L’opposition, qui contrôle actuellement deux Etats (Zulia et Sucre) sur 24, pourrait perdre ses ultimes bastions au profit des candidats gouvernementaux, notamment dans l’Etat de Zulia dirigé par le gouverneur Manuel Rosales, farouche opposant de Chávez. Rosales a déjà prévu d’ignorer les résultats du scrutin en cas de victoire de Giancarlo Di Martino, candidat du PSUV à Zulia, conscient que les électeurs vénézueliens sont favorables au parti présidentiel.
Ce dernier avait déjà participé au coup d’Etat du 11 avril 2002 en signant le décret reconnaissant la junte putschiste de l’éphémère Pedro Carmona Estanga. Il fut également un éminent protagoniste du sabotage pétrolier en décembre 2002, et a multiplié les campagnes médiatiques contre le pouvoir en place. Il se trouve désormais gravement impliqué dans un scandale de corruption.
Hugo Chávez a mis en garde contre toute nouvelle tentative de déstabilisation. « Ils veulent de nouveau incendier le pays […]. Ils sont à la recherche de militaires pour fomenter un coup d’Etat », a-t-il dénoncé. Il en a également profité pour lancer un avertissement ferme à l’encontre de l’actuel gouverneur de Zulia: « Si Monsieur Manuel Rosales refuse de passer le pouvoir au vainqueur du 23 novembre […], il sera arrêté le jour même ».
Depuis son arrivée au pouvoir, Chávez a constamment été la cible de menaces. L’administration Bush a tout tenté, du coup d’Etat de 2002 jusqu’au financement actuel de l’opposition, pour se débarrasser de l’homme politique le plus populaire d’Amérique latine. En septembre 2008, les autorités vénézueliennes ont déjoué de justesse une conspiration visant à assassiner le leader bolivarien et réitérer un putsch. Plusieurs militaires à la retraite et en activité – mais sans commandement de troupes – des forces armées ont été arrêtés.
Les services de renseignements vénézueliens avaient réussi à enregistrer plusieurs conversations téléphoniques entre le général de division de l’Armée Wilfredo Barroso Herrera, le vice-amiral Millán Millán et le général de brigade de l’Aviation Eduardo Baez Terrealba. Les putschistes avaient élaboré un plan pour prendre d’assaut le Palais présidentiel de Miraflores et éliminer Chávez : « S’il se trouve à Miraflores nous ciblerons nos efforts dans cette direction. […] Nous allons prendre le Palais de Miraflores, nous allons nous emparer des chaînes de télévision. L’objectif doit être unique […] Cet effort d’unité doit se diriger vers le Palais ».
En plus d’une attaque contre le Palais, les militaires avaient prévu de s’en prendre à l’avion présidentiel et de le faire exploser par un missile au moment du décollage ou de l’atterrissage. Ainsi, « une opération possible [aurait lieu] au retour de voyage du président Chávez. L’une des actions serait de le faire exploser, ou de le capturer avec des avions en plein vol ».
Mario Isea, président de la Commission spéciale d’enquête sur l’assassinat de l’Assemblée nationale vénézuelienne, a confirmé l’existence d’indices avérés concernant ce plan de coup d’Etat. « Il y a suffisamment d’élément de preuves pour confirmer les plans d’assassinat et de coup d’Etat », a-t-il signalé. Il a également souligné l’implication d’éléments internationaux, d’hommes politiques de l’opposition, de médias privés et d’hommes d’affaires locaux. Les individus en question s’étaient réunis à plusieurs reprises au Venezuela, en Colombie et aux Etats-Unis.
L’implication de l’administration Bush dans cette affaire est indéniable. En effet, l’opposition vénézuelienne ne se risquerait jamais à une telle entreprise si elle ne bénéficiait pas du soutien politique et financier de la Maison-Blanche. En septembre 2008, lassé par les multiples ingérences des Etats-Unis, Caracas a expulsé l’ambassadeur étasunien et rappelé son représentant diplomatique de Washington.
L’élection de Barack Obama à la présidence étasunienne pourrait entraîner une normalisation des relations entre les deux nations. Hugo Chávez a salué la victoire du sénateur démocrate et lui a tendu un rameau d’olivier : « Le gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela fait part de sa volonté et de sa détermination d’élaborer, sur la base du respect absolu de la souveraineté, un agenda bilatéral constructif pour le bien-être des peuples vénézuélien et étasunien ».
L’opposition vénézuelienne se trouve dans une situation désespérée. La révolution politique, économique et surtout sociale du président Chávez l’a coupée de toute base populaire. Le leader bolivarien jouit d’un prestige hors norme dans son pays grâce à sa politique de redistribution des richesses qui a sensiblement amélioré le niveau de vie des catégories les plus démunies. Les résultats atteints en une décennie sont spectaculaires. L’implication de l’ensemble des citoyens dans le processus de transformation lancé en 1998 a permis à la société toute entière d’atteindre un degré de maturité politique suffisant pour être consciente des enjeux nationaux et comprendre que l’oligarchie n’est pas la meilleure représentante de ses intérêts.