La démocratie la plus élémentaire a été bafouée par une décision unilatérale du maire de Marseille appliquée avec la complicité de l’Etat. Une question de cette importance mérite une appréhension départementale, favorisant la coopération entre les territoires. Le modèle basé sur la mise en concurrence de groupements de coopération intercommunale montre ici ses limites et appelle à une gestion départementale audacieuse.

Le traitement des déchets est une question trop grave pour faire l’objet de spéculations et se soumettre à de critères de rentabilité. C’est pourtant ce qui a été fait avec une délégation de service public pour vingt années à une entreprise privée européenne, qui veut se payer grassement sur le dos des contribuables, avec des objectifs de développement et d’extension de son marché.

Compte tenu des enjeux économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux liées à la gestion des déchets, une maîtrise publique s’avère nécessaire afin de garantir plus de transparence et de démocratie et de soustraire la gestion des déchets ménagers à une logique marchande. La création d’un tel un outil pourrait impliquer l’ensemble des collectivités territoriales et les habitants. Il est plus que jamais nécessaire de re-élaborer un plan départemental cohérent de traitement des déchets ménagers, incluant la problématique de leur transport, et travaillant sur des unités de traitement de proximité.

L’incinération n’est pas la solution. Réduire les pollutions est une nécessité. Dans l’esprit d’un nouveau type de développement, il faut mettre en place une politique ambitieuse en matière de gestion des déchets. Le tri, le recyclage, le compostage, la méthanisation, ou à défaut le stockage de déchets ultimes sont autant de moyens pour limiter à une part extrêmement marginale le recours à l’incinération. La situation appelle également à de fortes injonctions publiques pour limiter la production de déchets à la source.

L’annulation de la Délégation de services publics est l’occasion de remettre en cause ce choix. Une erreur a été faite, il faut la réparer, et la gestion des déchets de Marseille n’est pas loin d’être un problème national. Le Grenelle de l’environnement et le « plan de relance » doivent intégrer une aide conséquente pour mettre en œuvre à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône une solution du XXIème siècle pour le traitement des déchets.

C’est dans ce cadre qu’il faut envisager de régler la question de l’équipement construit à Fos. Il doit être radicalement transformé pour répondre aux critères de traitement des déchets de notre temps. En exigeant une intervention massive de l’Etat, la communauté urbaine de Marseille-Provence Métropole, le Syndicat d’Agglomération Nouvelle Ouest-Provence, le Conseil Général, devraient pouvoir établir un dialogue et un tour de table pour transformer l’usine privée de traitement des déchets de MPM avec ses graves défauts en une unité viable et partagée sous maîtrise publique. L’enjeu se situe à ce niveau.