Elections et Analyses
Mercredi 3 Décembre 2014
Il n'est pas courant que je m’intéresse aux élections étudiantes, mais à l’approche du Congrès de l'UNEF ces résultats peuvent avoir une résonance particulière notamment pour les syndicalistes communistes engagés dans les rangs du syndicat étudiant et organisés dans la TMAS (Tendance pour une Majorité d’Action Syndicale)
Les CROUS c'est quoi ?
Les Œuvres Universitaires et Scolaires constituent un service public de l’Etat placé sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Les CROUS (Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires), au nombre de 28 sur tout le territoire français, ont pour mission de favoriser les conditions de vie et de travail des étudiants ou élèves des établissements d’enseignement supérieur. Ils constituent un réseau dont la mission sociale (bourses sur critères sociaux, aides financières) s’étend à tous les services de proximité de la vie quotidienne des étudiants (logement, restauration, culture…). 16 centres locaux (clous ) et plus de 40 antennes accueillent les étudiants. Les enjeux de ces élections sont importants, les CROUS sont un relais fort pour la vie des étudiants (logements, bourses, restauration, aides ...) et du résultat des élections aux CROUS est renouvelé le CNOUS (Centre National des Œuvres Universitaires et Scolaires). Le Cnous assure la cohérence et le pilotage du réseau, l’expertise de projets, la mutualisation des expériences, l’organisation du dialogue social avec les représentants des personnels et des étudiants, la modernisation de la gestion, l’allocation et l’optimisation des ressources et la restitution des résultats des politiques financées par l’État sur le territoire national. Les élections étudiantes ne mobilisent pas beaucoup, ici le taux de participation reste stable à 8,5%, avec près de 200.000 votants (9% en 2012).
L'UNEF en tête des élections, la FAGE en forte progression
Les résultats ont été publiés le 28 novembre et ils donnent l'UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) en tête des élections avec 77 élus, on constate une perte de 2 élus par rapport à 2012, année exceptionnelle où l'UNEF gagnait 79 élus et se retrouvait en position de force face à ses concurrents (l'UNEF disposait d'une avance de 22 sièges sur son challenger la FAGE). L'UNEF recueille, en 2014, 35% des voix contre 39% en 2012. Ces élections confirment une érosion de l'UNEF dans les universités, les derniers centraux ont vu la FAGE fortement progresser, et l'UNEF stagner et même reculer dans certains de ses bastions, certains historiques (Nanterre-Paris 10, Lyon 2, Le Havre ...). Cette situation révèle un véritable malaise dans ce syndicat traversé par de profondes contradictions liés à son mode de fonctionnement (les tendances) et ses liens avec l'aile gôche du PS (notamment avec le MJS). On peut relativiser ces résultats comme le fait le Président de l'UNEF, William Martinet : "Historiquement, c'est le deuxième meilleur score de l'UNEF à ces élections, avec 70.000 voix réunies sur nos listes. Etant donné le contexte difficile et le fort risque de résignation face à un gouvernement qui ne respecte pas la priorité 'Jeunesse', ces résultats sont rassurants sur la capacité de mobilisation des étudiants". Cette déclaration confirme une victoire à la Pyrrhus pour l'UNEF qui perd malgré tout près de 9000 voix et 2 élus. Une autre organisation talonne l'UNEF désormais de très près : la FAGE, qui sort réellement vainqueur de ce scrutin. La Fédération des associations générales étudiantes (qui se revendique apolitique, mais qui est loin de l'être) compte désormais 70 élus, soit une forte progression par rapport aux dernières élections en 2012, où la fédération avait remporté 57 élus. Une avancée qui s'opère principalement au détriment de PDE (Promotion et défense des étudiants), qui voit son nombre d'élus passer de 11 à 5. L'UNI-MET (droite) conserve 14 élus contre 15 auparavant. Les 196 représentants étudiants des CNOUS procéderont à l'élection des 8 élus étudiants du CNOUS début 2015. La FAGE espère dérober la première place à l'UNEF, du moins en représentativité, en essayant de s'appuyer sur les élus "divers" (35) présent dans certains CROUS.
