« Un pays riche ne peut pas avoir des travailleurs pauvres. » Après des années de politiques d'austérité, de casse sociale, l'Espagne s’apprête à suivre l'exemple de son voisin portugais.

Le salaire minimum mensuel du pays passerait de 858 euros brut à 1.050 euros dès 2019. Soit la plus forte hausse depuis 1977. Une augmentation de 22 %, qui sera validée lors du conseil des ministres du 21 décembre qui aura lieu à Barcelone (Catalogne occupée).

« Le Conseil approuvera la hausse du salaire minimum », a déclaré Pedro Sanchez devant les parlementaires. Selon le projet de budget publié début octobre, cette mesure coûtera 340 millions d’euros à l’Etat. En annonçant qu’il relèvera par décret le salaire minimum mensuel de 858 euros à 1.050 euros brut, Pedro Sanchez fait passer une mesure phare de son projet de budget pour 2019, qu’il n’a pas en ce moment les appuis nécessaires pour faire voter au parlement.

La sanction électorale andalouse réveille la Moncloa

Cette élection a été un tremblement de terre politique en Andalousie, mais aussi en Espagne. Dirigée depuis 36 ans par le PSOE, la région autonome a donné ses premiers député.e.s d'extrême droite (VOX) et une majorité aux partis de droite (PP et Ciudadanos). Et la liste de la gauche populiste/communiste (16,18%) ne permet de maintenir une majorité à gauche dans la province.

Cette situation s'explique par plusieurs facteurs dont le plus important est centré sur la situation catalane. Aligné sur le PP, sur Ciudadanos et aussi sur VOX, le PSOE ne se démarque pas des principaux partis concurrents. La politique espagnole est enlisée dans ce que l'on pourrait appeler le "bourbier catalan" et une surenchère répressive contre le mouvement indépendantiste.

Pour réagir et sortir de cette situation, Pedro Sanchez et le PSOE, s'est tourné vers Podemos et Izquierda Unida pour proposer un budget "plus social", mais ce dernier est bloqué au parlement faute de majorité et faute de dialogue avec les partis catalans (ERC, PDECat). Après la sanction électorale andalouse, le PSOE n'a plus d'autre choix que de passer par décret.

Mettre en sourdine l'anti-catalanisme du PSOE

Si la situation politique, constitutionnelle, reste bloquée, les travailleuses et les travailleurs de toute l'Espagne (Catalogne incluse) vont pouvoir souffler un peu. Cette action hautement politique permet aussi de reprendre l'initiative à gauche, et pour une fois on constate qu'un parti social-démocrate sanctionné électoralement, fait le choix de l'action en faveur des travailleuses et des travailleurs.

Le replis identitaire anti-catalan qui a permis l'irruption de VOX, bien que toujours présent au PSOE, est mis en sourdine au profit du social.