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Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, a-t-il agressé sexuellement une employée d’un hôtel new-yorkais ? Rien n’est établi avec certitude pour l’heure. Mais à côté de cette affaire, il y a un autre débat à mener: celui sur le socialisme à la DSK. Il a déjà largement prouvé qu’il n’était pas un homme de gauche


Dominique Strauss-Kahn avait déjà violé… les idées du socialisme
« Il a même essayé de me faire croire qu’il était socialiste. » Le dessin de Kroll dans Le Soir de ce lundi mettant en scène la femme de chambre de l’hôtel qui aurait été agressé par DSK est révélateur. Car Strauss-Kahn apparaît comme un dirigeant très loin des idéaux socialistes.

Or Paul Magnette, par exemple, pressenti pour succéder à Di Rupo à la tête du PS, écrivait récemment dans Le bel Avenir du Socialisme, qu’après 30 ans de vague néolibérale, les socialistes étaient de retour suite à la crise financière. Voyez, disait-il, Dominique Strauss-Kahn, qui préside le FMI : ses propositions inspirent « les dirigeants du monde entier »1. Notamment des partis socialistes des pays européens, comme le premier ministre grec Papandréou, président de l’Internationale socialiste, auteur d’un énième plan d’austérité en Grèce. Or un rapide coup d’œil sur sa carrière aurait dû depuis longtemps écarter DSK comme dirigeant de gauche.

Lobbyiste pour les patrons

Fin des années 1970, Dominique Strauss-Kahn fait une thèse de doctorat en économie, inspirée par les travaux de l’économiste néolibéral Gary Becker. Début des années 1980, il travaille avec Denis Kessler, qui deviendra plus tard l’un des grands patrons des sociétés françaises d’assurance (PDG notamment du groupe d’assurance SCOR) et vice-président du MEDEF (la FEB française). Les deux hommes publieront ensemble en 1982 L’épargne et la retraite, qui vante (déjà) les mérites des pensions privées.

« Le plus grand privatiseur »


Entre-temps, DSK commence à militer au Parti socialiste où il se lie d’amitié avec Lionel Jospin, futur premier ministre. En 1991, il est nommé une première fois ministre. En 1994, il entre au « Cercle de l’Industrie » à la demande de Raymond Lévy, alors PDG de Renault. Installé à Bruxelles, ce lobby qu’il dirige a pour mission de défendre les intérêts des grands groupes industriels auprès des instances européennes.

En 1997, il devient ministre de l’Economie et des Finances dans le gouvernement de la « gauche plurielle » de Lionel Jospin. Il incarne, à lui seul, tous les renoncements de la gauche plurielle. Lors de son mandat de ministre des Finances, il mène une politique clairement marquée à droite. Il met en place une vague massive de privatisations d’entreprises publiques – dont celle de France-Telecom, du Crédit Lyonnais, d’Arcelor, de Thomson, du GAN et d’Aérospatiale. A France-Télécom, il remet les clés à Michel Bon qui entraîne le géant des télécoms au bord de la faillite. A Airbus, c’est à Jean-Luc Lagardère (par ailleurs patron de presse) qu’il confie le processus de privatisation. Résultat : les actionnaires se goinfrent et la firme est emportée dans un scandale financier en 20062.

Idem dans le secteur financier : « L’État s’est débarrassé de la dernière banque publique », écrit Libération (11/07/99). Devant cet exploit, DSK se vante : « Le secteur financier public a été remis sur les rails. » Entre-temps, DSK reçoit la médaille d’or du quotidien boursier Les Échos : « le plus grand des privatiseurs » (3/11/99), tandis que Le Monde dresse ce constat : « Lionel Jospin privatise plus qu’Alain Juppé » (7/08/98). Finalement, il doit démissionner alors qu’il est impliqué dans un scandale financier.

En 2005, il redevient Secrétaire national du PS et travaille notamment avec Martine Aubry au projet socialiste pour les élections présidentielles de 2007. Après l’élection de Sarkozy, DSK appelle le PS à s’engager résolument vers une voie plus européenne et plus libérale. Dans l’un de ses ouvrages, il en appelle même le PS à abandonner définitivement la défense du prolétariat pour accéder au pouvoir. À la fin 2007, soutenu par Sarkozy, il est porté à la tête du Fonds Monétaire International (FMI), avec un salaire annuel de plus de 315 000 euros.

FMI : de la Tunisie à la Grèce

Il promet de redonner du crédit à une institution connue pour ses plans ultralibéraux imposés aux pays pauvres. Lors d’un voyage pour le FMI en novembre 2008 en Tunis, il est décoré par le dictateur tunisien Ben Ali au grade de « Grand officier de l’ordre de la République ». Pour DSK, « l’économie tunisienne va bien (…) La politique tunisienne est un bon exemple à suivre ».

