Soumission totale et silence
Pendant deux jours, aucun sujet sensible n'a été précisément abordé lors des tables rondes organisées en présence de seulement six ministres (Najat Vallaud-Belkacem, Christiane Taubira, Valérie Fourneyron, Benoît Hamon, Alain Vidalies, François Lamy) du gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui avait lui-même annulé au dernier moment sa venue dans ce centre de loisirs réquisitionné pour l'occasion.
Benoît Hamon (économie sociale et solidaire) et Alain Vidalies (relations avec le Parlement) n'ont par exemple pas été questionnés sur l'abandon récent par la majorité de la loi d'amnistie sociale proposée par les parlementaires communistes et défendue il y a encore quelques mois dans l'opposition par le PS et ses deux mêmes responsables.
La mise en place d'une allocation d'autonomie pour la jeunesse, comme celle d'un récépissé policier lors des contrôles d'identité, deux revendications permanentes du MJS jusqu'à présent, ont été évoquées du bout des lèvres par les militants. Pis, le droit de vote pour les étrangers aux élections locales est, lui, carrément passé à la trappe.
Thierry Marchal-Beck, le leader du MJS, avait pourtant promis en ouverture que son mouvement serait le "poil à gratter" de la gauche gouvernementale, capable de dire à "papa et maman quand ils déconnent". Papa et maman peuvent être tranquilles, la révolte générationnelle n'est pas pour tout de suite. Alors qu'à Paris, entre Bastille et Nation, une partie de la gauche manifeste contre l'austérité à l'appel du Front de Gauche, à Soustons, l'ambiance était en effet davantage au défilé pour être pris en photo avec la garde des Sceaux Christiane Taubira, véritable vedette du rassemblement, accueillie comme une pop-star du mariage pour tous.
Pas de remise en question de la ligne économique et sociale du chef de l'Etat, aussi bas dans les sondages que le chômage est haut, mais des exhibitions de "zumba", une danse fitness colombienne, quelques séances d'accro-branches dans les pins landais et des exercices de navigation sur le lac de Soustons. Prudents, les jeunes socialistes avaient laissé les pédalos aux hangars, préférant le kayak ou le dériveur. Alors que le mot "fête" semblait avoir été banni de toutes les bouches, les militants ont quand même dansé "avec DJ" lors de la soirée de samedi, mais à huis clos, le rendez-vous ne figurant pas sur le programme distribué aux médias.
La lutte des classes sacrifiée sur l'autel de la lutte des places !