer dans le temple d'Ayyappa a divisé la société malayali en lignes de caste et de classes. Mais il est évident qu'une grande majorité des habitant.e.s du Kerala ont rallié la cause de Pinarayi Vijayan et il gagnera désormais haut la main les prochaines élections.

Une longue histoire de réformes

La lutte des femmes pour entrer dans le temple de Sabarimala s'inscrit de ce mouvements de réformes contre le brahmanisme oppressif du Kerala.

Les conditions des femmes, des Dalits, des OBC et des Adivasis de cet État se sont beaucoup améliorées par l'action des différents gouvernements communistes. Les luttes menées par les femmes et les hommes des castes inférieures, a fait face à une contre-réforme toute aussi puissante.

Cette contre-réforme des Adishankara et du Sabarimala ont beaucoup de choses en commun. Le brahminisme patriarcal, l'anti-bouddhisme et le végétarisme patriarcal d'Adishankara. Ces conditions oppressives ont contribué à l'expansion de l'islam, du christianisme et du communisme. Cela a donc rendu le Kerala plus démocratique dans le choix des relations entre nourriture, caste et genre.

La contre-réforme Sabarimala a également enrichi le Parti communiste, qui, tout en restant un parti de classe, devient un parti de réforme socio-spirituelle. A la différence du Bengale Occidental, où le CPI(M) n’a pas été en mesure d’introduire une créativité nouvelle dans son fonctionnement, il a perdu sa base sociopolitique. Au Kerala, avec Pinarayi Vijayan, le CPI(M) s’inscrit dans une renaissance et donne les outils nécessaires pour permettre la conquête communiste de l'inde.