La culture et l’identité font notre spécificité réunionnaise
En 1959, le Parti communiste réunionnais est créé pour être un « instrument décisif entre les mains des travailleurs et du peuple réunionnais pour leur libération du joug colonial ».
50 ans plus tard, des avancées incontestables ont été obtenues, et pour l’application des lois sociales, les Réunionnais sont considérés comme des citoyens de la République. Le Parti communiste réunionnais a donc réussi à contribuer à faire gagner aux Réunionnais le droit de bénéficier de nombreuses avancées prévues par la loi du 19 mars 1946.
Cela veut dire que pour les Réunionnais, la norme sociale est celle d’un des pays les plus avancés au monde dans ce domaine. C’est par l’application des lois sociales votées en France que Raymond Vergès et Léon de Lépervanche portaient la solution d’urgence aux problèmes immédiats des Réunionnais de l’époque. Mais aujourd’hui, ces avancées considérables montrent leurs limites dans un contexte qui n’a plus rien à voir avec celui du 19 mars 1946.
Plus de 110.000 demandeurs d’emploi
Le principal problème auquel nous devons faire face actuellement est celui du chômage. Plus de 112.000 Réunionnais sont actuellement inscrits comme demandeurs d’emploi.
Plusieurs facteurs structurels expliquent cette catastrophe. En effet, l’abolition du statut colonial n’a pas signifié pour La Réunion le développement de nouvelles filières d’exportation. L’ouverture du pays sur l’extérieur s’est fait en privilégiant les liens avec l’ancienne métropole. Cela fait qu’aujourd’hui, le volume, la nature et la destination des exportations n’a guère changé. C’est toujours essentiellement du sucre et des alcools pour le marché européen. Par contre, les importations ont augmenté bien plus vite que la population, et elles viennent aujourd’hui en majorité de l’Europe.
Jusqu’à présent, aucun gouvernement n’a été capable de trouver la solution au sous-développement. Est-ce étonnant ? Car comment espérer que l’application de mesures destinées à répondre à un problème posé dans un pays occidental puisse apporter des solutions à un autre problème qui a pour contexte un île tropicale densément peuplée et en pleine transition démographique ?
Quant aux textes votés jusqu’à présent à Paris, ils n’ont pas permis à notre pays d’avoir droit au développement tant espéré. Nous sommes en effet sous le coup d’un modèle qui se caractérise par l’importation à La Réunion d’un mode de vie et de produits pensés pour l’Occident.
À partir de là, du fait de notre éloignement de la source de ce modèle, et aussi à cause de notre insularité, le prix à payer pour vivre dans ce modèle coûte de plus en plus cher, et cela sur tous les plans. Et ceux qui ont pensé ce modèle ont une différence essentielle avec les Réunionnais : ils savent où sont enterrés leurs ancêtres, ils savent d’où ils viennent.
Nous avons la solution en nous
Depuis 50 ans, le PCR milite pour que les Réunionnais puissent avoir la possibilité de se faire entendre sur des questions aussi essentielles que celles de son approvisionnement ou du choix du modèle de développement.
La Réunion est à la croisée des chemins, et elle a de nombreux atouts à faire valoir. En premier lieu, elle est le seul pays à des milliers de kilomètres à la ronde à disposer d’un niveau de formation aussi élevé.
Au 19ème siècle, les Réunionnais ont été capables de construire en quelques années un port et un chemin de fer. Depuis le début du 21ème siècle, notre pays est entré dans une nouvelle phase de grands travaux. Ils préparent La Réunion du million d’habitants, tout en aménageant les conditions d’une remise en cause du modèle de développement qui domine le pays depuis plus de 60 ans.
Alors, il est important que tous les Réunionnais prennent conscience qu’ils ont tous une part de la solution qui permettra à notre pays de sortir de la crise héritée de l’esclavage et de la colonisation. Cela passe par la connaissance de notre Histoire, et du défi sans équivalent que nous avons réussi à relever : la construction d’une société sans heurts malgré la diversité de notre peuplement, et la domination d’un ordre inégalitaire.
Le peuple du développement durable
Cette prise de conscience pourra s’appuyer sur la pleine reconnaissance de tout ce que nos ancêtres nous ont apporté. Cet hommage à leur passage sur notre terre, ce sera une contribution de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Cette reconnaissance, c’est notre "zarboutan" commun sur lequel nous pouvons nous appuyer pour décoloniser les esprits. Et à partir de ce moment, nous serons, comme d’autres peuples, tous capables de savoir d’où nous venons, et ensuite de décider clairement de là où nous souhaitons aller.
En valorisant nos atouts, nous trouverons alors ensemble une solution réunionnaise capable de sortir le pays de la crise, et de donner l’espoir du développement durable à un million de Réunionnais. Cette solution, elle sera spécifique à notre peuple, et elle sera le résultat de l’adhésion de tout un peuple à son projet.
Venus d’Afrique, d’Inde, de Madagascar, des Comores, de Chine ou d’Europe dans des conditions que l’on ne peut pas imaginer aujourd’hui, nos ancêtres auront donc été capables de donner naissance à un peuple capable en trois siècles de construire le développement durable : le peuple réunionnais.