Bientôt DSK est celui qui implémente l’action « bénéfique » de ce même FMI auprès des Grecs, Irlandais et Portugais. Il nomme en octobre 2010 l’économiste portugais Antonio Borges à la tête de son département Europe, en dépit du fait que ce dernier était l’un des responsables de la banque d’affaires Goldman Sachs, en partie responsable de la crise financière mondiale de 2008. Mais aussi la principale banque responsable de la hausse de la dette grecque.

En mai 2010, DSK prend position pour la réforme des pensions en France initiée par Sarkozy : « Si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, il va bien falloir que d’une manière ou d’une autre ça s’ajuste. Dans beaucoup de pays, c’est la voie qui est choisie. »3. En automne 2010, alors que les syndicats – soutenus par plus de 70 % des Français – organisent grèves et manifestations, un rapport du FMI préconise « une hausse de deux ans de l’âge légal de la retraite ».

Irak, Iran, Israël


Concernant le Moyen-Orient, après avoir soutenu la guerre américaine contre l’Irak, Dominique Strauss-Kahn est partisan d’une attaque militaire contre l’Iran. En janvier 2011, il prononce le discours d’ouverture de la conférence sur la sécurité d’Israël, aux côtés du général Danny Rothschild et du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Or, sachant tout ça, un accord non officiel – mais bel et bien réel selon tous les observateurs de la vie politique – est conclu fin 2010 avec Martine Aubry et Laurent Fabius pour qu’il reste au final seul candidat à l’investiture socialiste pour la présidentielle de 2012.

La gauche décomplexée contre la montée de l’extrême droite


Au-delà de l’affaire DSK à New York, son style de vie pose question. Il circule en Porsche avec son conseiller en communication Ramzi Khiroun, par ailleurs porte-parole du groupe Lagardère. Il possède un appartement de 240 mètres carrés (estimés à 4 millions d’euros) sur l’une des plus belles places de Paris et d’une autre avec vue sur le bois de Boulogne (2,5 millions d’euros). Il a aussi une maison à Washington et un ryad à Marrakech4. Mais ce style de vie est intimement lié à la politique que DSK a toujours menée depuis des années.

La question n’est pas d’avoir de la retenue dans la critique à exprimer contre la gauche caviar de peur de faire monter l’extrême droite. La gauche décomplexée doit retrouver des couleurs : en contestant réellement le système économique et politique, en vivant parmi le peuple et pas au-dessus du peuple, en luttant à ses côtés et en rompant avec des partis qui acceptent dans ses rangs des personnalités comme DSK.
DSK dans le texte

Voici des extraits de son discours du 19 novembre 2010, prononcé à Francfort devant le « Congrès des Banques européennes »

La réduction du temps de travail est la cause du chômage et vous êtes des fainéants...


« Le niveau de vie de l’Europe a cessé de s’améliorer pour une raison clé : les citoyens ne sont pas à leur potentiel. Dans une certaine mesure, cela reflète un choix conscient social de travailler moins d’heures. Il n’y a rien de problématique ici, après tout, le bonheur ne vient pas du seul revenu. Mais il y a un côté sombre. Le taux de chômage en Europe est chroniquement élevé, et le taux de l’emploi est toujours faible, surtout chez les femmes, les travailleurs âgés et les jeunes. »

Un marché unique du travail comme celui des biens...

« Pour impulser la réforme du marché du travail, il serait bénéfique de lancer au niveau européen une initiative pour un « marché du travail unique », sur le modèle du « marché unique » qui a harmonisé les marchés des biens. La zone euro ne peut pas atteindre son véritable potentiel avec un patchwork ahurissant de marchés du travail segmentés. »

Une autorité européenne budgétaire non élue...


« La solution la plus ambitieuse serait de créer une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendante politiquement que la Banque centrale européenne (BCE). L’autorité fixerait les orientations budgétaires de chaque pays membre et allouerait les ressources provenant du budget central pour mieux atteindre le double objectif de stabilité et de croissance. »

Dans l’un de ses ouvrages, DSK appelle le PS à abandonner la défense du prolétariat pour accéder au pouvoir. À la fin2007, soutenu par Sarkozy, il est porté à la tête du Fonds Monétaire International (FMI), avec un salaire annuel de plus de 315 000 euros.

1. Le Soir, 21/02/09. • 2 Les sept péchés capitaux de Dominique Strauss-Kahn, François Ruffin. • 3. Interview sur France 2 du 20/05/10. • 4. Le Soir, 14/05/11.

David Pestieau
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