Nouvelle défaite de l'UNEF sur le CROUS Lyon-Saint Etienne
173.126 étudiants étaient appelés à voter pour élire leurs représentants au CROUS Lyon-Saint Etienne, et seulement 7,37 % sont allés voter (12.767 votants) un chiffre inférieur à la moyenne nationale et en recul de 2 points par rapport à 2012 (9,18%). Avec 58,01% des suffrages (7312 voix ; +10 points par rapport à 2012 soit 48,34% des voix) la FAGE arrive en tête des élections et se permet une progression électorale et gagne un élu. PDE (Bouge ton CROUS) obtient aussi un score en progression avec 13,54% des suffrages (1706 voix ; +2,5 points et 11,01% en 2012). Ces deux listes associatives ou "corpo" obtiennent 6 sièges des 7 sièges en jeu. L'UNI-MET (droite universitaire) n'obtient aucun siège et recueille 9,91% des suffrages (1249 voix ; -5,5 points par rapport à 2012 - 15,37%). L'élu de droite est perdu au profit de la FAGE. L'UNEF parvient à sauver son siège avec 16,81% des suffrages (2783 voix ; -3 points par rapport à 2012), elle se classe à la seconde place mais est largement distancé par la FAGE. En 2012 l'UNEF avait recueilli 19,94% des voix. L'UNEF parvient cependant à repasser en tête sur Lyon 2. Cette érosion électorale s'explique par plusieurs facteurs : - L'extrême faiblesse du tissu militant UNEF (du fait de lourdes purges commise par le BN contre des camarades de la TMAS). - Du putsch au sein du MJS 69 qui a poussé une grande partie des jeunes socialistes de la "majo" vers la TRS (proche des radicaux de gauche) en représailles. - De l'irruption de la FAGE sur Lyon 2, ce bastion du syndicalisme (rouge et de l'UNEF). - De la puissance de la FAGE sur Lyon 1, ce bastion des corpos. - Du retour de PDE à Lyon 3 qui reprend la place de leader à l'UNEF.
Quel avenir pour l'UNEF et pour le syndicalisme étudiant ?
Avant de lancer des pistes de réflexions, il faut d’abord s'interroger sur l'avenir du syndicalisme étudiant ? Depuis les élections de 2012 le syndicalisme étudiant recule au profit du mouvementisme associatif / corporatiste (toutes les associations ne sont pas forcement corporatistes). Ce déclin touche d'abord les deux extrémités du syndicalisme étudiant : - Le réformisme syndical assumé par la Confédération étudiante (Cé - officiellement liée à la CFDT) qui est en quasi extinction. - Le syndicalisme "révolutionnaire" incarné par la FSE et Sud-étudiant (fusionné depuis) qui lui aussi recul fortement. Même si ces organisations conservent des implantations (Lyon 2, Aix-Marseille... ). Ces deux types de syndicalisme étudiant ne sont plus représentatifs (en terme de présence dans les institutions nationales CNOUS/CNESR). Le monopole syndical est donc assuré par l'UNEF qui se retrouve être, depuis la fusion UNEF/UNEF-ID, le syndicat étudiant (en représentativité, en cohérence territoriale, et en score électoraux). Cependant il y a une vraie crise au sein de l'UNEF, les méthodes d'organisation du syndicat étudiant ne sont plus en adéquation avec la réalité du monde étudiant. C'est ce qui explique son faible taux d'adhérents (30.000 revendiqués pour moins de 10.000 en réalité), son décrochage électoral et son incapacité à bloquer la montée des corporations étudiantes (FAGE et PDE). Son fonctionnement est aussi en voie d'obsolescence, le fonctionnement en tendance ne permet pas de rassembler les étudiants quelques soient leurs opinions politiques. Bien au contraire, le système en tendance divise les syndicalistes étudiants en courant politiques et justifie l'utilisation à des fins politiques de l'UNEF. Il y a plusieurs tendances, ces dernières servent essentiellement (mais pas exclusivement) à recruter pour des partis politiques : - La TMN (Tendance majoritaire nationale) est clairement un outil de recrutement pour l'aile gôche du PS et du MJS (les cadres "majo" de l'UNEF se retrouvent très vite en responsabilité au PS). Les dirigeants de cette tendance font clairement ce choix de recruter de nouveaux membres pour peser au sein des débats internes du PS/MJS. - La