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Vendredi 11 Mai 2012
La France n’a pas fait exception : après le Royaume-Uni, l’Irlande, le Portugal, le Danemark, l’Espagne et la Grèce, le gouvernement en place a été battu aux élections, après avoir appliqué l’austérité. Sarkozy battu, assiste-t-on au début de la fin du néolibéralisme en Europe ?
Élu en 2007, Sarkozy semblait indéboulonnable dans les sondages. Rien ne paraissait pouvoir l’arrêter. Il allait, à la tête d’une droite libérale décomplexée, balayer des acquis sociaux essentiels : réforme des retraites, démantèlement des 35 heures, atteinte au droit de grève avec le service minimum... Courageusement, des mouvements sociaux, des syndicalistes, des progressistes ont engagé le combat pour faire tomber cette droite triomphante de son piédestal.
La crise de 2008, puis le mouvement contre la réforme des retraites en automne 2010 ont fait reculer la popularité de Sarkozy. La perspective d’une austérité prolongée en France, la proximité ouverte entre la politique et les nantis a eu finalement raison d’un des deux acteurs du duo Merkozy qui donnait le ton jusqu’à présent dans l’Union européenne. L’extrême-droitisation de Sarkozy, faite de racisme, de dérive sécuritaire, de conservatisme moral n’a heureusement pas pu l’emporter. On ne peut que s’en réjouir. Mais s’agit-il d’un tremblement de terre, un tournant mettant fin à l’austérité en Europe voire au néolibéralisme ? Ce n’est pas tant Hollande qui a gagné que Sarkozy qui a été battu. Comme les sociaux-démocrates Zapatero, Socrates ou Brown l’ont été en Espagne, au Portugal et en Grande-Bretagne. Pas de rupture profonde Certes, Hollande a promis de changer de style, d’être plus rassembleur et ne pas diviser en excitant racisme et nationalisme. Mais, sur le fond de la politique socio-économique, Hollande ne présente pas de rupture profonde avec Sarkozy : le débat d’entre les deux tours l’a illustré. Le président sortant et son concurrent victorieux se sont affrontés sur comment la France allait rattraper l’Allemagne, en vantant le « modèle allemand » et sa « compétitivité ». Hollande a critiqué le fait que la France n’était pas au niveau de l’Allemagne en matière d’exportations et de performances économiques. Tandis que Sarkozy répondait qu’il faudrait, pour y arriver, appliquer la politique salariale et de flexibilité des horaires allemande. Au lieu de tourner le dos à ce modèle qui fait qu’il y a, outre-Rhin, 1,4 million de travailleurs et 2,5 millions d’enfants sous le seuil de pauvreté, Hollande a donné de l’eau au moulin à la politique néolibérale de la concurrence. Hollande ne s’oppose pas réellement à l’austérité : il a avancé qu’il allait économiser 50 milliards d’euros dans les quatre ans à venir en limitant les dépenses de l’État. Il a avancé qu’il fallait ajouter au pacte budgétaire européen un pacte de croissance consistant en des prêts publics destinés à relancer l’industrie privée. Il ne propose donc pas de mettre fin à l’austérité, mais d’y ajouter en complément un plan de relance. Grosse nuance. Aucune proposition contre les spéculateurs Hollande a déclaré être contre le pouvoir de la finance, mais il apparaît déjà désarmé en cas de pression des marchés financiers. Son discours au soir de l’élection était dépourvu de toute proposition mobilisatrice et réelle contre les spéculateurs, les riches (voir encadré) et la mainmise des banques. Pas étonnant, avec des prochains ministres comme Pierre Moscovici, qui est vice-président du lobby patronal du cercle de l’Industrie ,ou Michel Sapin, proche des milieux bancaires français. Dans ces conditions, l’alternance de gouvernement en France n’ouvrira pas de perspectives, ni pour combattre la crise ni pour protéger la population française de ces effets. Et pour les peuples d’Europe, si le couple Merkozy est fini, le couple Merkollande risque de ne pas être beaucoup mieux. Une nouvelle étape s’ouvre pour le mouvement social, les syndicats et la gauche conséquente (dont le Front de Gauche, le PCF et le Parti de Gauche) qui devront redescendre dans la rue pour imposer leurs exigences de changement. Exil fiscal français ? Voici comment Di Rupo peut aider son ami François « Aujourd’hui, il y a déjà 5 000 millionnaires français dans le paradis fiscal belge. Si Hollande gagne, un nouvel exode fiscal menace », selon l’avocat spécialisé Manoël Dekeyser1. Sauf que, ce lundi matin, il n’y a pas de réelle panique chez les millionnaires français comme on avait pu en connaître au lendemain de l’élection de Mitterrand en 1981. « Si exil il y a, il sera très limité », affirment les experts. Rien ne bouge à Ixelles où habitent déjà les hommes d’affaires Bernard Darty (groupe Darty), Cécile Defforey (groupe Carrefour) ou Lotfi Belhassine (Air Liberté). Ni au « Square des milliardaires » à l’orée du Bois de la Cambre où habitent quelques riches Français, dont Amaury Taittinger. Ni à Woluwé, où s’alignent, sur l’avenue de Tervueren, la plupart des enseignes de Private Banking – gestion de fortune – dont les exilés fiscaux français sont des clients de choix. L’élection de Hollande ne fait visiblement pas peur : sa mesure d’impôt de 75 % sur la tranche au-dessus d’un million d’euros de revenus – mesure symbolique qui toucherait à peine 0,01 % de la population française et rapporterait peu – ne sera peut-être jamais appliquée. Histoire de ne pas trop se fâcher avec ses amis patrons comme Christophe de Margerie, PDG de Total, Henri de Castries, celui d’Axa, ou encore Jean-Bernard Lévy, de chez Vivendi. Déjà début avril, François Hollande avait clamé son intention de réunir les dirigeants du CAC 40 dès le 7 mai, en cas de victoire. « Je leur dirai : “Vous êtes les fers de lance de l’économie française. Nous avons besoin de vous et vous avez besoin de l’État. Nous devons relever ensemble le défi du redressement de la France” »2. Mais la crainte d’un exode fiscal vers la Belgique en cas de mesures contre les riches Français nous offre un autre enseignement plus près de chez nous : la preuve que notre pays est bel et bien un paradis fiscal pour les plus nantis. Si Hollande envisageait tout de même des mesures contre les millionnaires français, son ami Elio devrait directement faire voter une taxe des millionnaires en Belgique. Ce serait bénéfique, et pour les caisses de l’État français, et pour celles de l’État belge. Qui inciterait les riches exilés français à rentrer dans leur pays... Ce serait une mesure qui montrerait que les socialistes veulent réellement changer le cours des choses en Europe. Chiche, Elio et François ? (DP) 1. De Standaard, 6 mai 2012 • 2. La Tribune, « Comment François Hollande soigne ses relations avec les patrons », 8 avril 2012 David Pestieau http://www.ptb.be/nieuws/artikel/france-le-couple-merkozy-fini-merkollande-commence-t-il.html |
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