Monsieur le Sénateur Président du Conseil Général de la Guadeloupe

Vous m’avez adressé, daté du 28 avril dernier, un courrier par lequel vous m’invitez à désigner le représentant du Parti Communiste Guadeloupéen au sein du « Comité Guadeloupéen de Projet »

Je vous en accuse réception sous cette forme ouverte, non pour soutenir une vaine polémique, mais pour éviter que comme à l’accoutumée, nos prises de position ne soient tronquées, caricaturées et déformées.

En premier lieu, je vous confirme la démarche constante du Parti Communiste Guadeloupéen s’agissant d’exposer, de défendre, de confronter et de faire partager ses analyses et propositions sur la situation et le devenir de la Guadeloupe.

Dès lors, tout en étant opposés à vos orientations politiques et comme nous l’avons toujours fait, nous entendons prendre part et agir de manière constructive pour installer dans le pays un véritable débat démocratique et permettre ainsi la participation et l’engagement citoyens.
Dans votre courrier, vous indiquez que le projet Guadeloupéen de société appelle à une refondation des rapports sociaux, économiques et politiques dans le cadre de l’article 73 de la constitution.
Il s’agit là, d’une violation de la résolution votée par le congrès des élus départementaux et régionaux du 24 juin 2009, résolution qui ne cite aucun article de la constitution française.
C’est une atteinte intolérable au libre arbitre des guadeloupéens et une injure à leur dignité que de prétendre ainsi circonscrire, encadrer et enfermer leur liberté de choix.

Monsieur le Président, je dois vous avouer notre ahurissement face à ce viol de l’expression des élus guadeloupéens, qui lors de ce congrès n’ont pas eu à délibérer sur un quelconque article de la constitution française , d’autant, que dans votre discours vous précisiez et je vous cite : « Mes chers compatriotes, je voudrais aussi vous dire que ce congrès n’est pas un coup politique et qu’il n’est pas non plus le congrès de l’évolution institutionnelle ou statutaire » et vous ajoutiez : « L’Histoire nous a en effet enseigné qu’il faut d’abord partir d’un projet voulu, pensé et construit par les guadeloupéens eux-mêmes avant d’envisager les outils institutionnels qui le serviront.»

Comment, à partir de telles déclarations pouvez-vous aujourd’hui initier « l’élaboration collective d’un projet partagé de société » en l’inscrivant d’ores et déjà dans l’article 73 de la constitution?

Je ne m’étendrai sur la violation qui ne vous incombe pas, de l’article 3 de cette résolution, qui avait décidé de l’installation du Comité guadeloupéen de projet pour la fin septembre 2009, de celle des comités locaux et territoriaux à fin décembre 2009 et d’un délai de 18 mois, tenant compte de la période électorale, pour la finalisation du projet de société guadeloupéen.
Peut-être, avez vous pensé en synergie, que le temps pourrait être l’infirmier de l’oubli?
Monsieur le Président, depuis sa création il y a 52 ans, le Parti Communiste Guadeloupéen se bat pour le droit du peuple guadeloupéen à décider librement de son avenir, il ne saurait se porter caution de ce déni de démocratie, résultant de la violation de la délibération du congrès des élus.


Je vous réaffirme la volonté et l’engagement du Parti Communiste Guadeloupéen de construire avec les guadeloupéens le projet de société qu’ils auront librement décidé.

Dans l’attente du strict respect de la résolution du congrès des élus départementaux et régionaux du 24 juin 2009, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de mes sentiments patriotiques.

Le Secrétaire Général
Félix Alain Flemin

NDLR. Louis Delgrés, combattant, anti esclavagiste, né à St Pierre ( Martinique) qui le 28 mai 1802 est entré dans l’histoire de l’humanité, en « en étant le premier Kamikaze Caribéen. Il s’est fait sauter au Matouba ( Saint Claude, Guadeloupe) avec 300 de ses soldats au cri de « Vivre libre ou mourir ». Il refusa ainsi de se soumettre au nouvel ordre esclavagiste napoléonien.