TMAS (Tendance pour une Majorité d’Action Syndicale) bien que composée de militants communistes (et certains proches d'Ensemble)la démarche est plus cohérente. La TMAS souhaite dépasser le système en tendance pour une organisation qui soit tournée vers la réalité du monde étudiant. Ils souhaitent développer une organisation syndicale mature, qui repose sur deux pieds : la revendication (information des étudiants, mobilisation des étudiants ...) et l'action institutionnelle (agir aux seins des conseils). - La TRS (Tendance refondation syndicale), elle regroupe l'aile droite du PS (sic) et les radicaux de gauche (ou peu trouver aussi des militants du MODEM). Elle assume son côté réformiste (la Cé est issue de cette tendance). - La TSC (Tendance pour un Syndicalisme Combatif) proche du NPA et des restes de la TUUD (Tendance pour une Unef unitaire et démocratique). Posons nous la question de l'avenir de l'UNEF. Les compromissions de la "majo" avec le gouvernement notamment Geneviève Fioraso et Benoît Hamon (un des patrons de l'aile gôche du PS) on coûté cher à l'UNEF notamment lors de la loi ESR dite "Fioraso", elle c'est coupé des syndicats professionnels qui se sont opposé à cette nouvelle casse de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Mais hélas ce n'est pas tout ... La mise sous tutelle de la LMDE (La Mutuelle Des Etudiants) issue de la MNEF (plombée par les magouilles des actuels dirigeants du PS) prive l'UNEF (et surtout la "majo") de financement pour ses congrès (achat de fausses cartes) et de débouché pour ses anciens dirigeants (les anciens du BN se retrouvent souvent administrateurs de la LMDE). L'UNEF, malgré les discours de son Président, n'est dans la meilleurs des formes. Les adhérents du syndicat étudiant auront, lors de leur congrès, entre leurs mains l'avenir de cette organisation. Les enjeux sont multiples : - Assurer l'indépendance vis à vis des partis politiques (et notamment du PS) en dépassant le système parasitaire de la tendance. Le national de l'UNEF doit être le reflet de son organisation et non de ses courants politiques. - Renouer avec l'engagement syndical quotidien (en tenant compte d'enjeux locaux dans les revendications de l'UNEF). - Rétablir (ou établir) une démocratie interne qui réduise les pouvoirs exorbitants du Bureau National sur les AGE (organisation de base de l'UNEF) et sur les campagnes locales (qu'un suivi du BN ne puisse plus interdire aux AGE de mener des campagnes propres à leurs lieux de vies). - Assurer la transparence des finances (notamment pour les fausses cartes des congrès).
De plus les syndicalistes communistes auront d'autres débats à mener, celui de la place des communistes au sein de l'UNEF, c'est à dire celle de l'UEC (Union des étudiants communistes).
Aujourd'hui se débat traverse toujours le monde des étudiants communistes, l'UEC connait depuis 2010 une croissance forte (elle est présente dans plus de la moitié des universités) et sort d'un référendum qui a mobilisé 28.180 étudiants (juste avant les CROUS). La question de l'engagement syndical de l'UEC est posée, et contrairement à ce que peuvent penser certaines personnes, l'UEC est une organisation politique qui se renforce, qui dispose d'un vrai crédit politique dans le monde étudiant et qui dans le futur qui sera capable d'avoir un poids (y compris syndical) très important. On peut le dire tranquillement, il y a plus de militants à l'UEC qu'à l'UNEF. L'avenir de l'UNEF appartient aux adhérents de l'UNEF (du moins ceux qui sont conscients d'être adhérent dans ce syndicat) ! L'avenir du syndicalisme étudiant doit se poser et tirer les leçons des échecs du syndicalisme "révolutionnaire" (FSE/SUD), "cogestionnaire" (UNEF) et "réformiste" (Cé). Quel doit-être le rôle d'un syndicat pour les étudiants ? doit-il être spécifique aux étudiants ? bref des questions qui ne me regardent plus (puisque plus étudiant) mais qui concernent l'avenir des étudiants. |
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